Cette mise en garde a été lancée par Combating Terrorism Center (CTC), affilié à l’Académie militaire américaine à West Point (New York) et financé par les « compagnies pétrolières occidentales ». Elle montre que les US observent de près la situation dans le sud algérien, marquée par la multiplication des foyers de tension socio-économique parfois doublée de tensions inter-communautaires.
Les terroristes pourraient attaquer davantage de sites pétroliers algériens si les autorités algériennes répriment les protestations des populations sahariennes et ignorent leurs revendications, prévient le Combating Terrorism Center (CTC, Centre de lutte contre le terrorisme) de l’Académie militaire américaine à West Point (New York).
Dans une analyse qui paraîtra la semaine prochaine dans une publication du CTC et dont un résumé a été rapporté par Business Week, Hannah Armstrong estime que « les militants (islamistes) pourraient exploiter le désespoir qui résulte de voir les luttes pacifiques réprimées ou restées sans réponse ».
Cette analyste rappelle que « les industries extractives dans le sud de l’Algérie sont au centre d’un mouvement social bien organisé et largement pacifique pour la justice et l’amélioration des conditions de vie (des populations sahariennes, NDLR). « Ignorer ces mouvement ou les réprimer risque de nourrir davantage l’extrémisme », ajoute-t-elle.
Business Week souligne que le Combating Terrorism Center est financé sur des fonds privés et qu’il reconnaît que les « compagnies pétrolières occidentales » font partie de ses plus importants soutiens.
La marginalisation : une fabrique d’extrémistes
Les protestations sociales auxquelles fait référence l’analyste du CTC semble être celles du mouvement des chômeurs dans certaines régions sahariennes (Ouargla, etc.) dont une des revendications est d’ouvrir un plus large accès à l’emploi dans les industries pétro-gazières aux jeunes du Sud algérien.
Un des exemples de « radicalisation extrémiste » est celui de membres du pacifique « Mouvement des enfants du Sud pour la justice » qui ont pris les armes et sont notamment responsables d’une attaque contre l’aéroport de Djanet en septembre 2007. Grâce à une médiation de notables de cette région de l’extrême sud-est, ils ont fini par déposer les armes démentant ainsi tout lien entre eux et la Qaeda dans les pays du Maghreb islamique (AQMI).
Le fait que cette mise en garde émane d’un centre affilié à une académie militaire américaine n’est évidemment pas sans signification. Il prouve que les autorités américaines observent de très près la situation dans le sud algérien, marquée par la multiplication des foyers de tension socio-économique parfois doublée de tensions intercommunautaires, comme c’est le cas depuis plusieurs années dans la wilaya de Ghardaïa. Les plus pessimistes pourraient penser qu’il s’agit là d’une première esquisse d’un « alibi antiterroriste » pour une plus franche ingérence US dans les affaires algériennes sous prétexte de protection des sites pétro-gaziers des attaques terroristes.
Echo de mises en garde algériennes
Pour rappel, les craintes du CTC ont déjà été exprimées en Algérie par Lies Boukraâ, directeur général du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (CAERT) selon qui l’attentat-suicide contre le commandement de la gendarmerie à Ouargla, en juin 2012, était l’œuvre d’un jeune Algériens apolitique révolté par la « hogra ». Elles ont également été exprimées par Mohsen Bellabès, un dirigeant du Mouvement des chômeurs dans le Sud et du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC). Dans une déclaration à Tout sur l’Algérie, il a affirmé connaître personnellement des jeunes « de Ouargla et d’autres régions du Sud, qui sont parties au Mali, après le déclenchement de la guerre (dans ce pays, NDLR), pour participer aux combats ».