Les forces spéciales américaines ont pris le contrôle, dans la soirée de dimanche, du pétrolier qui a chargé illégalement du brut dans un port à l’Est de la Libye, sous contrôle des milices armées.
Le navire avait quitté le port Libyen d’Es Sedra, en Cyrénaïque avec dans ses soutes, 37.000 tonnes de pétrole exportés illégalement par les milices d’Ibrahim Al Jadhrane, un chef de guerre de 32 ans qui contrôle le terminal d’hydrocarbures. L’intervention des Navy SEALs, qui n’a pas fait de blessés, a été ordonnée par Barack Obama à la demande des autorités libyennes et chypriotes. Le pétrolier se trouvait dans les eaux internationales, au sud-est de Chypre, a précisé John Kirby, secrétaire de presse du Pentagone.
Le Morning Glory, un pétrolier battant pavillon Nord-Coréen a réussi à charger ses soutes la semaine dernière malgré les avertissements du ministre libyen de la Défense qui a menacé l’équipage de bombarder le navire pour l’empêcher de quitter le port. L’affaire a coûté son poste au Premier ministre, Ali Zeidan, qui a été limogé par les députés du Congrès général national (CGN) et s’est réfugié en Europe. Le ministre de la Défense Abdallah Al Tani a été désigné par le parlement comme Premier ministre par intérim.
8 milliards de dollars de déficit au 2e semestre 2013
Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, les groupes rebelles séparatistes se sont emparés des principaux sites pétro-gaziers dans le sud et le nord de la Libye, pour appuyer des revendications autonomistes et une meilleure répartition des revenus tirés des exportations d’hydrocarbures. Hormis le sérieux coup porté à l’autorité et à la crédibilité du gouvernement central de Tripoli, ce blocus a gravement amputé le budget de l’Etat libyen. Selon le ministre du Pétrole par intérim, Omar Chakmak, l’arrêt des exportations a causé un déficit de 8 milliards de dollars pour le seul deuxième semestre 2013. Un manque à gagner qui s’est poursuivi jusqu’au premier trimestre de 2014, « où le taux de recettes réalisé conformément aux dispositions du budget présenté en janvier a atteint 16%, ainsi qu’en février », a-t-il ajouté.
Quatrième producteur africain de pétrole (1,6 million de barils) avant la révolution, la production de la Libye avait retrouvé en 2012, un niveau de 1,5 million b/j avant de chuter à moins de 200.000 b/j après la fermeture des terminaux pétroliers dans l’Est du pays par des groupes armés séparatistes.
Face à cette situation, le président du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité législative et politique en Libye, Nouri Abushamein, a accordé un délai de deux semaines aux groupes armés séparatistes qui ferment les ports pétroliers pour lever le blocus, précisant vouloir laisser l’opportunité aux médiations d’aboutir.
Dans cette optique, le président du CGN avait décidé lundi dernier, de la formation d’une force militaire chargée de « libérer » les principaux terminaux pétroliers à l’Est de la Libye.