Selon des informations rapportées par la presse égyptienne, une visite du Chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, au Caire (Egypte), est attendue pour ce mois de janvier 2022. Cette visite intervient dans un contexte « de répression et de restrictions des droits fondamentaux des citoyennes et des citoyens en Algérie ». Quel est donc la situation des droits fondamentaux en Egypte ?
La situation des libertés n’est pas moins alarmante en Egypte qu’en Algérie. Le Réseau arabe d’information sur les droits de l’homme (ANHRI) qui est une organisation non gouvernementale a publié cette semaine son rapport relatif à la situation des droits humains en Egypte.
« L’année 2021 vient de s’écouler et l’Egypte est encore loin d’avoir atteint la démocratie. Cette année n’a été témoin que de nouvelles répressions et fermetures de la sphère publique. Et la justice a continué à suivre une voie qui méprise totalement la loi et la constitution », signale le rapport.
Au début de 2021, le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, avait décidé de prolonger l’état d’urgence à l’échelle de tout le pays, avant de faire incarcérer « des écrivains, des journalistes ainsi que d’autres opposants incarcérés qui avaient dépassé la limite maximale de leur détention préventive. Pour les maintenir en prison, Sissi avait ordonné l’ouverture d’enquêtes dans de nouvelles affaires. Chose faite par la justice égyptienne qui a prolongé leur détention », regrette le réseau.
D’après ANHRI, 2021 est l’année des « contradictions et des disparités entre les déclarations formelles et la situation réelle qui entoure les droits de l’homme en Égypte ». Le réseau affirme que « les procès militaires de civils se sont poursuivis. Sur les 69 procès en cours observés au cours de l’année, il y a eu trois procès militaires dans lesquels 432 civils étaient jugés ».
Le réseau signale également que 121 condamnations à mort ont été prononcées par la justice civile, dont 18 jugements sont des affaires politiques contre 103 accusés. « Le secteur de l’Autorité pénitentiaire a appliqué des condamnations à mort dans 17 affaires contre 44 accusés », indique le document.
Quant à la liberté des médias, l’ANHRI dresse un bilan négatif. « Les atteintes dans ce secteur n’ont pas cessé, puisque 131 violations ont été observées au cours de l’année, dont les plus marquantes étaient des enquêtes, des renouvellements de prison et des procès », constate le réseau.
Dix ans après la révolution du 25 janvier 2011, « enterrée » le 3 juillet 2013 par un coup d’État destituant l’islamiste Mohamed Morsi, premier Président démocratiquement élu, et qui est mort en prison, les militaires ont repris le pouvoir avant de tout verrouiller. Quelques voix continuent de s’élever pour dénoncer devant le monde une répression pire que celle exercée sous Moubarak.