L’Algérie, suspendue au retour d'hospitalisation de Bouteflika avant de se lancer dans la présidentielle - Maghreb Emergent

L’Algérie, suspendue au retour d’hospitalisation de Bouteflika avant de se lancer dans la présidentielle

Facebook
Twitter

A la veille de la convocation du corps électoral pour la présidentielle d’avril 2014, le président Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé au Val de Grâce, à Paris, pour de nouveaux contrôles médicaux.

 

Le communiqué de la présidence de la république diffusé mardi, annonçant l’hospitalisation de M. Abdelaziz Bouteflika au Val de Grâce depuis lundi, se veut rassurant. Il s’agit d’un contrôle médical « routinier », convenu depuis juin 2013. Il n’est dicté par « aucune procédure d’urgence », assure le communiqué, selon lequel l’Etat de santé du chef de l’Etat s’améliore « sûrement » et de « façon progressive ».

Ce ton rassurant n’a cependant pas d’impact particulier, car l’information officielle n’est plus crédible en Algérie. Et dans chaque communiqué officiel, les Algériens ont appris à chercher la faute, particulièrement depuis le 27 avril dernier, lorsque des médecins n’ont pas hésité à mentir, pour affirmer que le chef de l’Etat avait été victime d’un accident ischémique transitoire. Ce n’est que plus tard, lorsque le chef de l’Etat a été montré en chaise roulante, ne pouvant se mouvoir seul, que des officiels ont reconnu, du bout des lèvres, qu’il s’agissait d’un AVC, avec des séquelles très sérieuses.

Cette fois-ci encore, il y a eu un impair. Rien n’empêchait d’annoncer l’hospitalisation du chef de l’Etat avant son départ au Val de Grâce, pour lever toute équivoque. En l’annonçant après coup, alors que la rumeur avait déjà circulé à Alger et à Paris, les autorités algériennes ont donné l’impression de vouloir rattraper une nouvelle bévue. Mais le mal était fait.
Coup d’accélérateur
La confusion qui s’en est suivie a montré à quoi est réduite l’Algérie depuis quelques années. Elle vit au rythme des bulletins de santé du chef de l’Etat. Celui-ci n’est plus perçu au travers de ses choix politiques, de ses initiatives internes et à l’échelle internationale, ou de sa capacité à gérer le pays. Les discussions portent sur sa capacité à se mouvoir, sur sa lucidité, ses chances de récupérer ses capacités physiques et intellectuelles, notamment en vue de briguer un quatrième mandat.

Son hospitalisation survient, en outre, à un moment où la vie politique du pays devrait s’accélérer. Dès son retour, prévu pour vendredi, le chef de l’Etat devrait signer le décret portant convocation du corps électoral pour la présidentielle d’avril prochain. Dans la foulée, M. Ali Benflis, qui apparait comme le rival le plus sérieux du chef de l’Etat, en cas d’élection libre, devrait annoncer sa candidature, dimanche prochain. Les candidats à la candidature seront alors connus, et il sera possible d’y voir plus clair, notamment pour savoir qui d’entre eux pourra collecter les parrainages nécessaires pour participer à la compétition, et si les poids lourds du FLN et du RND y participeront ou non. Leur abstention signifierait clairement que M. Bouteflika est partant pour un quatrième mandat.
Sellal, lièvre ou tortue ?
Reste l’énigme Sellal. Le Premier ministre est clairement en campagne. Il parcourt le pays, exactement comme l’avait fait le président Bouteflika à la veille de la présidentielle, quand il en avait la capacité physique. Abdelmalek Sellal le fait-il pour le compte du chef de l’Etat, ou pour son propre compte, pour pallier une défaillance éventuelle de M. Bouteflika, comme le lui prêtent de nombreux chefs de partis ?

Ce rôle ambigu pourrait trouver une explication originale évoquée par une vieille connaissance de M. Bouteflika. Selon cet homme, retiré de la vie politique, le patron du FLN, Amar Saadani, et Abdelmalek Sellal, publiquement en désaccord, jouent en fait la même partition sur deux tons différents. Ils ont tous deux pour rôle de convaincre le chef de l’Etat d’amender la constitution pour créer un poste de vice-président. M. Saadani exprime cette demande publiquement, alors que M. Sellal montre, sur le terrain, que le chef de l’Etat n’a rien à craindre d’un vice-président. « Si le président Bouteflika accepte un vice-président, un boulevard va s’ouvrir devant lui pour un quatrième mandat. Mais il a intérêt à maintenir le suspens jusqu’à l’ultime minute ».

Facebook
Twitter