En un an, le portail vidéo participatif Chouf-chouf s’est imposé sur le Web comme le site de référence des vidéos sur l’Algérie. Boosté par l’actualité des Présidentielles, la plateforme enregistre aujourd’hui près de 350.000 visiteurs par mois. Retour sur cette expérience participative avec son fondateur Karim Amellal.
Comment est né Chouf-Chouf ?
Chouf-chouf est né de plusieurs constats. Tout d’abord, nous avions remarqué qu’il n’existait pas de pure-player en Algérie centré sur la vidéo. Or les Algériens en sont particulièrement friands, plus que leurs voisins Tunisiens et Marocains par exemple. Les jeunes produisent énormément de vidéos, à travers des montages simples mais créatifs. Il existe donc une forte demande sociale à laquelle nous avons voulu répondre en offrant un espace où le citoyen est acteur du contenu. Le côté participatif du site est un aspect essentiel. Notre volonté est de rassembler tous ceux qui s’intéressent à l’Algérie, d’où qu’ils viennent et où qu’ils soient, par delà les frontières éthiques et religieuses. Nous avons, par ailleurs, constaté l’existence sur la Toile de millions de vidéos sur l’Algérie mais des difficultés pour y accéder simplement. Chouf-chouf, centralise ces vidéos, les édite et les classe. Le portail vidéo participatif a été lancé en mars 2013 après environ six mois de travail pour élaborer la plateforme et réunir des fonds nécessaires au lancement. Notre première levée de fonds, qui nous a permis de payer le développeur et de nous laisser du temps, s’élevait à 25.000 euros. Nous avons commencé avec une masse critique de 700 vidéos. Un an après, nous en sommes à 3000.
Comment fonctionnez-vous ?
Les internautes nous envoient des liens de vidéos, par courriel ou via le site, mais aussi beaucoup à travers Facebook et Twitter, car les réseaux sociaux représentent un tournoyeur de contenus. La plupart sont des vidéos existantes mais nous recevons aussi des vidéos inédites. Nous sommes agréablement surpris de voir que beaucoup de gens prennent un après-midi pour réaliser un petit montage, en plus de leur travail. Nous avons ainsi une dizaine de super-contributeurs entre la France et l’Algérie qui sont une ressource précieuse. On reçoit aujourd’hui en moyenne une quarantaine de vidéos et ce chiffre augmente de jour en jour. Les contributions proviennent essentiellement d’internautes algériens âgés entre 25 et 40 ans. Toute cette matière est revue par l’équipe de rédaction bénévole – composée des deux membres fondateurs, moi-même et le journaliste Rémy Yacine, de trois personnes à Paris et quatre à Alger – qui la met en ligne accompagnée de quelques lignes d’explication. Nous rédigeons les textes, les titres et hiérarchisons les vidéos. Même la matière brute que l’on reprend est mise en scène et valorisée. C’est ce traitement avec une valeur ajoutée qui plaît aux internautes. Par ailleurs, nous produisons aussi nos vidéos qui représentent environ 5 à 10 % de l’ensemble du contenu de la plateforme.
Quel est votre public ?
Notre audience se trouve, aujourd’hui, à 80 % en Algérie et je m’en réjouis car je voulais que Chouf-Chouf soit un média pour les Algériens en Algérie. Ce n’était pas le cas au début où la diaspora représentait la plus grande partie de notre public. En termes de fréquentation, nous tournons, à présent, autour de 350.000 visiteurs par mois. On peut dire que le trafic augmente substantiellement depuis deux à trois mois. Ça fonctionne, il y a une dynamique. Et les élections présidentielles d’avril prochain nous aident bien !
Quelles sont vos vidéos « stars » ?
Ces derniers temps, nos meilleurs « hits », c’est-à-dire les vidéos qui ont enregistré plusieurs dizaines de milliers de clics, concernent surtout les Présidentielles. Les clips critiques envers Abdelaziz Bouteflika et son Premier ministre Abdelmalak Sellal, les manifestations contre le 4e mandat, les feuilletons à rebondissement du candidat Rachid Nekkaz, etc. ont toutes été très vues. Ce que produisent les chaînes de télévision privées telles que Ennahar et Echourouk sont aussi très regardées. Au-delà de l’actualité, toutes les interviews que nous réalisons nous- mêmes remportent un franc succès, à l’image de l’interview de Souad Massi. Ce qui marche très bien, en général, ce sont les vidéos qui mêlent politique et ironie à la manière des humoristes. Celles qui valorisent l’Algérie, autour de ses talents notamment, fonctionnent aussi bien. Enfin, les images d’archives connaissent un réel engouement à l’exemple du voyage de Ben Bella à Washington ou les vues d’Alger en 1896
Quels sont vos projets pour 2014 ?
Notre priorité est de chercher des investisseurs pour refaire une augmentation de capital qui permettrait de lancer une nouvelle version du site dans laquelle la partie langue (berbère et arabe) serait renforcée. Il s’agit également d’enrichir le contenu enrichi et de renforcer la partie participative. Nous sommes aussi de plus en plus sollicités pour des partenariats avec d’autres médias. C’est positif car nous recherchons la complémentarité et non la concurrence.