Les citoyens du sud algérien ne se contentent plus de protester contre la hausse de la facture de l’électricité, ils n’hésitent pas à interpeller les choix faits par le gouvernement en matière de stratégie énergétique.
Les villes du sud algérien grognent. En cause la lourde facture de l’électricité que doivent payer les ménages à la Sonelgaz. Depuis le relèvement des tarifs de la consommation de l’énergie, induit par la loi de finances 2016, les habitants des villes du sud ne parviennent plus à honorer des factures de plus en plus lourdes à supporter dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat.
Les factures de consommation d’électricité correspondant à la saison d’été culminent jusqu’à 42.000 DA pour certains, selon les comptes rendus de la presse locale. La contestation, encadrée par la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) a pris la forme d’un refus de payer les factures
Mais la contestation ne se contente pas de cette action à laquelle le gouvernement a répondu en mettant en place au niveau du ministère de l’intérieur une « commission restreinte » pour examiner la possibilité de réduire les factures d’électricité pour les populations du sud notamment durant l’été.
Noureddine Bedoui s’est voulu apaisant en soulignant que les préoccupations des populations du sud au sujet des factures d’électricité » a été prise en compte dans le cadre de l’action gouvernementale, et sur instruction du Premier ministre… ». La commission, a-t-il indiqué » présentera des propositions afin de prendre des mesures et des décisions à même de soulager le citoyen ».
Pourtant, à l’instar du souffle citoyen qui a entouré la contestation de l’exploration du gaz de schiste, ce sont les choix, mauvais selon eux, faits par le gouvernement en matière énergétique qu’ils questionnent.
«Le soleil est tous les jours au rendez-vous pour vous rappeler que l’avenir sera pour l’énergie solaire, nous ne voulons pas seulement que la commission de Bedoui prenne les bonnes décisions pour alléger les charges d’électricité des habitants, nous voulons que la transition vers le solaire se fasse maintenant», déclare un manifestant de Ouargla à El Watan.
Message simple et évident : la durée de ensoleillement dans ces régions rend logique le recours à l’électrification par l’énergie solaire, ainsi que le préconisent de nombreux experts algériens à travers des procédés variés, allant du simple au sophistiqué.
Les choses ont peu avancé dans ce domaine même si l’on se souvient que l’ex-ministre de l’Energie Youcef Yousfi était allé jusqu’à promettre un « système de la climatisation solaire » pour les régions du sud pour « économiser le coût de l’énergie électrique ».
Le plan national de développement des énergies renouvelables lancé en 2011 par le gouvernement devait en premier lieu bénéficier à la région du sud. Actualisé en 2015, il prévoit de porter à 37% la production nationale d’électricité issue de l’énergie renouvelable à l’horizon 2030.
Le but est de parvenir à une économie de près de 300 milliards de mètres cubes de gaz, sur la période allant de 2021 à 2030, qui seront orientés vers l’exportation, et rapporteront à l’Etat d’importants revenus supplémentaires.
Le plan prévoit ainsi une production d’ici à 2030 de 22.000 MW d’électricité de source renouvelable, axé essentiellement sur le photovoltaïque et l’éolien, alors que nombreux sont les experts qui prônent le solaire thermique pour l’Algérie.
0,1% de réalisation en 5 ans!
Même placé au rang de priorité nationale par le président Abdelaziz Bouteflika début 2016, ce plan ambitieux peine toujours à démarrer. Depuis son lancement il y a 5 ans, les énergies renouvelables ne représentent qu’une partie infime de la production électrique nationale. Ce plan n’a été réalisé qu’à 0,1%, selon le consultant en transition énergétique Tewfik Hasni.
Actuellement, 400 mégawatts d’électricité ont été produits au niveau national par l’utilisation des énergies renouvelables, selon le PDG de Sonelgaz qui a révélé cette semaine qu’un programme en cours d’élaboration à l’échelle nationale visant la production de 4.000 mégawatts d’électricité à partir des énergies renouvelables sera finalisé début 2017. Soit une petite partie du plan national des énergies renouvelables.
Mais les choses risquent d’être ardues. Estimé à 120 milliards de dollars, ce plan ambitieux pourrait butter sur un problème de financement. Le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa a clairement souligné que le programme se fera travers un partenariat international. « Si on veut le renouvelable, il faut aller chercher les ressources de l’extérieur » a-t-il déclaré