Le cours du Brent après avoir atteint le 3 octobre un pic de 86,74 dollars le Brent, entre les 07/08 décembre 2018 a été coté à 61,54 pour le Brent et à 52,48 dollars le Wit, très légère hausse, après que l’Opep et ses alliés dont la Russie ont décidé une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj) à hauteur de 800.000 barils/j par les quatorze pays de l’Opep et de 400.000 par ses dix partenaires dont la Russie, environ 1% de la production mondiale.
Face à cette baisse décidée à Vienne les facteurs géostratégiques futurs échappant à l’OPEP, ne représentant seulement 35% de la production commercialisée mondiale avec la dominance de l’Arabie Saoudite, 33% de la production, avec deux poids lourds hors OPEP les USA et la Russie, quelle sera l’attitude future de cette organisation ? En plus de l’annonce du 03 décembre 2018 du retrait du Qatar de l’OPEP à compter du 01 janvier 2019, bien que la production soient limitée, mais impacte la cohésion de l’organisation. Toutes ces décisions ont un impact sur l’économie algérienne dont les recettes en devises proviennent à plus de 98% des hydrocarbures et dérivées, pour ne pas recourir au financement non conventionnel et ne pas diminuer les réserves de change, selon le FMI, le prix du baril devrait être de 95/100 dollars.
1.-Il existe des divergences sur le juste prix d’équilibre, entre petits producteurs à fortes population préconisant 75/80 dollars comme l’Algérie et le Venezuela, d’autres gros producteurs 65/70 dollars comme la Russie( 65 dollar) et l’Arabie Saoudite(70 dollars) et les USA/Chine/Inde et Europe un prix entre 50/60 dollars, le prix d’équilibre souhaitable étant autour de 70 dollars, étant une utopie de prévoir un cours supérieur à 80/90 dollars sauf très grave conflit au Moyen Orient (Analyse développée dans la contribution internationale du professeur Abderrahmane Mebtoul Mena/Forum- diffusion internationale Londres/Bruxelles « The eight factors determining the price of oil by Dr A. Mebtoul | Nov 1, 2018 et les dix déterminants du cours des hydrocarbures dans l’American Herald Tribune du 11 août 2018 « Dr Abderrahmane Mebtoul : “Algeria Still Faces Significant Challenges »). C’est dans ce contexte que le 11 novembre 2018, les pays de l’OPEP et certain pays non OPEP se sont retrouvé à Abu Dhabi, (Emirats arabes unis) mais sans décisions concrètes démentant les prévisions de certains analystes qui prédisaient une hausse des cours, alors que la baril est passé de plus de 80 dollars en début octobre 2018 à moins de 60 dollars depuis fin novembre 2018. Au cours de cette réunion, l’Arabie Saoudite après avoir annoncé auparavant, sous pression américaine, une production de plus de 12 millions de barils jour pour combler le déficit iranien a fait savoir qu’elle baisserait de 500 000 barils son niveau de production dès le mois de décembre. Le nombre de barils produits chaque jour passera de 10,7 millions à 9,9 millions en mai 2018. Ainsi les nouvelles sanctions contre l’Iran qui devaient effectivement faire monter les cours mondiaux, et dans les circonstances actuelles, l’excédent de production qui pourrait être compris entre 1 et 2 millions de barils par jour au premier trimestre 2019, pourrait impacter le cours à la baisse. La baisse de production, de 1,2 millions barils/j décidée à Vienne le 07/12/2018 ,pour influer positivement sur le cours dépendra de deux éléments. Premièrement, de l’intensité des pressions américaines notamment sur les pays du Golfe dont l’Arabie Saoudite fortement dépendantes des USA, existant un décalage entre les discours politiques rassurants et la réalité , (voir les menaces du président US adressées à l’OPEP le 05/12/2018), des propos qui interviennent alors que la production américaine de brut a atteint 11,7 millions de barils par jour en novembre, dépassant pour la première fois aussi bien celle de la Russie (11,43 millions de bpj) et de l’Arabie saoudite (10,7 millions de bpj), selon les données du département américain de l’Energie. Deuxièmement, selon l’agence Reuters, tout dépendra de la production effective de la Russie qui a grandement influencée cette décision e baisse de production. Mais , le cours prévisionnel du pétrole sera influencé par plusieurs facteurs à la fois les fondamentaux économiques, trois gros producteurs les USA, la Russie, et l’Arabie Saoudite, (plus de 30 millions de barils/jour chacun ) mais surtout dans cette