Le Président de la République aux membres du gouvernement : « vous devez dire la vérité à la population algérienne, tant sur la situation financière difficile que traverse le pays que sur les nombreuses réalisations et apporter des solutions concrètes, face au défis futurs » et le Premier Ministre: «vous êtes sourds, muets et aveugles. Vous devez, en tant que responsables au niveau des instituions, communiquer les informations et éviter la rétention afin d’échapper aux rumeurs».
1.– On observe aujourd’hui une métamorphose complète du paysage médiatique mondial qui est due principalement à la combinaison dynamique de deux facteurs : l’essor exceptionnel du capitalisme financier et la ‘‘révolution numérique’’ qui a donné aux technologies de l’information et de la communication un essor non moins exceptionnel. Dans ce cadre, touchant la sécurité, l’intégration des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel a donné naissance à la Société de l’information qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des États et des organisations internationales. Cet intérêt s’est trouvé accru depuis une décennie en raison des retombées socio-économiques et culturelles des nouvelles technologies de l’information de la communication (NTIC) : la « fracture numérique » transcende en effet les clivages géographiques et traverse de part en part toutes les sociétés humaines. Comme le note un rapport volumineux pour le gouvernement français élaboré sous la direction de Nicolas Curien et Alain Muet en référence sur la nouvelle économie, les changements organisationnels qu’entraîne la diffusion des technologies de l’information se portent en réalité vers tous les secteurs de l’ancienne économie», et ce sont ces changements qui induisent une nouvelle révolution industrielle. Comme les précédentes, celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs facteurs et se manifeste sous plusieurs dimensions, notamment : l’avènement de « l’entreprise-réseau », l’autonomisation du travail, le rôle moteur des marchés financiers dans la dynamique industrielle et les processus d’innovation, la transformation profonde de la gestion des savoirs et la montée en puissance d’une économie de la connaissance. Les TIC influencent la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique. Cela touche les changements dans l’organisation du travail, du rôle des marchés financiers avec une profonde modification des modes de financement des entreprises qui a conduit, en l’espace de quelques années, d’une économie de l’intermédiation financière dominée par le crédit à une économie de marchés financiers. Comme le note Eric Cohen dans son commentaire de cette importante étude « sous l’effet de la montée en puissance de l’information, de nombreux biens économiques deviennent des biens complexes (« paquets » intégrant des prestations à façon), des biens d’expérience (dont l’utilité est difficile à apprécier à l’avance), ou des biens paramétrables (modulables selon le profil du consommateur). La prise de conscience des enjeux de la société de l’information a conduit la plupart des gouvernements à mettre en œuvre des programmes d’action portant sur le développement des infrastructures, l’administration électronique, la formation et l’éducation, la lutte contre la fracture numérique ». L’Internet s’est internationalisé très rapidement. En quelques années, il s’est imposé à tous les États, qui se sont parfois trouvés aussi démunis face à son développement qu’ils l’ont été face à la mondialisation des échanges économiques et financiers. Il est difficile de contraindre ou d’interdire sur Internet et la réglementation publique traditionnelle, déjà délicate à mettre en œuvre dans l’espace international, semble encore plus malaisée pour un réseau sans frontière, en continuelle expansion, où interagissent de multiples acteurs. Ainsi, les mutations que connaît l’économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l’information et de la communication. Ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l’État. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique…) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l’analyse de la valeur des produits et services, que l’on effectuera davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance.
2.. -Le Premier ministre algérien, avait reconnu le 09 juin 2013 la défaillance de la communication institutionnelle et par là de la grave crise de confiance entre l’Etat et les citoyens, si l’on veut s’attaquer à la racine mal, il s’agit de bien le diagnostiquer. Quelles sont les raisons objectives devant éviter de culpabiliser la presse tant étrangère qu’algérienne. Or, il semble bien que certains membres du gouvernement n’aient pas tenu compte (ou ont fait semblant) de la transformation du monde qui est devenu une grande maison de verre, où l’information n’est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même, cela étant un mépris pour le peuple algérien considéré comme mineur, alors que c’est un peuple merveilleux conscient, capable de sacrifices, souhaitant qu’on lui dise la vérité, rien que la vérité. Or, les trois chaines de télévision publiques vivent encore à l’ère du parti unique et sont des copies conformes avec un gaspillage d’argent, des débats lassants animés soit par les responsables politiques et économiques proches du pouvoir soit par des intellectuels organiques (aux ordres) selon l’expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci mais sans aucun impact ni au niveau interne ni au niveau international. Cela explique que la majorité des Algériens, se détournent de plus en plus des versions officielles étant désormais parabolés vivant au temps réel, et tout décalage avec des mises au point sans effets. A cela s’ajoute, les enrichissements sans efforts d’une minorité rentière, les scandales financiers à répétition qui fait que les Algériens doutent d’une justice indépendante, accroissant cette méfiance vis-à vis des officiels. Il s’agit