Pour gagner sa guerre contre Apple et Google, ses principaux concurrents, Microsoft opte pour le « cloud first and mobile first ».
Depuis quelques années le géant du logiciel Microsoft s’est lancé dans une lutte stratégique pour garder son leadership IT dans un milieu technologique mondial marqué essentiellement par une mutation sans précédent causée par la forte pénétration du numérique dans l’informatique personnel. Les adversaires de la firme de Redmond sont nombreux, mais Apple et Google sont considérés, à juste titre, comme les principaux concurrents de Microsoft dans l’industrie IT. L’origine de ce combat de titans se situe déjà à la fin des années 70 lorsque Apple a cassé le monopole que détenait Microsoft avec Windows. A cette époque, au moment où Apple luttait pour commercialiser son ordinateur Macintosh, symbole d’une rivalité légendaire entre Steve Jobs et Bill Gates, Microsoft détenait 95% du marché mondial de l’informatique lequel était dominé principalement par le développement et la vente de systèmes d’exploitation et de logiciels. Aujourd’hui, Microsoft qui a sous estimé l’impact du mariage du couple « Télécommunication-Informatique », sur la société du numérique, perd la bataille de l’informatique connecté et tombe dans le piège d’Apple qui a eu la bonne idée de changer la guerre des produits IT en lançant l’iPod, puis l’iPhone, l’iPad puis l’iWatch. Aujourd’hui, Apple est la société la plus valorisée au monde… et Microsoft essaie de survivre à cette mutation.
Dans cette tourmente technologique, un acteur de l’économie numérique est venu menacer « les affaires » de Microsoft en créant son moteur de recherche, actuellement le plus utilisé au monde, et en créant des applications mondialement connues comme Google Earth, Google Map et Youtube. Mieux, Google a créé sons propre système d’exploitation mobile, Android, qui a réussi une percée fabuleuse, là où peu de monde l’imaginait. Selon le cabinet Gartner, sur le 3ème trimestre 2013, Android était effectivement installé sur plus de 82 % des terminaux mobiles. En revanche, l’OS mobile de la firme de Redmond peine à décoller en restant sous la barre des 4%. C’est un échec pour cette compagnie qui est allée acquérir Nokia pour tenter de se rattraper sur ce segment, mais demeure aujourd’hui classée loin derrière ses deux rivaux, Google et Apple.
Un nouveau PDG pour de nouvelles idées
Cette situation a poussé Microsoft à opter pour un nouveau CEO. Il s’agit de Satya Nadella, le patron Cloud et Entreprise de la compagnie. La raison principale de ce choix est limpide, et non dénué de logique. Le troisième CEO de Microsoft, après Bill Gates et Steve Balmer, est l’artisan de la réussite de la mutation du groupe américain du monde du PC vers celui du Cloud et des Services hébergés. Ce coup de « jeunesse », fait que de nombreux vétérans de Microsoft n’ont plus leur place dans la nouvelle feuille de route de Satya. Présent depuis près de 25 ans chez Microsoft, Antoine Leblond, Senior Vice President de l’activité Windows Web Services, quitte la compagnie. Ce départ marque la fin d’une époque pour la suite Office qui a pris un nouveau départ depuis son lancement dans le cloud avec Office 365 et sa disponibilité sur mobile. Aussi, Steve Ballmer annonce quitter le conseil d’administration du groupe. Il était entré chez Microsoft, il y a 34 ans. De nouveaux changements interviennent également au conseil de direction de Microsoft qui va accueillir des dirigeants de Visa Inc et Kraft Foods. Le nouveau patron de Microsoft veut acquérir des soutiens pour appuyer sa politique du changement. Il veut rendre son groupe un acteur incontournable des plateformes et de la productivité dans un monde orienté cloud et mobile. Il prend alors ses distances avec la bataille des terminaux (« devices and services ») dans laquelle s’est engagé, sans réussir, son prédécesseur Steve Ballmer pendant plus de 6 ans.
Le cloud comme stratégie
En clair, le nouveau CEO de Microsoft veut orienter l’enjeu de la mobilité beaucoup plus vers l’utilisateur que le terminal. Ce choix est dicté par la montée en puissance des objets connectés qui pourraient accélérer la banalisation des terminaux, et l’arrivée d’un monde où l’informatique sera partout, mettant ainsi l’usager au centre. Ce revirement spectaculaire ne sera pas une tâche facile dans la mesure où la firme de Redmond devra changer sa politique d’emplois et la diriger vers d’autres domaines. D’ailleurs, le groupe vient de fermer les portes de son laboratoire de recherche de la Silicon Valley et surtout d’annoncer qu’il allait supprimer près de 18.000 emplois, soit 14% de ses effectifs d’ici l’an prochain, dans le cadre d’un vaste effort de rationalisation de l’entreprise suite à l’acquisition de la branche téléphonie de Nokia. Au 5 juin dernier, Microsoft comptait 127.104 employés, dont 61.313 aux États-Unis, selon son site web. Sur ce total, 12.500 licenciements affecteront directement les personnels de Nokia, soit la moitié des 25.000 personnes intégrées depuis le rachat de l’entreprise finlandaise en avril dernier. Pour le patron de Microsoft, ces suppressions d’emplois seraient axées sur la simplification du travail, en éliminant des couches de gestion afin de changer en profondeur les disciplines impliquées dans les activités d’ingénierie. Ces changements visent à accélérer le flux d’informations et les prises de décisions. En clair, Microsoft prépare sa sortie du marché des smartphones vers celui des services cloud.