conjoncture particulière par les facteurs géostratégiques, l’OPEP prévoyant une baisse de la demande en 2019 du fait de la faiblesse de la croissance de l’économie mondiale, reprenant les données de rapports internationaux dont celui de la Banque mondiale qui lie la demande à l’avenir de la croissance mondiale, notamment de la Chine et de l’inde (un tiers de la population mondiale) avec une prévision de ralentissement pour 2019/2020. Bon nombre d’experts internationaux ainsi que des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale prévoient une éventuelle crise mondiale horizon 2020/2025 en cas d’accélérations des mesures protectionnistes entre les Usa/Europe, USA/Chine. La légère remontée actuelle est surtout la conséquence de la réunion organisée à l’occasion du sommet du G20, à Buenos Aires, les vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre 2018, a permis d’aplanir certaines dissensions entre les USA et la Chine, une trêve dans leur conflit commercial, qui menace l’économie mondiale, les Etats-Unis ayant annoncé qu’ils renonçaient à ce nouveau volet de taxes et de son côté, la Chine s’étant engagée à augmenter ses achats de produits américains, notamment agricoles et énergétiques. Encore que le dernier rapport de l’AIE d’octobre 2018 met en garde les pays dépendant de la rente des hydrocarbures, du fait d’une modification de la trajectoire de la croissance fondée sur l’économie de la connaissance, d’une nouvelle configuration de la demande énergétique mondiale (efficacité énergétique, énergies renouvelables, entrée de l’hydrogène horizon 2030) qui impactera la demande d’hydrocarbures traditionnels.
2.-Le cours actuel s ‘explique également est que plusieurs pays OPEP et non OPEP dont la Russie, n’ont pas respecté le quota décidé en décembre 2016 à Vienne. Les tensions actuelles entre Iran et l’Arabie saoudite ont engendré une mésentente au niveau de l’Opep et selon l’agence Reuters en moyenne octobre 2018, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a extrait 33,31 millions de barils par jour (bpj) soit 390.000 bpj de plus qu’en septembre 2018 contre 33,11 millions de barils par jour (bpj) en novembre 2018, soit 160.000 bpj de moins qu’en octobre, mois marqué par la plus forte production du cartel depuis décembre 2016. En octobre 2018, une partie du supplément de production de l’Opep provient de la République du Congo et de la Guinée Equatoriale, qui ont rejoint l’organisation en 2018 et 2017, mais bon nombre de pays de l’OPEP, les EAU qui a connu une augmentation de la production de 200.000 bpj à 3,25 millions de bpj, la Libye avec une production de 1,22 million de bpj en moyenne, en hausse de 170.000 bpj, alors que la production de l’Iran a connu une diminution de 100.000 bpj, recul inférieur aux anticipations. Hors Opep, la Russie a produit 11,41 millions de bpj en octobre et contre 11,36 millions de bpj en septembre 2018. . Les autres raisons de cette baisse du cours sont qu’un prix supérieur à 60 dollars devrait entrainer l’entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables. Par ailleurs, les sanctions contre l’Iran sont atténuées à la fois ,par la position européenne qui a décidé de mettre en place un système de troc pour contourner les transactions en dollars et le marché chinois ou les iraniens peuvent se faire payer en yuans et également que huit pays gros importateur de l’Iran pendant huit mois ne sont pas concernés par les sanctions américaines qui ont pris effet à partir de novembre 2018 : il s’agit de la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Grèce, l’Italie, le Japon et Taiwan sas compter l’écoulement au marché au noir en dessous du prix réel du marché et le premier essai de al vente en bourse toujours inférieur au cours du marché . L’autre explication du cours erratique du Brent et du Wit , est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l’action du prince héritier, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d’actions d’une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l’action à un niveau élevé, vente qui a été reportée vers 2019/2020.Si les tensions en Libye, au Nigeria au Kurdistan, cette zone produisant environ 500 000 barils/jour, baissaient , ces pays produirait beaucoup , la baisse de la production vénézuélienne, pays en semi faillite malgré qu’il détient la première réserve mondiale de pétrole (un pétrole lourd) étant un cas particulier.
