A 88 ans, Beji Caïd Essebsi, est devenu officiellement mercredi le premier président élu démocratiquement de Tunisie, après sa prestation de serment. Les grands chantiers qui l’attendent sont, notamment, la consolidation des droits humains, des libertés, la lutte antiterroriste et la relance de la machine économique.
« Je jure par Dieu Tout-Puissant de préserver l’indépendance de la Tunisie et son intégrité territoriale, de respecter sa Constitution et sa législation, de veiller sur ses intérêts et de lui être loyal ». »En tant que chef de l’Etat, je m’engage à être le président de tous les Tunisiens et Tunisiennes, je serai le garant de l’unité nationale ». Se voulant rassembleur lors de sa prestation de serment, le nouveau président de la Tunisie a expliqué que pour lui, »il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie sans consensus entre les partis politiques et les composantes de la société civile », et, surtout, qu’il n’ya pas »d’avenir pour la Tunisie sans la réconciliation nationale ». Caïd Essebsi, qui traîne la casserole d’avoir servi les deux régimes de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali, est ainsi devenu le premier président de Tunisie à être élu au terme d’un processus électoral, qualifié de démocratique par les observateurs. Pour autant, il devra rapidement convaincre le camp de ses opposants, qui lui reprochent justement son appartenance au moins au régime honni de Ben Ali, emporté par la révolution de Jasmin en 2011, qui a ensuite soufflé au printemps 2012 dans les pays arabes. Mieux, il devra effacer les doutes sur certains des cadres de son parti, Nida Tounes, qu’il a formé pour lutter contre les islamistes, car ayant appartenus au RCD, le parti de Ben Ali. Mais, il balaie d’un revers de main ces critiques, lancées aux premiers jours de sa victoire à la présidentielle, lors de sa prestation de serment, en appelant toutes les tendances tunisiennes à »la réconciliation nationale ».
Former un gouvernement d’union nationale
Mais, sitôt éteints les lampions de l’euphorie de la victoire, il devra dans les premières semaines de janvier former un gouvernement. Cette tâche sera dévolue à son parti, qui devra désigner un gouvernement dont le Premier ministre sera à même d’obtenir un vote majoritaire au parlement, puisque Nida Tounes n’a pas eu la majorité aux législatives d’octobre dernier, avec 86 sièges sur 217. Une coalition avec le parti islamiste d’Ennahda, second parti au parlement (69 sièges) n’est pas à écarter. Et puis, le tout nouveau président Tunisien est attendu sur le terrain social et économique. Non seulement il doit trouver des réponses rapides au chômage, et à la misère sociale, mais également à relancer l’économie et attirer de nouveau les investisseurs. »Il est de notre devoir de remédier aux problèmes socio-économiques, de réaliser les promesses de la révolution: dignité, emploi, santé, et équilibre entre les régions », a-t-il par ailleurs affirmé durant sa prestation de serment. Deux autres chantiers attendent également le président Tunisien: intensifier la lutte antiterroriste et, surtout, consolider les droits humains et le respect des libertés en Tunisie.