La Réserve fédérale américaine relèvera à nouveau ses taux au cours des trois prochains mois, estiment des économistes interrogés par Reuters. Beaucoup d’entre eux prédisent que le resserrement monétaire sur l’ensemble de 2016 ne sera pas aussi prononcé que le suggère la Fed.
La banque centrale des Etats-Unis a augmenté mercredi ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 2006 après sept années de coût de l’emprunt quasi nul, exprimant ainsi sa confiance dans la solidité de l’économie américaine. La présidente de la Fed, Janet Yellen, a néanmoins clairement indiqué que la hausse des taux se ferait ensuite progressivement alors que l’inflation reste éloignée de l’objectif de 2% et que la vigueur du dollar pèse sur l’industrie américaine. Sur 120 économistes interrogés à la suite de l’annonce de la Fed, 77 prédisent un prochain relèvement de taux d’ici mars. Tous les autres, à l’exception de deux, pensent qu’il interviendra au deuxième trimestre. « Définir ce que signifie ‘progressif’ et deviner comment (la Fed) va mettre en oeuvre une hausse progressive des taux, voilà qui va devenir le nouveau sujet de conversation sur les marchés financiers et parmi les mordus de politique monétaire », écrit William Lee, responsable des études sur l’économie nord-américaine chez Citi, dans une note. « Nous sommes convaincus que le rythme effectif de hausse des taux sera probablement plus lent que ne le donnent à penser les indications (de la Fed). Non seulement la prévision comporte des risques baissiers mais la propre tendance (de la Fed) à réagir aux distractions des marchés financiers pèsera probablement sur le rythme de hausse des taux. »
La Fed maintient le suspense
La Réserve fédérale estime que le taux de ses Fed Funds se situera dans une fourchette comprise entre 1,25% et 1,50% à la fin de 2016, soit un point de pourcentage au-dessus de leur niveau actuel. La prévision médiane des économistes interrogés par Reuters est en revanche une fourchette de 1,00% à 1,25% à la fin de l’année prochaine. Sur les 106 économistes ayant fourni des prévisions à ce sujet, seuls sept pensent que les taux seront supérieurs aux indications de la Fed fin 2016. Parmi les 22 « primary dealers », c’est-à-dire les intervenants traitant directement avec la Fed, seuls deux pensent que les indications de la Fed se réaliseront. Tous les autres pensent que les taux seront inférieurs. Les futures sur le marché des taux indiquent que les traders parient pour leur part sur un prochain relèvement des taux seulement en juin.
Les bourses européennes en baisse sur des prises de bénéfices
Le principal facteur susceptible de freiner la hausse des taux est la persistance d’une inflation basse alors que les cours du pétrole ne paraissent pas devoir se redresser et que la vigueur du dollar réduit le coût des importations. Fatalement, les Bourses européennes ont terminé vendredi en baisse dans un contexte de volatilité accrue en raison de prises de bénéfices après le relèvement des taux de la Fed et de l’expiration d’options et de futurs sur indices et actions. Le mouvement a été accentué dans l’après-midi de vendredi par le recul de Wall Street, où l’effet positif produit par la décision de la Réserve fédérale mercredi s’est désormais complètement dissipé.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,12% (52,28 points) à 4.625,26 points. Sur la semaine, il a néanmoins gagné 1,66%. Le Footsie britannique a cédé 0,82% et le Dax allemand 1,21%, tandis que l’indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,38% et le FTSEurofirst 300 de 0,98%. Le pétrole s’est cependant redressé dans l’après-midi avec un baril de Brent revenu aux alentours de 37,50 dollars.