Pour Farid Bourennani, conseiller du PDG du groupe Cevital, la conclusion du dossier Djezzy a permis « d’éviter de mauvais procès et de ternir l’image de l’Algérie auprès des investisseurs internationaux ».
Farid Bourenanni, qui était hier l’invité du direct de Radio M, est un témoin privilégié de l’évolution de beaucoup de dossiers économiques sensibles qui ont fait l’actualité économique des dernières années. Sa position de conseiller du PDG de Cevital, M .Issad Rebrab, ne l’empêche pas de jouer complètement le jeu de la transparence et c’est avec une grande liberté de parole et une connaissance approfondie des dossiers qu’il s’exprime sur l’acquisition de Djezzy par l’Etat algérien ou sur les investissements à l’étranger de Cevital.
Les bons chiffres pour l’accord Djezzy
Même s’il n’aime pas beaucoup qu’on évoque le « coût élevé » pour l’Etat de la transaction sur Djezzy, Farid Bourenanni donne les bons chiffres et comble les lacunes de la communication officielle. La finalisation du dossier Djezzy, c’est un prix de vente de 2,6 milliards de dollars mais aussi des dividendes bloqués depuis près de 5 ans et libérés à la conclusion de l’accord qui s’élèvent à plusieurs centaines de millions de dollars. Cevital, actionnaire minoritaire à hauteur de 3,4% est d’ailleurs également bénéficiaire de la transaction. Les chiffres exacts ? 50 millions de dollars de dédommagements versés par Vimpelcom plus l’équivalent en dinars de 55 millions de dollars au titre des dividendes (versés par le FNI et Vimpelcom). Pour Bourennani, la conclusion de ce dossier a permis « d’éviter de mauvais procès et de ternir l’image de l’Algérie auprès des investisseurs internationaux ».
Djezzy, un nouveau modèle de partenariat ?
L’accord sur Djeezy pose surtout, c’est ce sur quoi Farid Bourenanni veut insister « les jalons d’un projet économique avec des potentialités de création de valeurs très importantes pour peu que les actionnaires partagent de grandes visions ». Il précise le contenu de ce que pourrait être ce projet : « Djezzy, dans sa nouvelle configuration, peut non seulement maintenir sa position de leader et développer son fonds de commerce sur le marché national , mais il peut aussi grâce aux atouts liés à son appartenance à un groupe international des télécoms jouer le rôle de tête de pont et de base régionale pour un développement en Afrique car il en aura l’envergure technique, humaine et financière ». L’accord conclu avec Vimpelcom pourrait d’ailleurs servir de modèle : « C’est en accompagnant les prises de participations d’une vision stratégique d’avenir sur le marché local et sur les marchés étrangers que l’Algérie maximisera les retombées de ses investissements en devises ». Bourennani encourage à reproduire ce qu’il appelle le « partenariat éloigné ». Une association avec des acteurs internationaux encore faiblement implantés dans le contexte régional et qui veulent s’inscrire et se développer en Algérie tout en acceptant stratégiquement de faire de leur filiale algérienne, la holding de nouveaux investissements en Afrique ». Dans le cadre de cette stratégie : « la banque pourrait être un secteur à étudier, le transport aérien aussi ».
Le marché obligataire : « une option rassurante »
Le financement de l’accord sur Djezzy inspire également des commentaires favorables à Farid Bourenanni. Là aussi, il commence par rappeler les bons chiffres. Les 160 milliards de Dinars qui sont annoncés pour l’emprunt obligataire du FNI ne représentent qu’environ 1 ,7 milliards de dollars. Il manque donc encore près de 900 millions de dollars à l’appel pour payer Vimpelcom et l’Etat devra quand même mettre la main à la poche. Sans doute sous forme d’une nouvelle dotation budgétaire du Fonds d’investissement public. Pour le reste Bourennani juge que l’opération est « Plutôt rassurante .Quand on a une mauvaise opération à financer, on ne passe pas par le marché ». Le recours à l’emprunt obligataire se traduira par « un investissement productif et rentable dans une entreprise et un secteur à fort potentiel de croissance pour des banques nationales en situation de surliquidités ».
Banque d’Algérie-Cevital : « une avancée positive »
Même transparence à propos du récent investissement en Italie de Cevital. L’acquisition des aciéries Lucchini n’a « pratiquement rien coûté » au groupe privé algérien qui s’est engagé en contrepartie à maintenir l’emploi et relancer l’activité du site grâce à un nouvel investissement dans 2 haut fourneaux supplémentaires ». Ce dernier investissement « sera financé par un emprunt auprès de banques internationales ». Le transfert de devises demandé en novembre dernier à la Banque d’Algérie, dans le cadre de la nouvelle réglementation sur les investissements à l’ étranger des entreprises nationales, concerne un autre projet localisé sur le même site de Piombino « qui est doté d’un port en eau profonde ». Il s’agit de la construction de plates-formes logistiques destinées a accueillir les exportations de Cevital vers le marché européen . « La Banque d’Algérie a accepté la demande de Cevital pour les installations répondant au principe de complémentarité avec des activités de production existantes en Algérie dans le domaine de l’agroalimentaire et du verre plat en autorisant Cevital à transférer 65,5 millions de dollars ». Elle n’a pas donné suite pour les activités en cours de création dans la menuiserie métallique et l’électroménager. Farid Bourennani commente : « ce qui est fait est une avancée positive qui donne de la crédibilité à la démarche adoptée par les autorités financières algériennes ». Même s’il regrette encore l’absence d’une « clause d’opportunité » dans la nouvelle réglementation, il se dit convaincu que la « confiance entre les investisseurs et le régulateur s’installera chemin faisant ». D’ailleurs le groupe Cevital devrait revenir frapper à la porte de la Banque d’Algérie dès que ses usines qui « n’auraient jamais existé sans l’acquisition à l’étranger des marques OXXO et Brandt et qui vont créer 10500 emplois en Algérie ».
Extraits vidéo : http://bit.ly/16f2mli
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