L’Algérie a franchi un cap sur l’océan du football. Mais quelle est sa prochaine Terra Incognita si l’on ne peut pas gagner bientôt la coupe du monde ? L’organiser bien sûr ! L’organisation de la Coupe du monde va revenir à nouveau à l’Afrique, en 2026, dans douze ans.
Une évidence, l’Algérie doit présenter sa candidature pour l’accueillir. Et pas seule. Dans un ticket commun avec la Tunisie. Un binome parfaitement complémentaire. Infiniment plus que le grand écart Japon-Corée du sud de 2002. A quoi peut servir le passage au second tour d’un Mondial et un PIB à 200 milliards de dollars s’il ne peut pas créer une ambition légitime pour faire de l’Algérie le leader d’une candidature Algérie-Tunisie pour 2026. Un projet à contre-temps ? Il ne faut pas se fier à la contestation populaire anti-Mondial au Brésil. Elle raconte un autre agenda. Celui d’un pays profondément inégalitaire dans ses structures sociales depuis trois siècles, que quatorze années de gestion sociale démocrate de gauche du Parti des travailleurs n’a pas réussi à teinter en scandinave.
Le mondial était l’occasion de le rappeler pour des millions de brésiliens. Certes, accueillir un événement sportif planétaire n’est pas une bonne affaire automatique. Et ne s’évalue que dans la durée des dix à quinze ans. Organiser les Jeux olympiques en 2004 pour Athènes, dans une Grèce déjà largement lestée par l’Euro fort naissant, était un luxe au dessus des finances publics du pays. Il a participé à creuser le déficit. En 2026, c’est à un processus inverse que nous faisons face en Algérie. Le pays aura quasi achevé le plus coûteux rattrapage infrastructurel de l’histoire du continent.
Sans le cahier de charge d’un événement planétaire. Recevoir l’univers du football en Algérie devient alors une nécessité pour amortir une partie de ces dépenses qui, de toutes façons, sont engagées. Il est vrai que les stades paraissent depuis longtemps comme les parents pauvres d’un programme qui a privilégié les routes et autoroutes, les transports collectifs urbains, l’accès à l’électricité et l’eau et les équipements administratifs. La candidature annoncée pour l’organisation de la CAN 2017 donne l’occasion d’un premier coup d’accélérateur.
A Tizi Ouzou, Baraki, Douéra et Oran, quatre stades aux normes FIFA devraient être livrés. Quatre autres, le 5 juillet, Hamlaoui à Constantine, Annaba et Sidi Bel Abbes, seront ou devront être mis à niveau. Dès 2020, l’année où se joue la candidature de 2026, l’Algérie peut arriver avec un dossier en béton devant le jury de la FIFA. La Tunisie en complément avec quatre stades aux normes FIFA (elle en dispose d’un déjà) mettrait tous les atouts de ce côté. «Une coupe du monde au Maghreb c’est comme si l’Europe jouait à domicile». C’est un des arguments de campagne que le Maroc a tenté d’utiliser dans sa compétition contre l’Afrique du Sud, en 2004, pour l’attribution de 2010.
Le Maroc se prépare à gagner la prochaine fois. Il a déjà trois stades à la bonne norme et poursuit un programme de modernisation ambitieux, mais qui ne peut soutenir la comparaison avec celui de la fiscalité pétrolière algérienne. En Afrique, une candidature commune Algérie-Maroc serait imbattable dans l’absolu. Elle n’est pas jouable à cause d’une incertitude politique persistante. Or, le temps est compté pour arriver à la table des prétendants en 2020.
Dans le cas de l’Algérie, l’organisation de la Coupe du monde est un rite de passage : Comme celui de la qualification au second tour du mondial. Il annonce l’entrée dans un autre monde. Duquel l’Algérie se tient encore à l’écart. Et qu’elle doit rejoindre si elle veut survivre à la fin de la rente énergétique. Dans le ticket Algérie-Tunisie, la Tunisie, qui est déjà elle dans cet autre monde, le rassure. Mais entre-temps, l’Algérie aussi doit apprendre à le faire. En s’ouvrant aux étrangers. Et d’abord à sa propre diaspora. Le scandale des tarifs prohibitifs du transport aérien va vivre sans doute son été de trop en 2014. «Mais que veulent-ils ? Nous couper de notre pays ou quoi ? J’ai plein de familles autour de moi qui ont encore renoncé à aller en Algérie cet été à cause des tarifs d’Air Algérie. Certains ont opté pour Marrakech par dépit. Cela coûte plus de deux fois moins cher, hébergement compris». Ce cri de colère de Sanhadja Akrouf, militante associative en France, situe l’incompréhension.
Le modèle économique du transport aérien en Algérie est asphyxié par les surcoûts d’Air Algérie. Dans un vieux réflexe bureaucratique souverainiste à courte vue, l’Etat soutient le gouffre Air Algérie en la laissant prendre en otage les flux. Et tuer ainsi le tourisme. Là aussi, l’inversion des flux est facile. Baisser les prix des billets d’avions de et vers l’Algérie est le premier grand appel d’air qu’attend la diaspora pour venir nombreuse et fréquemment. Et pour entraîner avec elle les non-Algériens.
L’écosystème qui va en tirer profit profitera au Trésor public. Et par extension à Air Algérie si elle devient forte consommatrice de subsides à cause de la baisse de ses tarifs. Le modèle actuel a atteint ses dernières limites. Entre l’Open Sky et la dérégulation pour en finir avec le tarif référentiel d’Air Algérie, il y a un juste milieu qu’il faut rechercher rapidement. Le Maroc est entré dans le topten des destinations les plus visitées dans le monde notamment à cause de tarifs de transports aériens très agressifs. Qui vient en premier, la baisse des tarifs ou l’attractivité du pays ? Pour le savoir, il faut commencer par montrer le pays une première fois. Et déjà aux Algériens de l’extérieur. A 600 dollars le Paris-Alger-Paris, adieu à la candidature Algérie-Tunisie pour la Coupe du monde 2026.
Belkacem Nabi est décédé cette semaine. Les plus jeunes ne s’en souviennent pas vraiment : Il a dirigé le secteur de l’énergie pendant les neuf années délicates de l’après-Boumediène. Son bilan a provoqué une grande controverse. Belaïd Abdeslam, son puissant prédécesseur au même poste, lui a fait une polémique homérique. Objet du pamphlet…lire la suite de cette chronique sur El Watan