Alstom dévoile la première rame d'un TGV marocain qui fait polémique - Maghreb Emergent

Alstom dévoile la première rame d’un TGV marocain qui fait polémique

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Une vidéo amateur fait le buzz sur les réseaux sociaux au Maroc. Il s’agit des premières images de la première rame du TGV marocain construit par le groupe Alstom, et qui ne fait toujours pas l’unanimité au sein de la population.

 

La société marocaine des chemins de fer, l’ONCF, devrait recevoir très prochainement les premières rames pour une mise en service prévue en 2015. Au total, le Maroc a commandé 13 rames au groupe Alstom. Chaque rame offre une capacité allant de 533 à plus de 1000 places assises pour un TGV en unités multiples.
C’est l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui avait lancé les travaux à Tanger en septembre 2011, en posant la première traverse des 350 km de la ligne à grande vitesse devant relier Tanger à Casablanca, en passant par Rabat. Avec une vitesse de 320 km/h sur 200 km, le gain de temps sera considérable. Le temps de parcours entre les deux pôles économiques du pays, Tanger et Casablanca, sera de 2h10 au lieu des 4h45 actuelles et 1h20 au lieu de 3h45 pour relier Tanger à Rabat.
Le seul dans le monde arabe
Prévu pour 2015, le TGV marocain sera le premier dans le monde arabe. Un contrat a été signé avec la société Alstom pour un montant de 400 millions d’euro. Le gouvernement marocain a prévu un investissement de 33 milliards de dirhams (environ 3 milliards d’euros) pour développer ce projet. Neuf cent vingt millions d’euros seront débloqués par la France sous forme de prêt. Le reste du financement sera couvert par des pays “amis”, tels que l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ou encore le Koweit. Pour sa participation au financement du projet de train à grande vitesse, le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA) a, en effet, octroyé un prêt de 712 millions de dirhams (71 millions d’euro) au royaume chérifien.

Une forte opposition au projet

Bien que ce projet réjouisse les plus hautes autorités marocaines, celui-ci ne fait pas l’unanimité au sein de la population. Pour beaucoup, le Maroc a autre chose à faire que de déployer son énergie et son argent dans la construction d’un TGV, dont l’utilité est remise en cause. L’homme d’affaires Karim Tari estime qu’« il n’est pas du tout prouvé que le Maroc ait besoin d’un tel projet. D’autant plus que son prix a été surenchéri ». L’économiste Fouad Abdelmouni se dit « indigné » et a précisé que « ce TGV est un scandale dans les conditions actuelles au Maroc. ».
Les chantiers auxquels le Maroc doit réellement s’attaquer avant de s’occuper du TGV sont, selon une partie de l’opinion publique marocaine, l’analphabétisme, qui touche un tiers de la population, le pouvoir d’achat jugé trop faible, le chômage ou encore la pauvreté. Pour les détracteurs du projet, la majorité de la population ne pourra pas s’offrir un billet de TGV, même subventionné.
A l’époque, un collectif d’associations s’était mobilisé de manière originale. Un site Internet dénommé « Stoptgv.com » avait énuméré tout ce que le gouvernement pourrait faire avec l’argent du TGV. Un inventaire à la Prévert : 5 000 écoles ou 3 000 lycées en zone urbaine, 25 000 écoles en zone rurale, 100 grandes écoles d’ingénieurs, 25 centres universitaires hospitaliers, 16 000 centres socioculturels, 10 000 médiathèques, etc. « Et la liste pourrait être facilement enrichie », estime le collectif.
Dans ses actions, le collectif « Stop TGV » rappelle que des pays développés tels que l’Espagne, le Portugal ou encore l’Argentine ont « reconsidéré leurs projets de TGV ».
Mais en dépit de la campagne anti-TGV menée en force par les opposants à ce projet, le gouvernement marocain n’a pas reculé. Les opposants semblent même être réduits au silence.

 

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