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La conférence de Bandoeng: en plus des indépendances, il y avait le rêve d’un Maghreb uni (contribution)

Par Yacine Temlali
mai 10, 2015
La conférence de Bandoeng: en plus des indépendances, il y avait le rêve d’un Maghreb uni (contribution)

Bien que la situation des pays nord-africains diffère d’un pays à un autre, les représentants des trois pays font preuve d’une grande fraternité. « Il est prévu de présenter unitairement les problèmes de nos trois pays: un Marocain ou un Algérien répondront à une question portant sur la Tunisie, un Tunisien ou un Marocain attraperont au vol une question sur l’Algérie », se souvient Hocine Aït Ahmed dans les colonnes de Jeune Afrique, le 22 mai 1985.

 

 

Juste après le déclenchement de la Guerre d’Algérie, le volet diplomatique représente une part non négligeable de l’action révolutionnaire. En effet, compte tenu de la disparité des moyens militaires, il était chimérique de miser sur une victoire militaire sur le terrain. Ainsi, bien que ces efforts soient rayés de l’Histoire officielle pour ne pas reconnaître le rôle primordial de Hocine Aït Ahmed, la diplomatie algérienne a contribué grandement à la victoire sur le colonialisme. D’ailleurs, comment peut-il en être autrement quand on sait que vers la fin de la guerre, il restait à peine 5.000 soldats de l’ALN sur tout le territoire national? Quant au reste des forces militaires, elles étaient cantonnées aux frontières par Houari Boumediene – le GPRA a même voté en 1960 une résolution pour le retour des forces combattantes en Algérie- pour peser sur la prise du pouvoir après l’indépendance.

Cependant, pour rester sur le rôle capital de la diplomatie algérienne, il va de soi que celle-ci va connaître un essor exceptionnel après la conférence de Bandoeng, qui s’est tenue du 18 au 24 avril 1955. À cette conférence, c’est Hocine Aït Ahmed, secondé par M’hamed Yazid, qui représente l’Algérie au nom du FLN historique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur mission n’est pas une sinécure. Et pour cause! En 1955, les grands dirigeants du Tiers Monde reconnaissent plutôt Messali Hadj comme le leader désigné de l’Algérie. Cela dit, malgré le climat hostile, Hocine Aït Ahmed – arrivé, en Indonésie, deux mois avant la conférence – parvient à hisser le FLN au rang de représentant du peuple algérien.

A cette conférence, trois pays (Algérie, Maroc et Tunisie) unissent leurs forces pour un même objectif: faire reconnaître leur cause. Ainsi, bien que la situation des pays nord-africains diffère d’un pays à un autre, les représentants des trois pays font preuve d’une grande fraternité. « Il est prévu de présenter unitairement les problèmes de nos trois pays: un Marocain ou un Algérien répondront à une question portant sur la Tunisie, un Tunisien ou un Marocain attraperont au vol une question sur l’Algérie », écrit Hocine Aït Ahmed dans les colonnes de Jeune Afrique, le 22 mai 1985.

 

Un projet d’union qui n’a pas eu d’héritiers

En tout cas, en ce qui concerne l’Algérie, cette participation constitue une grande victoire, voire un exploit. Du coup, dans l’histoire du mouvement indépendantiste algérien, il existe sans doute un avant et un après conférence Bandoeng. « C’est un succès spectaculaire, commenté au sein de toutes les délégations. Zhou En Lai (Premier ministre chinois) nous reçoit avec une chaleur particulière. Il saluera, dans son discours d’ouverture, la lutte héroïque des peuples algérien, marocain et tunisien », note le fondateur de la diplomatie algérien, Hocine Aït Ahmed. Hélas, à peine les indépendances sont acquises, les trois pays se regardent en chiens de faïence.

Et pourtant, avec la constitution des blocs régionaux puissants, l’Afrique du Nord ne peut pas rester en marge. Mais, pour que les promesses de Bandoeng puissent se réaliser, il faudrait que les dirigeants de ces trois pays cessent d’exploiter les crises politiques en vue de se maintenir indéfiniment aux commandes.

En guise de conclusion, il va de soi que la rencontre de Bandoeng a une double portée. D’un côté, il y a le triomphe des causes des trois pays et, de l’autre côté, l’ébauche d’une union maghrébine. Malheureusement, si les souverainetés sont plus au moins recouvrées, il n’en est pas de même du projet commun. En plus, avec le retrait de Hocine Aït Ahmed de la vie politique et la disparition d’Abdelhamid Mehri du côté algérien, ce projet ne trouve pas d’héritiers. Cette remarque est aussi valable pour les deux autres pays. Enfin, pour qu’il y ait une éventuelle relance de ce projet, il faudrait qu’il y ait des hommes qui reprennent les combats de Hocine Aït Ahmed, Allal El Fassi et Salah Ben Youcef, les trois représentants à la conférence de Bandoeng.

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