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Hydrocarbures

L’Algérie s’oppose à une démarche hyper-extractive d’Anadarko à El Merk

Par Maghreb Émergent
mars 18, 2014
L’Algérie s’oppose à une démarche hyper-extractive d’Anadarko à El Merk

El Merk 

Le gisement d’El Merk est entré en production en mars 2013 et les premières quantités de brut ont été exportées en mai. Mais les deux partenaires, Sonatrach et l’américain Anadarko, n’ont pas la même vision sur la gestion du niveau de production. Alger limite la production à 85.000 barils/jours.

 

 

L’Algérie a refusé une démarche « hyper-extractive » de l’américain Anadarko qui veut pousser rapidement la production à 127.000 barils/jour.  Les tentatives du groupe américain d’augmenter la production du brut du gisement EL Merk, dans le bassin de Berkine à Illizi qu’il développe depuis 2013 avec son partenaire algérien Sonatrach se heurtent à un niet catégorique des dirigeants du secteur des hydrocarbures. Le ministre de l’Énergie et des mines, M. Youcef Yousfi, actuellement Premier Ministre par intérim, a rejeté les demandes d’augmentation de la production demandées par le groupe américain, indiquent des sources proches du dossier à Maghreb Emergent. Ce refus a été signifié à Anadarko via l’Agence nationale de valorisation des hydrocarbures (ALNAFT). Il est motivé par des impératifs de gestion raisonnée des réserves pétrolières de l’Algérie inscrites dans une stratégie de préservation des réservoirs, ajoute-t-on de même source. Au lieu des 127.000 barils/jour, Sonatrach et Anadarko sont astreints, selon un nouveau plan de développement adopté en 2013 par Alnaft et transmis au groupement Berkine chargé du développement du projet, de rester autour d’un niveau de production de 85.000 barils par jour de brut. Sonatrach et Anadarko qui sont déjà partenaires dans le champ HBNS situé également dans le bassin de Berkine et dans Ourhoud, doivent atteindre une production à plein régime de 100.000 barils par jour dans El Merk, dont 85.000 barils de brut et 15.000 barils de condensat, selon ce nouveau plan. « L’objectif est de maintenir un plateau de production conservatoire de 85.0000 barils/ jour, au moins pendant six ans », dans El Merk un méga gisement, dont les réserves prouvées sont estimées à 1,2 milliard de barils de pétrole et de condensat, précise-t-on.

Anadarko reste dans le schéma de Khelil

Les américains d’Anadarko veulent rester sur les quantités prévues dans le premier plan de développement du gisement d’El Merk, approuvé en 2008 par l’ancien ministre de l’énergie, Chakib Khelil.  La politique hyper-extractive de pétrole et de gaz naturel menée par l’ancien ministre était un motif de controverse, des experts algériens lui reprochant de transformer de « l’énergie fossile en bons de trésor américains». C’est le cœur même de la politique de Chakib Khelil dont la remise en cause était prévisible avec l’arrivée de Youcef Yousfi. L’américain Anadarko semble regretter la période Khelil et continue de défendre avec acharnement le plan de développement initial qui permet de pomper jusqu’à 127.000 barils par jour de brut et 30.000 barils de GPL. Anadarko a, en ce sens, engagé une nouvelle demande officielle pour augmenter sa production. Dans son dernier rapport d’activité, publié début mars, Anadarko anticipe déjà un retour sur investissement dans le projet El-Merk, une année seulement, après son entrée en production. Dans son rapport d’orientation pour 2014, Anadarko dit s’attendre à des bénéfices sur toute l’année du « gisement de classe internationale » d’El Merk et à une augmentation de la production de l’ordre de 30%.  Anadarko table de ce fait sur un volume de vente de brut en provenance de l’Algérie oscillant entre 169 et 173 milliers de barils par jour pour le premier trimestre 2014 et une moyenne de 181 et 187 milliers de barils pour toute l’année en cours.

Préserver les réservoirs

 Mais ces objectifs « à la Khelil » ne sont pas les bienvenus désormais. « On veut préserver nos réservoirs pour ne pas produire d’une façon anarchique. Personne ne peut forcer la main à Alnaft», affirme-t-on du côté algérien. On relève que le maintien de la pression des 80 puits de ce méga- gisement, dont le développement a couté 4,5 milliards de dollars, a été la cause du premier différend entre le groupe américain et l’Algérie. Anadarko, chef de file du groupement (ConocoPhillips, Eni, Maersk et Talisman) participant à ce projet, se souciait peu, relève-t-on, du maintien de la pression des puits. Il a même voulu entamer l’extraction de brut sans injecter de l’eau dans les puits mais Sonatrach s’y est opposé et a exigé cette injection. On souligne à ce propos que le projet prévoit l’utilisation pour la première fois en Algérie de  la technique du “WAG” (Water Alternate Gaz) qui consiste à injecter alternativement du gaz et de l’eau dans les puits de pétrole pour provoquer une pression qui fera remonter les hydrocarbures en surface.  La méthode permet l’amélioration de 10% du taux de récupération des puits.

 

 

 

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