non pas de s’émouvoir mais d’analyser le fonctionnement de la société pour déterminer les causes de la désinformation. Le regretté Claude Levy-Strauss un des plus grands anthropologues définit d’ailleurs la société comme un ensemble d’individus et de groupes qui communiquent entre eux. Les groupes organisés- ceux qui poursuivent la réalisation de but définis- ne peuvent fonctionner efficacement que si les informations internes et externes circulent convenablement, notamment aux points de concentration des informations, là ou se prennent les décisions. Le fondement de la société, la constitution de la civilisation repose sur une bonne communication de tout pouvoir. Une communication qui vise à informer à faire connaître et à faire comprendre. Une communication qui vise à constituer d’une part une interrelation entre les différentes structures de l’Etat et d’autre part entre l’administration et les différentes couches de la société. Car une mauvaise communication des appareils d’Etat ne peut que conduire au manque de crédibilité de la communication des pouvoirs public ce qui accentue la fracture politique/citoyens et donc le divorce État/citoyens. Qu’en est-il pour l’Algérie ? Certaines politiques manipulent l’information et apprennent les dysfonctionnements de leur secteur par la presse nationale. Ils crient alors à la désinformation. Et lors que c’est la presse étrangère ou les organismes internationaux qui les désavouent, ils brandissent l’étendard de la manipulation extérieure, oubliant que le mal profond est local. La transparence dans l’information pour lutter contre la désinformation, et au temps réel, nous sommes à l’ère d’internet, doit traduire une volonté politique de démocratisation. Or on constate malheureusement que plusieurs ministères et institutions locales se télescopent, cela rend l’information opaque pour des raisons de stratégies individualisées d’où l’importance d’une plus grande rigueur budgétaire permettant d’atténuer l’austérité et d’une réorganisation gouvernementale et territoriale ( voir notre contribution www.maghrebemergent.com à ce sujet). Car existe le théorème dit des 20-80% en management stratégique : 80% d’actions mal ciblées que l’on voile par de l’activisme ministériel a un impact de 20% sur la société ; 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80% et devant tenir compte du facteur temps combinant les paramètres et les variables pour atteindre l’optimum global. Ce qui est des paramètres à court terme peut devenir variable à moyen terme, et ce qui est pris comme secteur stratégique aujourd’hui peut ne pas le devenir demain Dans le domaine économique, l’idéal est que l’ONS ne dépende plus de l’exécutif, à l’instar de l’INSEE en France, mais qu’il soit un organe indépendant avec un département-analyse. C’est que l’ONS part des données micro-économiques des administrations et des entreprises, et les consolide à l’échelle macroéconomique. Si l’information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflète pas la réalité. Et c’est ce que l’on constate malheureusement avec l’effritement du système d’information, où les bases de sondage sont différentes d’un organisme à un autre, aboutissant à des données que contredit la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d’enquête qu’elles soient exhaustives ou par sondage. Et surtout il faut démocratiser l’information en ouvrant les médias lourds à un large débat économique contradictoire, partant du principe que personne n’a le monopole du nationalisme. Je pourrai donner des centaines d’exemples où certains responsables disent aujourd’hui tout le contraire ce qu’il s affirmaient riaient hier, perdant leur crédibilité tant nationale qu’internationale, oubliant que le peuple algérien a une mémoire. Certaines données officielles biaisés sont souvent contredites par la réalité et la majorité ses rapports internationaux qui fait que le citoyen algérien ne croient plus en ses responsables. C’est qu’en ce XXIe siècle avec la révolution d’Internet et des télécommunications, l’information n’est pas le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. L’effritement du système d’information explique les discours contradictoires. Or après plus de 50 années d’indépendance politique l’Algérie n’a pas d’économie, 98% des exportations provenant des hydrocarbures y compris les dérivées , en voie d’épuisement horizon 2030 et important pour 70% des besoins des entreprises et des ménages Cela s’appelle le syndrome hollandais
En résumé, le secteur des TIC accuse un retard important en Algérie, les dernières mesures avec des changements perpétuels de direction, a eu peu d’effets renvoyant à une autre politique plus audacieuse et à une synchronisation des secteurs . Pourtant, ne suis pas pessimiste pour mon pays qui a d’importantes potentialités, afin de réaliser une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, conciliant efficacité économique dont les nouvelles technologies seront le moteur et une profonde justice sociale, pas d’égalitarisme. Pour cela l’Algérie a besoin d’un redressement salutaire passant par un véritable Etat de droit, une profonde démocratisation de la société impliquant un profond réaménagement des structures du pouvoir assis sur la rente. Cela renvoie à l’urgence du rétablissement de la morale de ceux qui dirigent la Cité, si l’on veut éviter à l’Algérie un suicide collectif, condition du rétablissement de la confiance passant par la réhabilitation du travail, de l’intelligence, de l’entreprise créatrice de la richesse durable, dans le cadre de la mondialisation, fondement de la richesse de toute nation. L’entropie a atteint ces dernières un niveau inacceptable, démobilisant la population. Le rétablissement de la confiance par un discours de vérité, loin tant de la sinistrose gratuite que des discours démagogiques que souhaite le Président de la république et le Premier ministre est à ce prix. [email protected]
(*) Professeur des universités, expert international