Dans son entrevue la semaine dernière avec la cheffe de la mission du Fonds monétaire international ( FMI ) en Algérie, le ministre de l’industrie, Ahmed Zeghdar, est revenu sur les changements introduits dans le cadre juridique liés à l’investissement en mettant en avant la stabilité et les garanties qu’offre la nouvelle loi sur l’investissement.
Il a notamment mis en exergue les avantages et les incitations aux investissements locaux et étrangers ainsi que les mécanismes de soutien et d’accompagnement des investisseurs.
Le projet de loi de finances ( PLF) pour 2023 prévoit, à ce titre, une série de mesures portant sur la mobilisation des ressources, l’inclusion fiscale et la facilitation procédurale. Mais quel serait justement l’impact sur l’essor de l’investissement en Algérie, notamment pour les deux prochaines années ?
Le retard accusé dans le développement des filières stratégiques à l’image des industries agroalimentaires, mécaniques , électroniques et électriques, justifie cette interrogation. Mais également l’inquiétude et l’appréhension des acteurs qui sont sur le terrain.
Dans une note rendue publique le 11 novembre dernier , le cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise ( CARE) est revenu longuement sur ce dossier. Il s’interroge surtout sur les effets de la nouvelle loi sur l’investissement. Car, même si les textes réglementaires d’application de la loi ont été rapidement promulgués, il reste à savoir comment les mesures se traduiront concrètement en termes de croissance.
« Le véritable Talon d’Achille de la politique publique d’investissement de l’Algérie n’est pas tant celui des ressources mobilisées que celui de leur faible contribution à la croissance de l’économie nationale », estiment à ce sujet les rédacteurs de la note.
Se référant à un rapport de la CNUCED ( Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), le cercle relève le déséquilibre entre les ressources mobilisées pour l’investissement et les résultats en matière de croissance
Aller au-delà de la levée des obstacles juridiques
En effet, si l’Algérie fait partie de l’un des pays au monde où l’effort d’investissement est le plus élevé, l’efficacité, en revanche, ne suit pas en termes de croissance économique sur le terrain. Autrement dit, la formation brute de capital fixe (FBCF) ou bien le poids de l’investissement global par rapport au produit intérieur brut ( PIB), ( FBCP/ PIB), est beaucoup plus important comparativement à la croissance réalisée. Ce taux a été de 44,9% entre 2010 et 2020 pour une croissance de 2% alors que la moyenne mondiale de la FCPB/PIB a été au cours de cette période de 25,7% ( contre 23,2% en Afrique) pour une moyenne de 2,5% (contre 3% en Afrique).
Parallèlement, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée dans le PIB n’a été que de 4.3% durant la période de référence pour des aspirations à hauteur de 15%. Ce ne sont pourtant pas les dépenses qui ont manqué dans ce cadre. Le constat est valable, selon CARE, sur les cinquante dernières années et pas seulement depuis 2010.
D’où la nécessité, selon la même source, d’apporter des réponses à cette inefficacité pour relever l’enjeu de l ‘heure, à savoir diversifier les activités productives hors hydrocarbures pour relever le taux de croissance en allant au-delà de la levée des obstacles juridiques. D’autres pas restent à franchir.
N.A.