Convertibilité du dinar, réforme fiscale,nouvelle gestion du secteur de l’énergie, rationalisation des dépenses budgétaires,simplification administrative,évaluation des politiques publiques,réforme du secteur financier, la liste des idées nouvelles de la campagne présidentielle n’est pas exhaustive.
La campagne électorale aura au moins eu le mérite d’ouvrir le débat économique à un vaste spectre de propositions et de relayer au plan politique, des idées souvent inspirées du débat interne de ces dernières années.
Au final beaucoup d’idées, parfois très stimulantes, même si elles n’échappent pas toujours au reproche de favoriser une certaine « prolifération institutionnelle »,en cédant quelquefois à la tentation de « créer une agence par problème ». Dans cet exercice,l’impartialité commande de souligner que le programme du candidat Benflis s’est montré particulièrement créatif, même si quelques idées d’un libéralisme volontairement provocant sont à mette à l’actif de Ali Benouari. A contraire, le programme du candidat Président aura brillé par une absence d’imagination évidente.
Parmi les nouveautés du programme du candidat Bouteflika,qui n’en compte finalement pas beaucoup, on retiendra pour mémoire la création d’un « Observatoire du service public » qui aura pour prérogatives de réaliser des études, formuler des propositions et réaliser des enquêtes d’opinion pour contribuer à « remédier aux imperfections et à bannir la bureaucratie et l’inefficacité »…
Le climat des affaires en vedette
Le désormais fameux climat des affaires aura été une des vedettes de cette campagne, avec au menu, la proposition du candidat Benflis d’engager,dès le 1er semestre 2014, un « Plan d’Urgence de Simplification Administrative », qui concernera toutes les procédures, notamment en matière de traitement des dossiers de création d’entreprises. Creusant le même sillon Ali Benflispropose aussi la création de « l’Agence Nationale de l’Entreprise » afin d’intégrer au sein d’une seule agence, des représentations de toutes les administrations qui interagissent avec les entreprises, ainsi que le lancement d’une « Initiative Nationale de Transparence Financière »,qui permettra notamment d’achever la mise en place de toutes les centrales d’information de crédit, de paiement et de défaut de paiement.
L’amélioration du climat des affaires passe aussi de façon plus radicale pour Ali BENOUARI par l’utilisation du puissant levier d’une réforme monétaire basée sur un « nouveau dinar totalement convertiblequi vaudra environ un euro et dont la valeur sera fixée à 100 anciens dinars ».
La réforme fiscale en profondeur
La réforme fiscale, de préférence « profonde », était également au menu de cette campagne. Dans ce domaine aussi, les propositions de AliBenouari tentent de marquer les esprits avec une “flat tax” uniforme de 10%, sur tous les revenus des contribuables (en dehors du secteur des hydrocarbures), quelque soit leur statut de personnes physique ou morales, tandis que les revenus les plus faibles seront exonérés d’impôts. Une réforme de la fiscalité locale permettra en outre d’affecter des ressources autonomes aux communes. Des propositions pas tellement éloignées de celles du candidat Benflis, qui veut aussi ramener la fiscalité sur les entreprises à un taux réduit de 20% et « élargir l’assiette de l’impôt », dans le sillage des réflexions conduites par beaucoup de think-tanks nationaux dans le but de ramener la fiscalité pétrolière à « moins de 50% des recettes de l’Etat »dans un délai de 5 ans.
L’investissement tous azimuts
Très critiquée par les économistes et les milieux d’affaire algériens, la règle du 51/49 seraabrogée par Ali Benflis,«dans certains secteurs où cette règle n’a aucune justification économique » : Dans la même veine plus libérale que celle de son concurrent direct, le programme du candidat Benflis entend également “réformer le règlement de la Banque d’Algérie, régissant la circulation des capitaux afin de permettre, dans un cadre défini et des critères clairs et transparents, les prises de participation d’entreprises algériennes dans des entreprises étrangères”. Très mobilisé par la question de l’investissement, le staff du candidat Benflis propose aussi la créationd’un « Fonds Souverain International »qui sera alimenté par une partie des recettes d’exportation de la Sonatrach. La majorité des actifs du FSI sera investie dans les marchés financiers internationaux et des obligations d’Etat, «selon les normes de risques des meilleurs fonds souverains existants ». Une autrepartie sera utilisée pour prendre des participations dans des entreprises étrangères amenées à investir en Algérie.
La rigueur budgétaire, une idée neuve
Tandis que la plupart des autres candidats ont rivalisé de promesses, plus couteuses les unes que les autres, l’une des principale originalités du programme du candidat Benflis a été d’introduire pour la première fois dans le débat politique, la question de la « réduction des dépenses de l’Etat ».L’ancien premier ministre veut imposerà l’Etat algérien,une plus grande « discipline budgétaire »à travers l’introduction d’un « nouveau système de programmation budgétaire pluriannuel » et des lois de Finances « basées sur un prix du baril proche des estimations des marchés internationaux »,qui viseront l’objectif vertueux d’une « règle d’or budgétaire ».Pour faire bonne mesure, Ali Benflis veut aussi introduire la bonne habitude de faire procéder à une évaluation indépendante des politiques économiques publiques, par une « Agence Nationale de l’Evaluation de l’Action de l’Etat (ANEAE) », qui aura la charge de mener des « évaluations régulières des interventions de l’Etat dans le domaine économique et de participer au processus budgétaire en quantifiant les coûts-bénéfices des plus gros programmes ».