Le ministère du Commerce intérieur vient d’annoncer la relance en 2025 de la Société de réalisation et de gestion des marchés de gros (MAGROS), une initiative qui suscite autant d’espoir que de scepticisme. Cette société, qui gère actuellement neuf marchés régionaux de fruits et légumes, doit faire l’objet d’une modernisation ambitieuse, selon le ministre Tayeb Zitouni.
Au cœur du projet se trouve une volonté de reprise en main de la distribution des produits agroalimentaires, dans un contexte où les marchés informels et la volatilité des prix restent des défis majeurs. Le plan prévoit une modernisation des infrastructures existantes et un développement des activités, avec pour objectif affiché une meilleure régulation des prix sur le marché national.
Cependant, l’histoire récente invite à la prudence. Les tentatives de régulation des marchés de gros en Algérie, ont souvent buté sur des obstacles structurels persistants. Les réformes économiques des années 1990, censées libéraliser les prix et dynamiser le secteur privé, n’ont pas produit les résultats escomptés, créant parfois même des déséquilibres supplémentaires.
Le succès de cette nouvelle initiative dépendra de plusieurs facteurs critiques. D’abord, la capacité à intégrer le secteur informel, particulièrement résistant en Algérie. Ensuite, l’efficacité de la nouvelle réglementation en préparation, notamment la loi sur l’approvisionnement et la régulation du marché. Enfin, la réussite de la modernisation technique et logistique des infrastructures existantes.
La stabilisation des prix, objectif central de cette relance, reste tributaire de facteurs que MAGROS ne pourra pas totalement maîtriser : conditions climatiques, coûts de production, variations de la demande et dynamiques du commerce international. Sans une approche systémique prenant en compte ces paramètres, le risque est grand de voir cette énième tentative de régulation se heurter aux mêmes écueils que les précédentes.
Le pari de MAGROS 2025 apparaît donc comme ambitieux, mais périlleux. Son succès dépendra largement de la capacité de l’État à surmonter les résistances historiques du marché et à mettre en œuvre une réforme véritablement structurelle, au-delà des simples annonces d’intention.