L’Algérie doit éviter la bulle immobilière et les tensions sociales entre 2016/2020 (Contribution) - Maghreb Emergent

L’Algérie doit éviter la bulle immobilière et les tensions sociales entre 2016/2020 (Contribution)

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 Le gouvernement Algérien se doit de porter une attention particulière sur le danger d’une bulle immobilière en Algérie en cas de chute du cours des hydrocarbures avec des conséquences dramatiques sur tous les segments et les couches qui bénéficient de taux d’intérêts bonifiés, qui seront dans l’incapacité de rembourser, mettant en danger le système financier qui ne pourra plus être recapitalisé.

 

 

 

Il s’agit de dresser un bilan objectif afin d’évier les erreurs du passé, évitant de vivre dans l’illusion de l’aisance financière du passé et cela concerne tous les secteurs. Face au rétrécissement    de l’offre de marchés publics et à la détérioration du pouvoir d’achat, certaines  entreprises   du BTPH ne risquent –elles pas d’être confrontées  à une bulle immobilière ? Comme toute la société  algérienne est irriguée par la rente des hydrocarbures, il est  donc  important  de comprendre les nouvelles mutations énergétiques objet de ce présent warning.

 

1.-Le 04  janvier 2016, en début de matinée, le cours de l’euro/dollar  était de 1,0909 dollar ;  le cours du dinar algérien 106,90 dinars un dollar, 116,8633 dinars un euro ; le cours du WIT est coté à 37,46  dollars et 37,97 dollars le Brent. Une révolution technologique à grande échelle est en train  de s’opérer dans toutes les  filières énergétiques  avec une baisse des coûts  et c’est une erreur stratégique de raisonner  en termes de modèle de consommation linéaire. Nous assistons à de nouveaux rapports de fores au niveau mondial avec  l’accroissement de la production américaine du pétrole/gaz de schiste dont le Congrès vient d’autoriser après 40 ans  les exportations vers l’Europe vers 2017, approchant en millions de barils jour la production de l’Arabie Saoudite. Comme fin 2016 nous assisterons à l’entrée du Mozambique 3ème producteur d’Afrique dès 2016, dès janvier 2016 l’Iran qui par la voix de son ministre de l’énergie  vient de faire savoir qu’elle accroîtra sa production pour reconstruire son économie quelque soit le prix directeur du pétrole.  L’Irak malgré les tensons vient accroître  sa production en 2014 et  également la Russie malgré les tensions  en Ukraine, sans compter les impacts  de la stabilisation au Moyen Orient avec les importantes découvertes en en méditerranée orientale. Face à l’abondance de l’offre, la concurrence  russe, du Qatar, de la Norvège, de l’Iran deuxième réservoir de gaz traditionnel au niveau mondial, les européens demandent  l’alignement sur le marché spot du prix du gaz algérien, la Russie écoulant déjà environ 25%  au prix du marché spot selon les  accords de Berlin. L’Algérie  a perdus  des parts  marché étant passée de 13/14% à 8% du marché européen contre 30% pour la Russie en 2014.   Par ailleurs,  l’Arabie Saoudite (plus de 900 milliards de dollars de fonds souverains) et les pays du Golfe représentent  60% du quota OPEP qui avoisine seulement  33% de la production commercialisée mondiale, il n’est pas question d‘abaisser leur production. Cela a été démonté lors de la dernière réunion de l’OPEP ou contrairement al demande algérienne  et vénézuélienne, le quota a été porté à 31,5 millions de barils/jour au lieu de 30 millions barils jour avec en plus l’entrée de l’Indonésie. La demande d’hydrocarbures est tributaire fondamentalement de la croissance de l’économie mondiale et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial, et les perturbations financières actuelles montrent clairement que l’impact de la crise financière de 2008 n’est pas encore terminé du fait que l’on ne s’est pas attaqué aux fondamentaux. Et ce, malgré certains progrès des accords de Bâle III pour encadrer les banques, mais insuffisant faute d’une approche macro-économique globale et d’une régulation mondiale. Bien que la dette extérieure de l’Algérie est inférieure à 4 milliards de dollars, avec encore d’importantes réserves de change, bien qu’ en  nette diminution, plus de 45 milliards de dollars  depuis janvier 2014,  cette crise a un impact sur l’économie algérienne totalement extériorisée via les hydrocarbures, 98% des recettes en devises et important 70% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% pour les entreprises publiques et privées. Le secteur industriel représente moins de 5% du PIB  er sur ces 5%, plus de 95% sont des PMI/PME peu initiées à la concurrence internationale.  Comme conséquence, sans réformes profondes, il y a risque d’épuisement progressif du fonds de régulation des recettes début 2017, et des réserves de change horizon 2018, dans l’hypothèse d’un manque de vision stratégique, d’un non changement de gouvernance et de la politique socio-économique, loin des mesures techniques actuelles de court terme , la  planifications stratégique  étant  une urgence de l’heure.

