L’ancien président et fondateur du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a appelé mardi, à une période de transition, dans le modèle tunisien, pour une «remise en ordre» qui sera couronnée par des élections présidentielles et l’élection d’un nouveau Parlement.
L’élection du 17 avril 2014 est jouée d’avance, «mais il faut peser politiquement pour discréditer ce scrutin de sorte à laisser l’actuel président candidat à sa propre succession se concurrencer à lui-même », a affirmé ce mardi l’ex-président du RCD au forum de Liberté. Fondateur et président du RCD pendant 23 ans, Saïd Sadi a été à deux reprises candidat à l’élection présidentielle (1995, 1999). Il a décidé, en mars 2012, de se retirer de la présidence de son parti au nom de l’alternance. «Il fallait démontrer que d’autres acteurs, plus jeunes (…) existent et qu’ils peuvent assumer des charges confisquées par les générations qui les ont précédés», a déclaré M. Sadi au tout début de son intervention.
Transition toute faite pour ce psychiatre de formation, pour évoquer le rôle primordial que cette génération aura à jouer dans la solution à la crise politique que vit la nation à la veille d’une élection sur laquelle beaucoup d’encre coule encore. Et à propos de quatrième mandat, Saïd Sadi déclare justement : «On entend aujourd’hui une multitude de voix s’élever contre le quatrième mandat auquel postule l’actuel chef de l’Etat ; tous le trouvent humiliant, inadmissible et dangereux. Aucune de ces voix ne s’était élevée le jour où l’organe (allusion au DRS – NDLR) qui leur ordonne aujourd’hui, de s’indigner de cette candidature, avait fait violer la constitution pour rendre possible ce qu’on leur enjoint de décrier sans discernement aujourd’hui». Et de préciser : «cela ne me gêne pas que M. Bouteflika se présente. Dès lors qu’il fallait limiter les mandats, il ne fallait pas violer la Constitution. Dire que quelqu’un n’a pas le droit de se présenter aux élections pourrait jouer en défaveur des futurs générations de candidats».
Ouvertures forcées
Said Sadi réfute l’idée que le moment est mal choisi pour entamer une démarche de rénovation politique dans le pays arguant de sa fragilité. « A-t-on vu une fois des dirigeants algériens issus du système initier une ouverture sans qu’ils y soient contraints et forcés ? », s’interroge l’invité de Liberté. Et de rappeler que le printemps amazigh de 1980 «avait été diabolisé» et la tragédie d’octobre 88 «manipulée». Au lieu d’ouvrir loyalement le champ politique, Sadi affirme que le système a louvoyé et perverti les attentes des algériens. « Par exemple, 15 personnes dotées de 2 millions de dinars pouvaient créer un parti. Pollué par de telles manœuvres, le pluralisme était miné dès le départ », a-t-il souligné.
Pour Saïd Sadi, c’est le même centre de pouvoir «qui a sommé les parlementaires de ne s’absenter sous aucun prétexte pour voter la levée de la limitation des mandats (révision constitutionnelle de 2008, Ndlr), qui orchestre aujourd’hui l’hystérie de la condamnation de la présidence à vie». Avant d’enchainer : « J’ai le souvenir que seuls les parlementaires du RCD salués, il est vrai, par de très rares observateurs, avaient voté contre ce qui, mécaniquement, menait à la situation présente».
Partisans et opposants au 4e mandat, dos à dos
Dans son allocution, Sadi n’a ménagé ni les partisans du 4e mandat de M. Bouteflika, ni encore ceux qui s’y opposent. Et concernant ces derniers, Sadi ne mâche pas ses mots : « Comme tous les citoyens, j’ai entendu celles et ceux qui se préparent à la prochaine échéance électorale. Tous exigent le rejet du quatrième mandat, rares sont ceux qui assument la proposition d’une commission indépendante de surveillance des élections. Quelle différence peut-on établir entre celui qui est en poste et dit ‘’je ne céderais pas ma place’’ et celui qui affirme, je cite ‘’je serai candidat quelles que soient les conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin ? En clair, cela veut dire : cette fois, j’ai moi aussi de bonnes raisons de croire que le bourrage des urnes me sera favorable’’ », a-t-il dit.
Même s’il défend «le droit de chaque citoyen algérien à s’exprimer», Sadi n’a pas ménagé Hamrouche. Il ne le dissocie pas moins du locataire d’El Mouradia. « Quelle différence peut-on établir entre un homme du système (Bouteflika, Ndlr) qui entend prolonger son bail en privatisant l’Etat et celui qui déclare qu’il ne concourra pas si le système présente son candidat (en référence à Hamrouche) ?», s’interroge encore l’ex-président du RCD.
Il n’existe pas de conflit Présidence-DRS
Concernant le conflit Présidence-DRS, Sadi dit ne pas y croire. Et défend le droit de Saadani, le SG du FLN par qui la polémique est venue, même s’il affirme qu’il ne partage pas ses idées, de demander des comptes à une structure qui dépend d’une institution qu’est le Ministère de Défense nationale. «Personne ne demande la divulgation de la liste des agents et des antennes du DRS. Tout citoyen est en droit et en devoir d’exiger que ce service soit sous contrôle d’un pouvoir légitime et qu’il ne décide pas des quotas à distribuer dans chaque élection, ne s’immisce pas dans les affaires de partis, ne soumette pas la presse, ne s’occupe pas de la composition du gouvernement et encore moins du choix du chef de l’Etat…», a-t-il déclaré.