Nabni relance sa réflexion en publiant Digital-Algérie, un plan pour numériser l’Algérie, « une urgence nationale ».
Nabni n’a pas peur des mots. Dans un vigoureux plaidoyer en faveur d’une révolution numérique, le think-tank considère que la « transformation numérique » de l’Algérie constitue désormais « une urgence nationale ». Il ne s’agit plus de construire des infrastructures et d’acheter des équipements. Il s’agit de créer un monde nouveau, de développer « des composantes nécessaires à l’émergence d’une économie du savoir qui crée des emplois qualifiés et améliore la productivité de l’économie dans son ensemble ». Le numérique est « un impératif pour une mue vers une économie moderne », écrit Nabni dans un nouveau document baptisé Digit-Algérie, portant sur une feuille de route à réaliser sur trois ans.
Nabni prône une démarche ambitieuse visant à atteindre deux objectifs, « bâtir les fondements nécessaires à l’essor du numérique », et «développer sa propre filière industrielle TIC avec des opérateurs télécoms dynamiques, des acteurs du logiciel florissants, de l’équipement et du service nourrissant notre PIB et notre balance commerciale ». Plutôt que de lancer des idées, Nabni propose une démarche qui se veut complète et cohérente, pour aller vite, en se basant sur l’expérience du passé, avec ses succès (téléphonie mobile, câbles), et ses échecs (stagnation du e-paiement, de la e-gouvernance, faible recours des entreprises au numérique, etc).
Clarifications
Concrètement, le plan de Nabni comprend cinq grands axes: développement des usages des TIC dans le privé et le public, innover pour « favoriser l’émergence d’un tissu de sociétés numériques locales », mettre en place une « gouvernance modernisée du secteur » et une infrastructure nécessaire à l’essor du numérique, et favoriser l’émergence de talents en formant « des ingénieurs et des gestionnaires de la nouvelle économie ».
La conception des projets doit changer, selon Nabni, qui prône d’intégrer « systématiquement » des services e-gouvernement dans tous les projets initiés par les ministères. Il faut également « développer le cadre règlementaire pour l’essor des services numériques, en particulier sur le paiement en ligne, la gestion des données, et l’identité numérique ». Le e-commerce, qui dépend pourtant de l’initiative privée, est lui aussi « tributaire du cadre réglementaire ». La règlementation à mettre en place doit donc « clarifier les rôles et responsabilités des banques, des opérateurs et des intermédiaires technologiques ».
Grands acteurs
Le passage au numérique ne peut se faire sans de grands acteurs. Des entreprises d’envergure, comme Algérie Télécoms et Sonelgaz pourraient servir de locomotives, en adoptant ces formules, ce qui contribuera à les populariser. Mais au-delà, la participation de nombreux acteurs, allant des start-up aux organismes chargés de favoriser les nouvelles entreprises (ANSEJ, CNAC), en passant par les grandes compagnies algériennes et internationales et les universités, est requise pour booster le secteur. La synergie à organiser est complexe, ce qui incite Nabni à suggérer la création d’une « unité de pilotage » pour la mise en oeuvre du plan digital. Pour le Think-tank, « la transformation numérique nécessite une feuille de route multisectorielle, un cadre légal approprié et des investissements lourds à piloter ». Comme « les enjeux de cette transformation transcendent les ministères », cette entité doit disposer des « marges de manœuvre » nécessaires à un fonctionnement efficace.
Bon sens
Nabni revient aussi à des solutions relevant du simple bon sens. Il prône ainsi que les nouvelles constructions (un million de logements prévus » soient connectés au réseau haut début. « Des obligations légales pourraient être envisagées pour encourager le raccordement des nouvelles constructions aux réseaux ». Ce qui permettra d’éviter, à terme, tous les inconvénients vécus dans les anciennes cités.
A la base de ce chantier, il y aussi les talents à former, à encadrer, à accompagner. Un effort d’adaptation doit être mené, aussi bien dans le contenu de la formation, que dans le profil. Comme pour encourager, par exemple, des formations basées sur des projets d’entreprise.
Sur ce terrain, beaucoup reste à faire. Nabni propose de « développer des écoles dédiées aux TIC et au numérique », et d’«inscrire les nouvelles technologies dès l’école primaire ». « Les nouvelles technologies deviennent une nouvelle langue, certains enfants sont exposés aux nouvelles technologies avant d’y être exposés dans le cadre de leur formation scolaire ».
Sur le plan institutionnel, Nabni recommande de mieux répartir les tâches entre les centres de décision (ministère), les acteurs économiques et les régulateurs.