2.-Le dérapage du dinar passant de 75 dinars à 106/107 dinars sur le marché officiel, de 140 dinars  à plus de 80 dinars sur le marché parallèle aura un impact à la fois sur le cout des entreprises  et le pouvoir d’achat des algériens en plus de certaines mesures fiscales contenues dans la loi de finance 2016. Lors de la  présentation  de la loi des fiances le Ministre des fiances aurait du  être plus clair pour l’augmentation des prix des carburants car le prix  final à la pompe inclut le TPP (Taxe sur les produits pétroliers), expliquant le prix actuel à  la pompe. Comme le dérapage du dinar appliqué aux biens à l’importation inclut les taxes douanières calculées par rapport au cours du dinar sans compter les frais de distribution pour arriver en fin de parcours au consommateur. Dans ce cas,  des ajustements économiques et sociaux plus douloureux sont à prévoir entre 2016/2020  avec un amenuisement du pouvoir d’achat pouvant diminuer de l’ordre de 30 à 50%, selon la stratification sociale mais touchant les plus démunis à court terme devant éviter le nivellement par le  bas au détriment des couches moyennes : que l’on analyse le cas actuel de la Grèce qui n’a que 11 millions d’habitants avec un PIB supérieur à celui l’Algérie qui dépasse 40 millions d’habitants. Comme le PIB est irrigué à 80% directement et indirectement par la dépense publique via les hydrocarbures, nous devrions assister à une nette baisse du taux de croissance. Comme le taux d’emploi est fonction dut aux de croissance des segments  productifs, il s’ensuit automatiquement à un accroissement du taux de chômage, dont le taux officiel est biaisé artificiellement déjà par les sureffectifs et les empois rentes. La  dévaluation progressive du dinar tant par rapport au dollar que de l’euro (200 dinars un dollar en cas d’amenuisement des réserves de change  qui tiennent  cours du dinar  plus de 70%,) devrait accroitre  les tensions inflationnistes. Parallèlement le profit net de Sonatrach,(97% des exportations avec les dérivées)  déduction des charges   de 20% sera d’environ  de 27 milliards de dollars au cours de 60 dollars, 21 milliards de dollars de profit net  au cours  de 50 dollars et 15/16 milliards  de dollars au cours de 40 dollars impactera négativement la dépense publique  dont le BTPH  et par ricochet  le taux  de croissance. La baisse des recettes de Sonatrach  impactera également le montant   des subventions mal ciblées  et des transferts sociaux, 60 milliards de dollars en 2014 soit 27% du PIB). Les banques devront forcément relever leur taux d’intérêt, qui doit être supérieur au taux d’inflation pour éviter leurs faillites, ne pouvant plus être recapitalisées via la rente des hydrocarbures. La dévaluation rampante du dinar équivaut à réaliser une épargne forcée au profit de l’Etat (voilant l’importance réelle du déficit budgétaire et gonflant artificiellement le fonds de régulation des recettes)  en amenuisant les revenus mais également l’épargne en liquide accumulée thésaurisée qui tendrait vers zéro.  Dès lors se manifestera l’insolvabilité de bon nombre de citoyens du fait de la hausse des taux d’intérêts et de la baisse de leur pouvoir d’achat, ayant acquis soit des logements à des taux d’intérêts bonifiés ou ayant bénéficié d’autres avantages financiers et fiscaux avec pour conséquence une véritable crise économique, sociale et politique. Dans ce cadre il ya lieu de faire extrêmement attention aux effets négatifs du  crédit de la consommation,  le blocage en Algérie résidant en la faiblesse de l’offre et non de la demande gonflée artificiellement, afin d’éviter les insolvabilités  de certains ménages, devant rembourser à la fois le principal mais également les intérêts. La centrale  des risques  au niveau de la banque d’Algérie    devra travailler en temps réel pour recueillir des informations fiables car le revenu est corrélé à plus de 70% à la rente es hydrocarbures. Nous aurons alors le même effet de l’impact de la crise de 1986 où pendant les années 1989/1991 pour les projets agréés par l’OSCIP, où le taux d’intérêt était passé de 5% à 15% ayant entraîné la faillite de bon nombre d’opérateurs privés et accru l’endettement des entreprises publiques. C’est la même situation qu’ont connue les USA lors de la crise de 2008 ou celle de l’Espagne qui a misé sur le BTPH (où d‘ailleurs en Algérie l’on utilise les anciennes méthodes de construction fortes consommatrices de rond à béton, de ciment et d’énergie), et qui a connu la plus grave crise économique de son histoire. Paradoxalement en cas de résolution de la crise de logements sans relance économique réelle, avec cette individualisation (un couple même logé ne peut vivre avec 20.000/30.000 dinars net par mois), l’on prépare le nid à de vastes contestations sociales. Car actuellement plusieurs familles vivant sous le même toit, avec un revenu familial global (même marmite, partage des charges d’eau, d’électricité etc). La crise de logement atténue la détérioration du pouvoir d’achat individuel augmente le revenu familial consolidé et assure une certaine cohésion sociale.

