A la veille du 1er mai, le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane a décidé des hausses salariales qui déplaisent aussi bien au patronat qu’aux syndicats.
A la veille du 1er Mai, l’ultime rencontre des partenaires sociaux (gouvernement-Patronat-Syndicats) a débouché sur une hausse de 10% du SMIG et du SMAG (salaire minimum agricole garanti) de 10% en deux tranches, entre juillet 2014 et juillet 2015. Dans le secteur public, le salaire minimum de 3.000 dirhams concernera quelque 70.000 fonctionnaires. La décision de Benkirane, qui voulait, selon des syndicalistes, »acheter une paix sociale » à la veille de la célébration du 1er Mai, n’a pas recueilli les faveurs ni du Patronat ; ni des trois syndicats qui bataillaient pour une meilleure prise en charge des conditions de vie des travailleurs. Car les 10% de hausse du SMIG et du SMAG sont divisés en deux tranches : 5% à partir du 1er juillet prochain et 5% dans une année, à la même date. »C’est une décision politique et je l’assume », a déclaré Benkirane lors de la réunion sanctionnant la fin du dialogue social tenue en présence des représentants des Syndicats de la FDT, la CDT et l’UMT, et de Miriam Bensalah Chaqroun président de la CGEM, le patronat marocain.
La patronne des patrons en colère
A l’issue de cette rencontre où a été décidé le relèvement de 10% du salaire des travailleurs du secteur public et privé, la »Patronne » des patrons marocains était furieuse. Pour la présidente de la Confédération générale des entrepreneurs marocains, il est impossible d’atteindre l’objectif de création dans les prochaines années de 500.000 emplois et d’augmenter en même temps le Smig. Le Patronat dénonce une mesure qui ne prend pas, selon lui, en considération la hausse des charges des entreprises. La revalorisation des salaires touchera en premier lieu le secteur de l’industrie textile, mal en point depuis la crise en Europe et le départ de plusieurs donneurs d’ordre de la plateforme marocaine. Les syndicats également ne sont pas très satisfaits des décisions de ce dialogue social »bâclé » par le gouvernement selon des syndicalistes. Car hormis la hausse des salaires en deux tranches, le reste des revendications syndicales, comme le droit de grève notamment, ont été »zappées ». Le gouvernement a seulement promis de revoir ces questions lors d’un sommet social après le 1er Mai. Les trois syndicats (UMT, la CDT et la FDT) maintiennent la pression sur le gouvernement pour qu’il mette en œuvre les engagements pris. Il s’agit notamment de l’accord du 26 avril 2011 avec ses volets sur l’augmentation des salaires et des pensions, la réforme du système de retraite et le respect des libertés syndicales et du droit de grève. Le 6 avril dernier, une imposante marche des travailleurs mobilisés par ces trois organisations syndicales ainsi que des ONG marocaines, avait été organisée à Casablanca, capitale économique du royaume.