En pleine saison, le prix de la pomme de terre atteint des sommets en Algérie - Maghreb Emergent

En pleine saison, le prix de la pomme de terre atteint des sommets en Algérie

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La pomme de terre au-dessus de 30 dinars en pleine saison : le phénomène est inattendu, et les fellahs sont ravis. Le consommateur en ressent modérément les effets.

 

Grosse surprise sur le marché de la pomme de terre : les prix sur les marchés de gros se sont relevés en pleine saison, alors que la tradition était un effondrement des prix à partir de la mi-mai. Selon les opérateurs du marché, la pomme de terre de saison était cédée, en début de semaine, entre 30 et 35 dinars le kilo sur les marchés de gros de Chlef et de Bougara, près de Blida, ce qui assure aux producteurs un bon revenu. A la même période de 2013, le prix était moitié moins élevé, autour de 15 dinars le kilo.

Ce niveau de prix est le résultat de deux facteurs essentiellement. D’un côté, la production est tout juste moyenne. Le tonnage (rendement à l’hectare) est moins bon que l’année dernière, selon des fellahs de la plaine du Chéliff. On est plus proche de 200 quintaux à l’hectare que de 30 quintaux, déclare l’un d’eux à Maghreb Emergent. La récolte n’a pas cependant pas beaucoup souffert du mildiou cette année, en raison de la clémence du climat durant les deux derniers mois.
D’autre part, les autorités ont décidé de ne pas mettre sur le marché la pomme de terre provenant des stocks de l’hiver. Les chambres froides réquisitionnées pour stocker une partie de la récolte de décembre-janvier sont pleines. D’habitude, dès l’arrivée de la production de la nouvelle saison, celle de la saison précédente était mise sur le marché, ce qui provoquait un effondrement des prix. Cette fois-ci, un choix différent a été fait. La production de l’hiver sera maintenue en stock pour être écoulée durant l’été.
Relèvement général des prix
Curieusement, les prix se sont redressés en pleine saison, alors que le marché est inondé par la production de plusieurs régions du pays, notamment celle de la plaine du Chéliff. Entre avril et début mai, et alors que seul le produit « primeur », celui de Mostaganem, était disponible, les prix étaient restés relativement bas, autour de vingt dinars, en raison de l’incertitude qui pesait encore sur le marché.
Par ailleurs, le prix de la pomme de terre a entrainé dans son sillage celui des autres produits, qui se sont eux aussi redressés depuis la mi-mai, après un mois de flottement. La tomate, après un plus bas autour de 25 dinars, est repartie à la hausse pour dépasser 40 dinars, et même frôler les 50 dinars dimanche dernier. Les poivrons sont eux de nouveau repassés au-dessus de la barre des 50 dinars, tout comme la courgette.
Les fruits de saison, essentiellement abricots et nèfles, varient de 40 à 70 dinars, selon un commerçant. Leur arrivée annonce la fin de saison pour les oranges, qui voient leur prix dégringoler, pour repasser sous la barre des 50 dinars.
Cette évolution générale des prix vers le haut risque par ailleurs de se traduire par une poussée, même limitée, de l’inflation, qui avait été réduite à 1.8% en rythme annuel en avril, contre 2% en mars, 2.3% en février et 2.7% en janvier. Ces chiffres sont cependant très loin des 7.4% d’avril 2013.
Déconnexion des marchés de gros et de détail
Autre paradoxe, les prix pratiqués sur les marchés du détail sont souvent déconnectés de ceux en cours sur le marché de gros, en raison de la fragilité des circuits commerciaux. Le décalage est parfois important, et il n’est pas rare de voir la part la plus importante du prix d’un produit revenir aux commerçants, au détriment du producteur. Ainsi, l’oignon est vendu à moins de dix dinars sur le marché de gros, contre 25 à 35 dinars au détail, ce qui montre que deux tiers à trois quarts du prix reviennent aux commerçants.
Ce phénomène décourage la production, même si la tendance de fond reste à une hausse de celle-ci. Ainsi, en 2013, la production algérienne de pommede terre a connu un nouveau pic, à 50 millions de quintaux. Elle a même dépassé, pour la première fois, celle des céréales, qui s’était limitée à 49 millions de quintaux, selon les chiffres officiels. L’année 2014 devrait voir les céréales passer devant, mais de peu, car une pluviométrie insuffisante sur les deux derniers mois risque de peser cette année encore sur la production.

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