Google de retour en Chine ? Ce n’est pas gagné d’avance. Mais le géant de l’Internet et des applications mobiles Android tient à un marché de plus de 700 millions d’internautes. Quitte, peut être, à y laisser un peu du principe de la liberté absolue. A suivre…
La liberté d’action de Google va-t-elle s’imposer en Chine ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais, selon The Wall Street Journal, le géant américain de l’Internet négociait, depuis plusieurs mois avec les autorités chinoises, son retour officiel au pays des 711 millions d’internautes. Le journal affirme, dans son édition du 04 septembre dernier, que les négociations sont provisoirement bloquées et ne permettent toujours pas au moteur de recherche US d’introduire dans le pays une version chinoise de sa boutique en ligne des applications mobiles Play Store à travers laquelle les utilisateurs de terminaux fonctionnant sous Android peuvent télécharger et installer des millions d’applications.
Cependant, si ces discussions se terminent avec succès, Google fera son grand retour en Chine après cinq années d’absence. Il avait, en effet, quitté ce pays pour Hong Kong en 2010. Il faut rappeler que Google s’était installé en Chine en janvier 2006 pour commercialiser ses services aux internautes Chinois. Pour cela, il avait accepté de trier leurs résultats de recherche selon les critères imposés par Pékin, s’exposant aux critiques des défenseurs des libertés numériques. Mais la compagnie, qui n’a pas expressément accusé le gouvernement chinois d’être à l’origine des attaques informatiques de ses serveurs de la messagerie électronique, avait décidé de lever la censure des résultats de recherche fournis par son moteur. Ce changement de politique a poussé Google à quitter la Chine malgré les énormes efforts de ce pays en matière de développement économique. Ce retrait a été largement critiqué par de nombreux spécialistes américains de l’économie numérique qui ne voyaient pas les choses sous le même angle que les décideurs de Google. Pour eux, quitter le marché chinois est une erreur commerciale qu’Apple a exploitée pour dominer le marché des applications de ce pays.
Play Store « made in China »
La version Play Store « made in China » sera donc conforme aux exigences de la censure imposées par les autorités chinoises et caractérisée par un stockage local des données. Selon le quotidien des affaires américain, les responsables de Google ont informé le gouvernement chinois que leur entreprise respectera les lois nationales de la sécurité numérique et procèdera au blocage de l’intégralité des applications jugées répréhensibles par les autorités du pays. C’est pourquoi, les applications de Play Store ne fonctionneront que sur les terminaux mobiles opérant sous la nouvelle version « M » d’Android et soigneusement homologuées selon les normes exigées par le ministère chinois de l’industrie et des technologies de l’information. Le leader des moteurs de recherche sur Internet vise également à rendre la nouvelle version d’Android interopérable avec les objets connectés. Il cherche aussi à convaincre les usagers des Smartphones tournant sous Android à intégrer Play Store dans leur menu de consommation. Wall Street Journal a indiqué que la majorité de ces appareils ne comporte la boutique Play Store ou les autres services liés à Google. En Chine, pour faire face à l’absence de Play Store, les fabricants des terminaux fonctionnant sous Android ont créé des solutions alternatives. Des App Stores populaires développées par les compagnies Xiaomi, Baidu, Tencent et Alibaba ont été intégrées dans les terminaux. Aucun partage de revenus publicitaires issus des données consommées à partir de ces boutiques n’est effectué avec Google.
Revenir via Huawei
Revenir donc au marché chinois et réactiver Play Store sur les Smartphones sous licence est une seconde chance pour Google. C’est dans ce contexte que les observateurs voient ce come-back de Google en Chine s’effectuer à travers la « porte » de Huawei. Toujours selon The Wall Street Journal, l’équipementier chinois fabriquera le Nexus 5,7 », le prochain Smartphone de Google dans lequel la première version chinoise de Play Store sera officiellement préinstallée. Ainsi, Huawei aiderait Google à développer une version de sa boutique mobile spécifiquement pour le marché chinois. L’accord prévoirait également que Google aide Huawei à distribuer sa montre connectée en occident. A ce jour, la société Google n’a pas réagi publiquement aux écrits du journal américain. Va-t-elle réussir à reconquérir le marché chinois des applications mobiles ?
Une récente étude de la société de recherche Analysys International, basée à Pékin, les compagnies Baidu, Tencent et Qihoo 360 contrôlent 80% du marché chinois des applications Android au deuxième trimestre de l’année en cours. La tâche s’annonce donc difficile pour Google. Sa boutique pourra-t-elle survivre dans un marché très saturé ? Néanmoins, si on tient compte du boom de la 4G dans ce pays, c’est un marché de 250 millions d’abonnés à la fin juillet 2015, un chiffre qui correspond au double de celui enregistré aux Etats-Unis durant la même période, qui s’ouvre à Google.