Contre toute attente, le juge de la cour d’Alger, Ali Aichour, a aggravé ce dimanche 18 juin, la peine prononcée en première instance contre le journaliste, en détention, Ihsane El Kadi.
Le juge de la 6ème chambre pénale près la cour d’Alger a prononcé la décision devant une salle comble et face au journaliste Ihsane El Kadi, en visioconférence depuis la maison d’arrêt d’El Harrach. Sept ans de prison, dont cinq années fermes, et deux avec sursis. A peine entendu ce verdict, les amis et les proches du directeur de Radio M et Maghreb Émergent ont quitté la salle d’audience…sous le choc !
Interrogé à la sortie de la Cour, l’avocat du collectif de défense d’Ihsane El Kadi, Me Abdelghani Badi, a déclaré :« Nous sommes choqués par l’aggravation de la peine, porté de cinq ans, dont trois fermes, à sept ans de prison, donc cinq ans ferme. Ceci donne l’impression que la situation est très difficile sur tous les plans, surtout celui des libertés ».
Le juge Ali Aichour a aussi rejeté toutes les requêtes présentées, lors du procès en appel, par les avocats de la défense : Me Said Zahi, Me Zouiba Assoul et Me Abdallah Haboul. Il s’agit des vices de formes et l’inconstitutionnalité de plusieurs articles au sujet des violations des procédures qui entachent cette affaire depuis l’arrestation d’Ihsane El Kadi la nuit du 24 décembre 2022, et qui a été suivie par la mise sous scellés des locaux d’interface Médias, éditrice des médias Radio M et Maghreb Emergent.
« Ceux et celles qui ont assisté au procès en appel, il y a quinze jours, savent très bien que les requêtes sur les vices de formes, l’inconstitutionnalité, et sur le contenu, que la défense a présentées au juge montrent bien la gestion politique et sécuritaire de ce dossier et où il devrait s’arrêter dès le départ», soutient Me Abdeldhani Badi.
Et d’ajouter : « la défense a insisté sur le fait que cette affaire ne devrait même pas être traduite devant la justice parce qu’elle n’a rien à voir avec la réception de fonds, ni la propagande, ni même autre chose. Il s’agit en réalité de son parcours de journaliste. »
Lors du procès en appel, le 4 juin dernier, le collectif de défense, composé d’une dizaine d’avocats, a démontré que le parquet n’a présenté aucun fait prouvant la source du présumé financement étranger, ni un contenu médiatique prouvant qu’il y a propagande politique, ni même que cet argent a servi à faire de la propagande politique. Les avocats de la défense sont unanimes sur le fait qu’Ihsane El Kadi est emprisonné pour ses idées et son travail de journaliste.
Le verdict rendu ce dimanche par la Cour d’Alger ne sera pas définitif, si la défense dépose un recours devant la cour suprême pour un pourvoi en cassation avec une nouvelle composition du jury. « Je vois que le pourvoi en cassation est le seul choix qui reste pour nous et pour Ihsane El Kadi dans l’espoir que certains éléments changent et que la cour suprême puisse changer d’avis », estime l’avocat Badi. « La cour suprême peut accepter comme elle peut rejeter ce recours », ajoute l’avocat.
Par M.B