La demande mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait quasi doubler pour atteindre 700 millions de tonnes d’ici à 2040, tirée par l’Asie et le transport, notamment de marchandises, prévoit une étude du groupe britannique des hydrocarbures Shell.
Le continent asiatique, de loin premier importateur de GNL et qui remplace progressivement le charbon par le gaz, est attendu par Shell comme moteur principal de la demande pour les deux décennies à venir, selon des prévisions publiées jeudi.
Le secteur des transports devrait également sortir du lot, notamment les véhicules lourds moins adaptés à l’électrique: bus, camions, mais surtout navires, dont la propulsion au GNL peut substituer celle au fioul.
La major anglo-néerlandaise voit par ailleurs dans le gaz une « énergie décisive dans la transition énergétique », selon le responsable des nouvelles énergies et du gaz Maarten Wetselaar amené à commenter l’étude lors d’une visioconférence.
Ce sujet est controversé: le gaz naturel est une énergie fossile qui émet du CO2 à la combustion, mais 30% de moins que le pétrole et moitié moins que le charbon.
Il s’avère dont moins néfaste pour la qualité de l’air, mais l’industrie gazière est aussi responsable, dès l’extraction, d’importantes fuites de méthane, un gaz à effet de serre à l’effet trente fois plus réchauffant que le CO2.
Shell a opéré ces dernières années un virage vers la production de gaz naturel après le rachat en 2016 du britannique BG Group pour 47 milliards de livres (62 milliards d’euros de l’époque), en se détournant par ailleurs des exploitations pétrolières et gazières matures.
La « major » pétrolière et gazière a présenté début février sa stratégie de transition énergétique pour parvenir à son objectif de neutralité carbone en 2050, tablant sur l’investissement dans les nouvelles énergies, le captage et stockage de CO2 ou la compensation d’émissions, mais les ONG écologistes ont qualifié le plan de « grotesque ».
Le groupe est notamment engagé aux côtés de quatre européens, le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall et l’autrichien OMV, ainsi que le géant russe Gazprom, dans le projet controversé du gazoduc sous-marin Nord Stream 2, dont les travaux ont repris en décembre dernier après avoir été suspendus pendant près d’un an en raison de sanctions américaines.