Nous publions cette pétition qui condamne les violences policières en Kabylie et dénonce le verrouillage du champ politique et médiatique en Algérie.
Le 20 avril 2014, des marches pacifiques organisées en Kabylie, par plusieurs associations pour la commémoration du 34ème anniversaire du printemps berbère ont été réprimées dans le sang par les services de sécurité. Si dans certaines régions les manifestations, à l’instar des années précédentes, ont été tolérées, à Tizi-Ouzou cette commémoration a fini par mal tourner après que les forces de sécurité ont tenté d’empêcher la marche.
Les agents de sécurité ont poursuivit et interpellé sauvagement des étudiants dans l’enceinte de l’Université « Mouloud Mammeri » de Tizi-Ouzou, Lieu symbolique du mouvement berbère. Le soir même plusieurs arrestations musclées ont eu lieu après le bouclage de certains quartiers de la ville.
Les vidéos qui circulent sur le net montrent l’extrême violence avec laquelle les agents des forces de l’ordre en uniforme et en civil, présents en très grand nombre, se sont acharnés sur des manifestants pacifiques pour certains blessés ou menottés. Cette répression disproportionnée et scandaleuse est inadmissible ! Nous la condamnons.
Cette année, les marches commémoratives du printemps berbère interviennent dans un contexte particulier : une mascarade électorale fortement contestée par la population, marquée par un fort taux d’abstention, et par le refus du peuple algérien de cautionner un régime corrompu dont le seul but est la dilapidation des richesses nationales.
Malgré la levée de l’état d’urgence en 2012, certaines dispositions des lois d’exception, sous couvert de préserver l’ordre public, sont toujours en vigueur. Ainsi, toute manifestation pacifique à Alger est interdite. Dans les faits, cette interdiction est vigueur sur tout le territoire national et vise à faire taire toute contestation légitime et museler encore plus la société civile
Notre pays, l’Algérie, ne peut pas se construire contre la volonté populaire qui aspire à plus de liberté et de justice. Cette aspiration à un état démocratique garant de la pluralité des opinions et des droits fondamentaux de chacun ne peut voir le jour sans la convergence de toutes les forces vives de la nation.
Nous, citoyennes et citoyens d’Algérie, exigeons :
– La libération immédiate de toutes les personnes interpellées et l’arrêt des poursuites judiciaires;
– L’Identification des responsables de cette répression et leurs déferrements devant la justice;
– L’abrogation pure et simple du décret de 2011 ainsi que les lois d’exception interdisant[1] les manifestations pacifiques et entravant la liberté d’association ;
– La garantie de la liberté de la presse et l’accès de tous aux médias télévisuels ;
– L’arrêt du harcèlement judiciaire envers les militants pacifiques, les syndicats autonomes, les défenseurs des droits Humains et les journalistes ;
– La satisfaction des revendications du mouvement berbère : l’officialisation de la langue amazighe en particulier.
Nous, citoyennes et citoyens d’Algérie n’attendons rien de ce pouvoir car il n’a jamais respecté les conventions internationales qu’il a ratifiées. Nous comptons sur les seuls Algériennes et Algériens capables de fédérer et d’arracher des libertés fondamentales. Seule la convergence de toutes les forces vives de la nation pourra créer un Etat de droit en Algérie et constituer une alternative démocratique à ce régime corrompu et à bout de souffle.
Nous demandons aux citoyennes et citoyens du monde entier de se solidariser avec le peuple algérien et de se démarquer clairement de leurs gouvernants qui soutiennent ce régime autoritaire.
Le 22 avril 2014
Pour signer la pétition, cliquer ici.
Premiers signataires :
Nesroulah YOUS (militant pour les droits humains), Halim DERBAL (éducateur spécialisé – militant associatif), Malika BENARAB-ATTOU (membre de la délégation Maghreb au Parlement européen), Nedjma BENAZIZA (militante), Djamaledine BENCHENOUF (journaliste), Yassine TEMLALI (journaliste), Sofiane CHOUITER (avocat), Hocine REDJALA (réalisateur), Abdou BENDJOUDI (étudiant- militant), Ouheb HAMIDI (militant), Feriel YOUS (militante), Samir BELATECHE (fonctionnaire), Yacine ZAID (syndicaliste), Youssef ZIREM (journaliste – écrivain), CHOUICHA Kaddour (enseignant – syndicaliste), Mohamed SMAIN (militant des droits de l’Homme), Kamel TOUMADJ (juriste), Mehdi DJAOUD (comédien), Mourad OUCHICHI (enseignant – Université de Béjaïa), Mohamed KRIT (militant des droits humains), Aïcha MOUMENE (militante), Boussad BOUAICH (militant pour les droits Humains), Rabah HAHAD (militant).