Le dinar parallèle a atteint un plus bas historique cette semaine face à l’euro : Il faut entre 152 et 155 dinars pour acheter un euro au square Port Saïd et ailleurs sur le marché noir national de la devise. Inutile de chercher très loin les raisons de ce nouveau dévissage de la valeur du dinar face aux devises étrangères. Ce n’est plus la raréfaction de l’offre de «devise noire» de 2009 consécutive à la crise financière mondiale. Ni l’excédent de la demande toujours de «devise noire» de 2012-2013 due à l’augmentation des revenus des ménages algériens. Elle est liée cette fois à la perception du risque politique qu’ont la partie des Algériens qui peuvent se permettrent de «switcher» leur épargne du dinar vers la devise étrangère.
Comme au printemps 2011 où le dinar parallèle avait connu un soudain accès de faiblesse après le émeutes de janvier en Algérie, les tentatives de marches en février et les chutes des dictateurs arabes à l’est de l’Algérie. Les techniciens peuvent toujours noter que, sauf au tout début de la vie de l’euro, la tendance ne s’est jamais inversée. Depuis dix ans, le coût de «l’euro noir» n’a fait qu’augmenter. Quelles que soient les circonstances de la balance des paiements. Il est, en gros, passé de 120 à 150 dinars.
Le dinar s’est en fait dévalué de 25% face à l’euro sur le marché parallèle. Avec sur la courbe de sa décote des ruptures vers le bas. Comme c’est le cas depuis Bouteflika 4. Dans le doute, on fait des provisions. Mais le doute sur quoi ? Une partie importante du pays est maintenue dans l’appréhension de la rechute dans les années 90. La confiance dans l’avenir est ébréchée. Dans les fondamentaux, il n’y a pourtant aucune raison pour cela. La comparaison avec 1988 tourne vite à l’absurde. Endettements, chômage, déficits publics, rigidité de l’offre, la situation était explosive sous un régime de parti unique et de répression par la police politique. L’Algérie va connaître financièrement des tensions dans quelques années.
Cette chronique en évoque les motifs une semaine sur deux. Mais ce n’est pas cela qui fait plonger le dinar au Square qui pousse à la fuite des capitaux. Il existe depuis les printemps arabes un discours hyper alarmiste sur les périls qui menacent l’Algérie chez toutes les parties qui espèrent au statu quo. Ces risques sont bien sûr surdimensionnés et détournent du seul véritable péril : l’approche de la fin de la rente énergétique avec seulement 2 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures. Plus que d’autres, Louisa Hanoune excelle depuis des années dans la production d’un imaginaire algérien d’assiégé. Le résultat est monnayable. Des Algériens déstabilisés par le syndrome de «l’agression extérieure imminente», accélèrent la conversion de leur dinar en euros et spéculent de fait contre la monnaie nationale.
Personne ne peut soupçonner Louisa Hanoune, candidate de l’hypersouverainisme insulaire, de spéculer contre le dinar. Son influence sur la chute du dinar parallèle est pourtant, à sa modeste mesure, une partie de la réalité. Peut-être plus importante que celle de Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d’Algérie, qui a entre les mains les outils pour réduire l’écart entre dinar officiel et dinar parallèle l’un des plus forts pour une monnaie nationale en Afrique. Parmi les outils, les bureaux de change qui, pour démarrer, attendent depuis 22 ans un changement de la marge bénéficiaire de l’activité, inadaptée dans les textes d’application.
L’économie chinoise a fortement ralenti au cours des deux premiers mois de 2014 : Une information qui, chez Louisa Hanoune, ne sert pas, a priori, la théorie du complot étranger contre le leader anti-impérialiste algérien. Pourtant, cela peut être le début d’une mauvaise nouvelle pour «l’économie nationale». Tout s’est affaissé en Chine en 2014 : la croissance de l’investissement, celle des ventes de détail, et celle de la production industrielle sont tombées à des plus bas niveaux de l’ère marchande.
Le récent congrès du parti communiste chinois avait muni l’empire du milieu de nouveaux chefs, mais aussi d’une feuille de route économique qui prévoyait un réajustement du modèle hyper-exportateur au profit du développement de la demande interne. Avec le risque d’un errement d’«aiguillonnage» en route. C’est peut-être ce qui est en train de se produire avec des statistiques décevantes qui alertent les partenaires mondiaux de la Chine sur le risque d’un atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale. A l’inverse de la Banque d’Algérie de Mohamed Laksaci, la Banque centrale chinoise va sans doute maintenir sa gestion proactive du marché monétaire. Si la croissance du PIB baisse sous les 7,5%, un assouplissement du crédit est attendu. Mais la fin de l’histoire est plus préoccupante.
Le moteur de la croissance chinoise ne peut pas changer sans incidence. Si les carnets de commande de l’atelier du monde se vident trop vite, la demande chinoise ne pourra pas prendre la relève mécaniquement. Les exportations chinoises de février 2013 étaient de 18% plus basses que celles de février 2014. Préoccupant, par ricochet, pour les fournisseurs de la Chine. L’Algérie ? Depuis 2007 et la crise financière, ce sont principalement les besoins énergétiques colossaux de la croissance chinoise qui maintiennent le pétrole cher.
Les succès surviennent parfois là où ils ne sont pas attendus : Cette semaine a révélé la capacité du cyclisme a attirer des grandes marques, sur un territoire le professionnalisme, où le football échoue de le faire. Il est vrai que le modèle économique n’est pas tout à fait le même entre une équipe de cyclisme et un club de football. Ni les niveaux d’engagement financiers. Mais tout de même, le Grand Tour d’Algérie Cycliste (GTAC) a permis de découvrir l’arrivée d’Ooredoo et de Cevital qui ont donné leurs noms à des équipes algériennes, comme le fait Sovac avec une certaine réussite depuis plusieurs années.
Les retombées médiatiques sont très amples et l’image plus valorisante que celle des marques associées exclusivement au football sur, par exemple, le stade de Aïn Mlila où ont éclaté ce samedi des violences préfigurant peut-être une révolte du pays chaoui pour le meilleur et le pire. Tout n’a pas été malheureusement professionnel dans le GTAC. La DGSN n’a pas réussi à contenir le flot des voitures à Oran à l’arrivée de la seconde étape, et le directeur de course, français, l’a annulée. Encore des kilomètres à faire dans la protection des investissements en Algérie. Surtout lorsqu’il faut les protéger de la police.
Article paru dans le journal El Watan