3.-Quel sera l’impact du retrait du Qatar de l’OPEP ? Ce retrait aura un impact relativement faible puisque ne produisant que 648.000 barils/j et son quota à Vienne ayant été réduit à 618.000 barils/j , soit une différence seulement de 58620 barils/j , montant physique faible. Le retrait du Qatar de l’OPEP à copter du 01 janvier 2019 répond à la fois à de s objectifs géostratégiques , du fait des tensions avec ses voisons ( embargo) dont avec l’Arabie Saoudite et économiques où pour le Qatar le poids de l’Opep sur les cours mondiaux s’est trouvé relativisé ces dernières années par l’intégration dans le top 10 d’États exportateurs non membres, dont la Russie, le Canada et le Kazakhstan et les États-Unis, premier consommateur et devenu en quelques années le premier producteur mondial, moins dépendants du pétrole de l’OPEP.. C’est surtout un pays gazier (15000 à 17.000 milliards de mètres cubes troisième réserves mondiales, après la Russie(plus de 40.000) et l’Iran (30.000) . Mais c’est le premier exportateur mondial ave c pour objectif l’augmentation de sa production gazière, de 77 millions de tonnes par an à 110 millions de tonnes horizon 2020/2022 et ce afin de faire face à la concurrence internationale. Rappelons que le plus grand gisement de gaz naturel du monde est situé dans le golfe Persique, réparti entre l’Iran et le Qatar, pouvant en cas d’entente entre ces deux pays impacter la géopolitique de l’énergie. Comme devrait être pris en compte le fameux gazoduc Israël //Europe d’une longueur de 2.000 km et une profondeur sous-marine de 3,5 km, les travaux devraient débuter d’ici quelques mois et s’achever d’ici cinq ans, financé par les Emiraties signé en novembre 2018 , dont la capacité annuelle serait certes modestes dans une première phase , entre 12 à 16 milliards de mètres cubes. Ce projet qui partira des côtes israéliennes et arrivera en Italie via Chypre, la Crète, la Grèce et le sud de l’Italie qui acheminera du gaz israélien et chypriotes et qui serait relié plus en amont au gazoduc appelé EastMed, notamment la Bulgarie et la Serbie. L’Algérie devra être attentive à toutes ces stratégies gazières où sa part de marché vers l’Europe étant passé de 13% en 2007/2008 à 8% en 2017, avec la concurrence également de la Russie, de la Norvège et du Qatar dont la part de marché est passé de 2% vers les années 2000 à plus de 7% en 2017, concurrençant le GNL algérien. Le Qatar est proche également de l’Asie ayant massivement investi dans les GNL de grandes capacités( le triple de celui des algériens réduisant les coûts) étant le premier producteur-exportateur mondial de GNL , avec près de 30 % de part de marché. Aussi, pour l’Algérie, il ne faut pas se concentrer uniquement sur le pétrole brut car selon les données en structure physique de Sonatrach, pour 2017 plus de 47% des exportations proviennent du GN et du GNL. dont le cours le 06/12/2018 est à 4,5 dollars le MBTU sur le marché libre
4.-En conclusion l’essentiel des exportations algériennes sont les hydrocarbures soumis aux facteurs exogènes échappant à la gouvernance interne Mais je suis convaincu que pour relever les défis futurs, se projeter sur l’avenir, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s’imposent. Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l’Algérie peut sens sortir, possédant des réserves de change qui clôtureront entre 75//78 milliards de dollars fin 2018 et un endettement extérieur faible inférieur à 7 milliards de dollars. Pour cela, l’Algérie a besoin enfin d’une nouvelle stratégie, s’adaptant au nouveau monde fondée sur l’économie de la connaissance , de la confiance et du dialogue productif, de rassembler au lieu de diviser, pour sécuriser son avenir fin de s’éloigner des aléas de l’autoritarisme des années 1970 largement dépassé reposant sur le dictat bureaucratique et la mentalité rentière.
NB-Professeur Abderrahmane Mebtoul docteur d’Etat (1974)- a été directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007- auteur de nombreuses contributions internationales et membre de plusieurs organisations internationales spécialisées dans l’énergie.