Par Samy Injar
En première ligne dans un dossier dans lequel il pourrait dépenser plus de 2 milliards de dollars, le Premier ministre risque gros politiquement.
Le premier ministre Aimene Benabderahmane va subir un vrai test politique avec le débouclage du dossier Djezzy. L’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie est en effet l’homme clé, côté algérien, de la négociation autour du rachat par le Fonds National d’Investissement (FNI) des 45,57%, qu’a décidé de vendre l’actionnaire russe Veon, en juillet dernier.
Le premier ministre a fréquenté les comptes de l’opérateur Djezzy en tant que ministre des Finances, tutelle du FNI, actionnaire majoritaire et à ce titre en charge de la présidence du conseil d’administration de l’ancienne propriété de l’égyptien Orascom Télécom. Aimene Benabderahmane a reçu à la fin de l’été une délégation de la multinationale russe basée aux Pays Bas et la possibilité d’un accord rapide sur le prix de cession des parts de Veon au FNI paraissait réelle. Veon a semble t’il trop laissé montrer sa satisfaction suite à cette entrevue au point d’en tirer, précocement, la conclusion que la transaction allait se dérouler au prix prêt de ses exigences financières.
De son coté, Aimene Benabderahmane qui avait sans doute tenté de montrer qu’il était le principal acteur dans ce dossier très sensible, a du prendre des distances avec la tonalité de sa première rencontre avec le board de Veon, pour redevenir un Premier ministre en retrait. A la seconde visite des dirigeants de Veon une fois apparue la divergence sur les deux valorisations de Djezzy, près de 30% d’écart, il a refusé de les recevoir, les orientant vers le ministre des PTIC, en l’occurrence, M. Bibi Triki, pour une rencontre à blanc, le dossier étant purement financier.
Risque financier et politique
Le choix d’accepter un arbitrage contraignant pour les deux parties par une banque étrangère bientôt sélectionnée pose déjà problème autour de ce dossier. Des acteurs du secteur estiment qu’il s’agit d’une prise de risque considérable prise par le gouvernement Benabderahmane dans une affaire où le temps joue contre le vendeur Veon.
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En effet le trésor algérien risque de se retrouver à débourser plus de 2 milliards de dollars dans l’acquisition à 100% d’un opérateur qu’il contrôle déjà à 51%. Cette issue inopinément dépensière serait alors sans doute à mettre au passif du premier ministre en première ligne dans cette transaction. Pour rappel, une clause du pacte des actionnaires de 2014 oblige la partie Veon à céder à son partenaire le FNI ces parts en cas de départ d’Algérie. Les réserves de change étaient alors à 190 milliards de dollars.