L’Algérie tente de remuer ciel et terre pour récupérer l’argent liquide qui échappe aux banque, au profit de l’économie informelle, estimé jusque-là par le président de la République à environ « 90 à 100 milliards de dollars ». L’un des instruments financiers censés attirer ces fonds vers les banques est la création de guichets de la finance islamique. Pourtant, le chef de l’Etat semble ne pas y croire plus que ça.
Et pour cause, lors de son entrevue avec des représentants de la presse nationale, hier dimanche 10 octobre, Abdelmadjid Tebboune a réagi à une question sur l’évaluation qu’il fait de l’activité liée à la finance islamique en bottant en touche : « qui vivra verra », répond le président.
Pourtant, il a souligné qu’il « existe des expérience de certaines banques privée, qui n’ont pas été concluantes, mais que ce n’est pas le cas de toutes les banques privées « . « Nous n’avons pas de projections », a-t-il affirmé. « Il y a une volonté pour le changement, il y a certains acquis mais l’on doit instaurer ces réformes financières. J’avais appelé à faire ce travail notamment via la proposition d’intégrer la finance islamique dans le circuit bancaire ». A rappelé le chef de l’Etat.
Pour ce qui est de la réforme du système bancaire, Tebboune a déclaré que depuis son investiture, il ne cesse de « revendiquer des changements au niveau des banques, de la Banque centrale et du système financier en général ». « Nos banques fonctionnent de la même manière qu’il y a 15 et 20 ans. Pourtant, le monde a changé ». A-t-il déclaré. Selon le président, « 85% de l’économie est entre les mains des privés et ce même taux de notre économie est financée par l’Etat ».
Interrogé au sujet du manque d’attractivité économique des produits de la finance islamique, l’expert financier Boubekeur Sellami a indiqué que ce segment d’activité bancaire souffre du manque de publicité et de vulgarisation, et ce malgré la campagne de communication dont il a fait l’objet. Par ailleurs, il pointe du doigt les marges qui sont appliquées par les banques parfois à des pourcentages qui dépassent les 40% dans certains cas.
D’autre part M. Sellami explique que les textes de loi et les mécanismes juridiques qui régissent ce type de produits gagneraient à être clarifiés, en insistant par exemple sur la distinction entre la finance classique et la finance islamiques, aux niveaux économique et conceptuel.
Depuis 2018, un cadre réglementaire a mis en place et mis à jour en mars 2020 par l’instauration des comités « charia » dans les directions générales des banques, mais également la création d’un Commission nationale de la charia chargée d’élaborer des fatwas pour l’industrie financière islamique. Ceci n’a pas suffit pour pousser les détenteurs de fonds à formaliser leur argent et investir dans les différentes formules islamique mis en place (mourabaha, moucharaka, moudaraba, ijara et Takaful pour les assurances).
Pou rappel, le ministre des Finances et Premier ministre, Aimene Benabderrahamane, avait proposé en mars 2021, « l’introduction dans la Loi de finances de mesures visant à préserver l’équité fiscale, étant donné que les produits bancaires régis par les préceptes de la Charia sont similaires aux transactions conventionnelles ».