Alors que le ministre des finances continue de pronostiquer un « léger excédent » à la fin de l’année, le Gouverneur de la Banque d’Algérie a annoncé, il y a quelques jours devant les députés, que le déficit de la balance des paiements courants s’est encore aggravé pour les 9 premiers mois de l’année 2013. Alors, déficit ou pas déficit en 2013 ?
On savait depuis quelques mois, via M. Laksaci, que la Balance des paiements de notre pays était « en état de choc ». Le gouverneur de la Banque d’Algérie vient de confirmer que notre situation financière ne s’améliore pas. Malgré un prix du pétrole qui est resté élevé – à près de 109 dollars en moyenne au cours des 9 premiers mois de l’année.
La principale nouveauté dans les interventions récentes du gouverneur de la Banque d’Algérie, qui ne s’est pas montré avare de déclarations au cours des derniers jours de l’année, aura surtout été la révélation des résultats encore inédits de la balance des paiements à fin septembre, et qui confirment la détérioration de nos équilibres financiers extérieurs. D’après M.Laksaci, le déficit de la balance des paiements courants s’est encore aggravé et atteint désormais 1,7 milliards de dollars. Sur la base de ces résultats, on peut désormais extrapoler sans grand risques d’erreurs, les performances prévisibles de nos paiements extérieurs en 2013. Des exportations en baisse sensible et qui ne devraient pas dépasser 66 ou 67 milliards de dollars. Des importations en forte hausse, sans doute proches de 56 à 57 milliards de dollars, et un excédent commercial de l’ordre de 10 milliards de dollars, réduit de moitié par rapport à 2012.
Compte tenu de nos importations de services, « stabilisées » selon M.Laksaci, et des transferts de capitaux élevés réalisés essentiellement par les associés de Sonatrach, les excédents financiers quelquefois considérables réalisés par l’Algérie au cours des dernières années pourraient laisser la place, dès 2014, à un déficit de la balance des paiements courants, que la plupart des experts estiment déjà à environ 2 milliards de dollars.
Djoudi espère toujours un « léger excédent »
Ce n’est cependant pas encore l’avis du ministre des finances, Karim Djoudi, qui continue de compter sur un « léger excédent » à la fin de l’année. Un point de vue qui a reçu un renfort de poids, celui de la délégation du FMI présente à Alger en novembre dernier qui, tout en relevant pour la première fois depuis de nombreuses années que « la position financière extérieure de l’Algérie a commencé à donner des signes d’affaiblissement », a continué de pronostiquer un « excédent des transactions courantes qui devrait s’élever à 1,1% du PIB en raison de la diminution des exportations d’hydrocarbures et du dynamisme des importations». Les espoirs du ministre des finances peuvent également être alimentés pas les résultats du commerce extérieur d’octobre et novembre, qui semblent marquer un tassement des importations et annoncent peut être un dernier trimestre 2013 moins mauvais que prévu. Le suspense continuera donc sur ce sujet sensible jusqu’à l’annonce définitive des résultats de la balance des paiements, qui ne pourra intervenir dans le meilleur des cas, qu’en mars prochain, soit juste à la veille des prochaines élections présidentielles.
Vers le retour de la rigueur financière
Un timing qui pourrait ne pas être sans conséquences sur les orientations à venir da la politique économique du pays. La prise de conscience, par le gouvernement algérien, de la fragilité de nos équilibres financiers extérieurs est toute récente. Elle a certainement été stimulée par les avertissements à répétition délivrés par la Banque d’Algérie depuis près de 18 mois. Elle devrait être, dans l’avenir, à l’origine d’un virage économique important marqué par le retour à une plus grande rigueur financière. Le gouverneur de la Banque d’Algérie n’est en effet pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Une série de déclarations récentes du ministre des finances, M. karim Djoudi, semblent indiquer que le gouvernement algérien tente de préparer le terrain pour un retour à plus de rigueur dans la gestion des ressources financières du pays. Des décisions ont déjà été prises pour plafonner les marges des banques sur les opérations du commerce extérieur. Elles s’ajoutent à l’annulation de l’éphémère projet d’augmentation de l’allocation touristique que Mohamed Laksaci vient encore de confirmer en réponse à une question des députés. Des mesures dont la portée reste pour l’instant symbolique. Le prochain exécutif, quel qu’il soit, ne pourra sans doute pas faire l’économie d’un retour à une politique d’endiguement tout azimuts des importations.