Parmi dix millions de sites web les plus consultés dans le monde, 4,3% utilisent la version 6 du Protocole Internet (IPv6). En Algérie, son adoption est très lente pour ne pas dire quasi inexistante.
Avec le succès du haut débit mobile, le besoin en adresses IP (Internet Protocol) ne cesse de croître. En vigueur depuis 1981, le stock d’adresses IPv4 est maintenant épuisé. Le passage à l’IPv6 était devenu non seulement obligatoire mais urgent vu que le maintien de la version 4 freinait le développement du Web. Il reste que depuis son lancement officiel, en 2011, l’engouement des opérateurs tarde à se réaliser. La part des sites web utilisant l’IPv6 progresse encore très lentement. Selon la société Alexa, spécialisée dans l’étude du trafic Internet, parmi les dix millions de sites web les plus consultés dans le monde, 4,3% utilisent l’IPv6. Aussi, la société Akamai, premier fournisseur de services de Cloud Computing et de réseaux de diffusion de contenu (CDN) pour la diffusion de médias et de logiciels, a réalisé une étude dans laquelle il annonce que l’engouement de l’Europe vers l’IPv6 est beaucoup plus important que celui des autres continents. Pour cette compagnie, la Belgique devient aujourd’hui le leader mondial pour l’adoption de l’IPv6, alors que les États-Unis arrivent à la sixième place. Toujours en Belgique, l’IPv6 représentait 14 % des demandes pour les sites hébergés par Akamai, lesquels supportent à la fois l’IPv4 et l’IPv6. C’est trois fois plus que le pourcentage observé durant l’analyse précédente. Akamai attribue cette hausse au déploiement de nouvelles capacités IPv6 par le fournisseur d’accès internet belge Telenet. « Désormais, environ 24 % des demandes des abonnés de Telenet passent par l’IPv6, et l’autre FAI belge Brutele obtient le même score », a déclaré Akamai. Selon l’hébergeur, sur la même période, « seuls les opérateurs Kabel Deutschland, en Allemagne, et Verizon Wireless, aux États-Unis, affichent un trafic IPv6 plus important ».
Croissance mondiale acceptable
Ces résultats fournis par Akamai se basent sur les volumes du trafic Internet et sur l’adoption de la technologie et qui comptabilise le trafic transitant par son réseau de diffusion de contenu ou Content Delivery Network (CDN). Mais l’étude qui éclaire plus sur le déploiement de l’IPv6 est celle qui a été réalisée conjointement par des chercheurs de l’université du Michigan, aux Etats-Unis, et des spécialistes de la question chez Arbor Networks, l’International Computer Science Institute et Verisign Labs. Cette étude a été présentée, en août dernier à Chicago, lors de l’édition 2014 de la conférence ACM SIGCOMM. Dans ce forum professionnel, les chercheurs ont affirmé que l’IPv6 gagne du terrain à l’échelle mondiale mais seulement avec un taux d’adoption de 0,6% du trafic mondial en 2014. Même si ce taux est considéré comme insuffisant, il s’avère très encourageant dans la mesure où il y a six ans, ce même trafic IPv6 représentait seulement 0,0026% du trafic mondial. « Ce travail montre que la compréhension de l’adoption IPv6 nécessite de multiples jeux de données montrant une myriade d’aspects du processus. En outre, avec une telle approche, nous nous sommes rendus compte que l’IPv6 devenait ‘une réalité’ en terme de croissance de ratio ou de trafic utilisant IPv6, ainsi qu’en terme d’accès au nouveau protocole par les utilisateurs de contenus et les protocoles » ont conclut les chercheurs. Comment peut-on définir cette nouvelle version du protocole IP ? C’est le protocole d’Internet qui constitue la base de la toile qui permet d’utiliser les quatre milliards d’adresses différentes pour connecter les ordinateurs, les smartphones et les autres noeuds reliés au réseau. La demande croissante d’adresses Internet oblige progressivement de passer du protocole actuel IPv4 à l’IPv6. EN fait l’adresse IPv4 compte 32 bits, contre 128 bits pour l’IPv6, ce qui donne des possibilités illimitées. Des observateurs affirment que plus de 667 millions de milliards d’adresses IP seront disponibles par mm2 de la surface de notre planète. Ainsi, les terminaux Internet se multiplient alors que le nombre d’adresses disponibles fond à vue d’œil.
Vaste chantier en Algérie
En Algérie, le déploiement d’IPv6 est un vaste chantier qui ne sort pas des répertoires de la pédagogie et des conférences. Le retard de déploiement est immense. Il s’explique non seulement par les coûts mais aussi par l’hésitation des acteurs du Web du pays à adopter l’IPv6. Pour rappel, depuis que l’AFRINIC, organisme habilité à attribuer les adresses IP pour les pays de la région d’Afrique, a accordé, en 2011, des blocs d’adresses IPv6 à trois firmes algériennes (Algerian Academic Network Research, Sonatrach, et le provider privé Anwarnet), il n’a été relevé aucune évolution de ce projet.
Selon les statistiques publiées par le site www.vyncke.org, l’Algérie occupe les dernières places parmi 125 pays en terme d’adoption de l’IPv6, avec des scores médiocres. Elle arrive à la 119e place (score 2%, soit 1 site sur les 50 sites mesurés) concernant les sites Web transitant via l’IPv6. Elle occupe le 120e rang en matière d’emails délivrés via l’IPv6 (même score que la précédente mesure). Et la 115e place (sur 125) concernant les serveurs DNS accessibles via l’IPv6 (3%, soit 3 sur 50). Par comparaison avec d’autres pays du Maghreb (concernant les mêmes tests), la Tunisie est classée respectivement 67e, 6e, et 3e. Quant au Maroc, il est classé 70e, 78e, et 84e.