La hausse du nombre de cotisants n’a pas permis un équilibrage de la CNR-Said Ighil Ahriz (audio-vidéo) - Maghreb Emergent

La hausse du nombre de cotisants n’a pas permis un équilibrage de la CNR-Said Ighil Ahriz (audio-vidéo)

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Interrogé sur  le mouvement de protestation animé par les syndicats autonomes dans la fonction publique à propos de la nouvelle loi sur «  la retraite à 60 ans »,  le directeur du bureau d’études économiques « Ecotechnics », M.  Said Ighil Ahriz, qui était ce mardi l’invité du direct de Radio M, a tenu à apporter quelques éclairages à la fois conceptuels et statistiques.

 

Pour Said  Ighil Ahriz, on doit clairement distinguer le dispositif de départ en  retraite anticipée et celui qui concerne la retraite sans condition d’âge qui ont fait d’ailleurs l’objet de deux textes de loi  distincts.  « La retraite anticipée mise en place au milieu des années 90 sur les recommandations du FMI faisait partie d’un package de mesures destiné à accompagner  la restructuration, voire la fermeture  des entreprises publiques en difficulté ». Il s’agit d’une mesure qui, en Algérie comme ailleurs  y compris dans les économies les plus développées, « fait partie de la panoplie classique des instruments de mise en œuvre des politiques de « sauvetage »  d’une entreprise ou d’un secteur économique tout entier ». Autant dire qu’un tel dispositif pourrait encore servir compte tenu de l’état présent et des inquiétudes que suscite pour l’avenir un certain nombre d’entreprises publiques nationales.

 

  La retraite sans conditions d’âge :un dispositif daté  

 

La problématique  est bien différente pour la retraite sans condition d’âge. Le directeur d’Ecotechnics rappelle qu’il s’agissait à l’époque d’une revendication portée par  l’UGTA visant à permettre aux travailleurs ayant cotisés pendant 32 ans de partir en  retraite quelque soit leur âge. Selon Said  Ighil Ahriz, cette mesure, adoptée elle aussi au milieu des années 90,  reposait sur la conviction largement répandue à cette époque, et pas seulement en Algérie, que « le travail devait être partagé » dans le but de lutter contre le développement du chômage, en particulier celui des jeunes diplômés. La situation financière des caisses sociales , très favorable à l’époque en raison du rapport élevé entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités,  est  certainement un facteur qui a facilité l’adoption de cette mesure.

Les choses ont cependant bien changé en deux  décennies. « Plus personne ne croit  que le départ en retraite d’un travailleur à 50 ans peut créer un emploi pour un jeune diplômé du fait que le « jeune retraité » va rapidement chercher un nouvel emploi  ».  L’équilibre financier des caisses de retraite est par ailleurs aujourd’hui de plus en plus « tendu »ce qui pousse les pouvoirs publics  à rechercher des mesures d’économies en durcissant les conditions de départ en retraite.

 

Le taux de déclaration des travailleurs en forte progression de puis une décennie

Les principales critiques adressées à la démarche actuelle  des autorités algériennes insistent sur l’existence d’une réserve importante de travailleurs « non déclarés » au sein du secteur informel. Le directeur d’Ecotechnics  indique sur ce chapitre que les enquêtes sur l’emploi réalisées régulièrement par l’ONS mentionnent un taux de  déclaration des travailleurs de l’ordre de 60 % en 2014. « Ce taux en en hausse sensible au cours de la décennie écoulée puisque qu’il a gagné près de 10 points  depuis 2004 », signale Said Ighil Ahriz  qui ajoute que ces chiffres sont très supérieurs à ceux enregistrés actuellement dans les pays voisins. Quels sont les moyens de les faire progresser et d’assurer un meilleur équilibre des caisses de retraites ? Pour Said Ighil Ahriz , « l ’Algérie bénéficie d’une structure démographique plutôt favorable » et la recherche d’une plus grande  formalisation de l’activité économique devrait passer par  « un ensemble coordonné de mesures d’incitation au sein desquelles figure la réduction des charges fiscales et parafiscales ». Mais l’expert algérien souligne aussitôt que ce type de mesures est évidemment « plus facile à adopter en période d’aisance financière que dans la situation actuelle des finances publiques ».

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