Simple mouvement de grogne de policiers trop sollicités à Ghardaïa qui s’étend à Alger ou action de nature politique ?
Les réactions sont diverses. Certains comme le FLN évoquent une « manœuvre contre l’Algérie » alors qu’Ali Benflis y voit un effet tragique d’un « délitement » de l’autorité. Le fédéral FFS de Ghardaïa y voit la confirmation que ce qui se passe à Ghardaïa est un moins un conflit inter-communautaires qu’une exacerbation des luttes des clans au pouvoir.
Si les policiers à Ghardaïa se plaignent ouvertement de leurs conditions de travail et de vie et s’en prennent à leur patron, les premiers à donner une interprétation politique et « complotiste » sont les parlementaires du FLN, parti majoritaire à l’APN, dont la présidence d’honneur revient à Abdelaziz Bouteflika.
Le groupe parlementaire du FLN n’a en effet pas hésité à qualifier, dans un communiqué signé par Tahar Khaoua, le mouvement de grogne dans la police de « manœuvre contre l’Algérie ».
« Manoeuvre contre l’Algérie »
Dans un communiqué en deux paragraphes, le groupe parlementaire estime que « l’utilisation de certains éléments de la police pour provoquer des émeutes et le chaos est une des manœuvres ourdies contre l’Algérie et ne sert pas l’intérêt supérieur de la nation « .
Le communiqué reste muet sur les parties accusées « d’utiliser » les éléments de la police à ces fins anti-nationale.
Il souligne qu’en « tant qu’élus du peuple, nous reconnaissons les réalisations en matière de réformes et de développement de l’appareil de la sureté nationale durant la dernière période ».
Une phrase qui est un soutien implicite au patron de la police, le général Abdelghani Hamel ouvertement conspué par les policiers qui manifestaient à Ghardaïa et qui, selon El Watan dans une appréciation diamétralement opposée à celle du FLN, est plus occupé « à soigner son image d’homme aux ambitions politiques dissimulées qu’à élaborer une réforme profonde de la police ».
« Lutte des clans au pouvoir »
Le FFS n’a pas encore réagit mais le responsable fédéral du parti à Ghardaiä, Hamou Moosbah a donné le ton dans une déclaration au Soir d’Algérie. Pour lui, ces évènements confirment que ce qui se passe dépasse le simple conflit intercommunautaire. Ce conflit, affirme-t-il, « dépasse les deux communautés mozabite et chaâmbie « .
« Nous refusons que notre région soit le théâtre de luttes de pouvoir au sommet de l’Etat. Qu’ils nous laissent vivre tranquillement… » at-il ajouté.
Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle d’avril 94, sans focaliser sur l’action de la police, évoque la responsabilité du pouvoir dans la situation à Ghardaïa où les affrontements ont repris suivis par le mouvement, inédit, de protestation des policiers.
Selon lui, ce qui se passe à Ghardaïa n’est que la « manifestation d’une crise profonde à laquelle une gouvernance mal inspirée, désinvolte et irresponsable n’a pas su ou n’a pas pu apporter une solution à la mesure de son ampleur et de sa complexité ».
La faute à la « vacance du pouvoir »
Ghardaïa, estime-t-il, incarne avec ses développements tragiques, la « réalité de la vacance du pouvoir et des dégâts ravageurs qu’elle provoque sur la gestion des affaires publiques ». Pour Ali Benflis, c’est dans « le délitement de l’autorité qui s’accentue chaque jour que réside la première source de la durée et des développements de cette tragédie », ajoute-t-il.
Lundi, le RCD avait réagi en s’interrogeant sur les « motivations réelles » de la manifestation des policiers à Ghardaïa à qui il a reproché une attitude de refus d’assurer la sécurité des biens et des personnes.
Tout en déplorant la « dégradation extrême de la situation sécuritaire dans cette wilaya », le RCD a mis en garde contre « tout refus d’assurer la protection des biens et des personnes ». Ce serait, a-t-il indiqué « une violation flagrante de la constitution et une non-assistance à personnes en danger ».