4.-Évitons ces réunionites et commissions, signe d’une non maîtrise que l’on voile par de l’activisme, car le diagnostic est connu, toujours depuis 20 ans avec les mêmes hommes et experts qui avaient prédit un retour du cours à 100 dollars en contrepartie d’une rente et d’une soumission contre productive, et qui avaient proposé au gouvernement et qui disent tout le contraire aujourd’hui, des solutions déconnectées des réalités sociales internes et des nouvelles mutations mondiale. En raison de la persistance de la crise mondiale, et des nouvelles mutations énergétiques mondiales s’orientant  vers un MIX énergétique,  les tendances baissières du cours des hydrocarbures traditionnels seront de longue durée  comme j’ai eu l’occasion de le souligner entre 2010/2014 dans de nombreuses contributions à la presse nationale et au cours d’une conférence « crise mondiale, Sonatrach et le marché européen de l’énergie » en 2011 à l’invitation du parlement européen à Bruxelles et en 2012 au Sénat français. Aussi, j’attire l’attention du gouvernement sur le danger d’une bulle immobilière en Algérie avec le risque de tensions sociales aiguës ,  devant changer  de politique économique. Le gouvernement  a jusqu’ à présent  misé  essentiellement sur les infrastructures et le BTPH alors que l’adaptation aux nouvelles mutations mondiales  de l’Algérie  doit reposer sur l’entreprise créatrice de richesses, privée locale, internationale ou publique et son fondement  l’économie de la connaissance  loin de l’ère mécanique du passé en termes de coût/qualité et éviter  l’illusion que c’est le capital argent(moyen seulement )  qui crée la richesse.  Cela implique  la bonne gouvernance et à la mise en place d’institutions adaptées, couplées selon une vision stratégique de long terme avec la lutte contre la bureaucratie qui engendre la corruption,  la réforme du système socio-éducatif et du système financier algérien, notamment public qui concentre plus de 85% des crédits octroyés (enjeu de pouvoir et poumon des réformes), supposant de grands ministères notamment de l’économie et de l’éducation nationale  sous tendus par des objectifs stratégiques. Cela conditionne le choix de segments en termes d’avantages comparatifs  dans le cadre des valeurs internationales (industrie-agriculture-services) notamment en co-partenariat si l’on veut réaliser cette transition d’une production et exportation hors hydrocarbures elle même liée à la transition énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif. L’Algérie ne peut continuer à reposer sur des schémas  de développement dépassés   et  à verser des traitements et salaires sans contreparties productives et à dépenser sans compter. Il y a urgence, de prendre des décisions concrètes, loin des bureaux climatisés au sein, d’un front le plus large possible sans exclusive car les intérêts supérieurs de l’Algérie sont menacés personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme. L’austérité doit être partagée supposant une moralité sans faille de ceux qui gouvernent la Cité.  Pour des raisons de sécurité nationale, les réformes structurelles deviennent urgentes, devant concilier efficacité économique et cohésion sociale. Elles seront  difficiles car déplaçant des segments de pouvoir, devant  dialoguer et  bien communiquer  pour forcer les résistances au changement et emporter  l’adhésion de l’immense majorité  de la population

 

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