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Algérie

La plongée du prix du baril réveille le spectre de la crise du milieu des années 1980 en Algérie

Par Yacine Temlali
août 24, 2015
La plongée du prix du baril réveille le spectre de la crise du milieu des années 1980 en Algérie

La situation actuelle n’est pas sans rappeler en effet les années 1980. Un ministre saoudien qui neutralise l’OPEP, en arguant qu’une baisse de sa production serait rapidement comblée par les producteurs de pétrole de schiste américain. Une économie algérienne où l’industrie ne représente que 5% du PIB et les hydrocarbures 96% des recettes des exportations et 60% des recettes budgétaires.

 

  

C’est la plongée continue pour les cours du baril de pétrole. En Asie, le cours du brut américain « light sweet crude » (WTI) est repassé sous la barre des 40 dollars tandis que le Brent s’établissait à 44,55 dollars. Les mauvaises nouvelles venant de Chine – dont l’économie est très importante pour le monde entier – n’arrangent guère les choses.

La Bourse de Shanghai a connu un « lundi noir », selon la formule inhabituelle de l’agence Chine Nouvelle. Elle a clôturé avec une baisse de 8,5 % dont l’onde de choc s’est répercutée sur l’ensemble des marchés les marchés financiers mondiaux.

Les Bourses européennes ont ouvert ce lundi avec un net recul, les investisseurs, inquiets du décrochage des marchés asiatiques, évitent de prendre des risques.

 

Quand la Chine ralentit…

 

Quand la locomotive chinoise tombe en panne une bonne partie du monde tombe à l’arrêt. Un chiffre en donne une idée : la Chine importe entre le tiers et la moitié de la plupart des matières premières. Le ralentissement économique de ce pays a un impact lourd sur le marché pétrolier qui n’en finit pas de plonger.

Le prix du baril de Brent est sous la barre des 45 dollars alors qu’il valait 115 dollars il y a un an, un recul de plus de 60%. La tendance à la baisse touche la plupart des matières premières impactées par le ralentissement de l’économie chinoise, de la hausse du dollar et une offre très largement excédentaire – comme c’est le cas pour le pétrole du fait de l’industrie du schiste aux Etats-Unis.

Les experts s’abstiennent de dire « quand » la tendance à la baisse va s’inverser, l’industrie du pétrole de schiste aux Etats-Unis ayant, jusqu’à présent, fait preuve d’une certain résilience à la « guerre des prix » engagées par l’Arabie Saoudite.

 

Le souvenir de l’année fatale 1986

 

Les nouvelles sont bien mauvaises pour l’Algérie, où certains n’hésitent plus à évoquer un remake de la crise du milieu des années 1980, entamée d’ailleurs par une autre « guerre des prix » menée par l’Arabie Saoudite.

C’était en 1986, l’Arabie Saoudite, rompant avec la politique des quotas de l’Opep, avait inondé le marché et cassé les prix. Des pays comme l’Algérie gardent le souvenir d’une chute drastique des recettes pétrolières et d’une plongée dans une crise économique sans précédent.

Le contre-choc de 1986 a été brutal et la chute des prix durable. Le prix du baril qui tournait autour de 28 dollars en 1985 s’établissait à 12 dollars au printemps 1986 et à 10 dollars en été de la même année. Hocine Malti dans son livre L’histoire secrète du pétrole algérien dresse le tableau de la situation à cette époque. Les « réformes dont se prévalait Abdelhamid Brahimi » (Premier ministre sous la présidence de Chadli Bendjedid) « ont entraîné la disparition progressive de certaines unités industrielles, sans supprimer pour autant les emprunts internationaux qui en avaient permis la construction.  » Il ajoute : « La conjugaison de ces quatre éléments – dégringolade des prix du pétrole, augmentation exponentielle des dépenses, remboursement de crédits bancaires lourds et absence de tout nouvel investissement productif – fera que l’Algérie mangera son pain blanc en quelques années. De l’opulence de 1980, on passera à une situation proche de la cessation de paiements en 1988. »

Certains rappellent que le pays est entré à ce moment dans un long cycle de troubles entamé par des émeutes dans des grandes villes qui prendront une ampleur nationale en Octobre 1988 et se poursuivront durant toute la décennie 1990.

 

Fin du cycle de l’aisance financière

 

Un analyste note que l’accalmie enregistrée durant les années 2000 est liée à une situation d’aisance financière avec un accroissement sensible des recettes pétrolières permettant d’entretenir, par la dépense, une relative paix sociale.

C’est désormais la fin du cycle et on se retrouve dans la configuration des années 1980, une période où « l’Algérie avait commencé à comprendre, sans en tirer par la suite les enseignements nécessaires, qu’un ministre du Pétrole saoudien, à l’époque c’était Zaki Yamani, pouvait peser lourdement sur son histoire. »

La situation actuelle n’est pas sans rappeler en effet les années 1980. Un ministre saoudien qui neutralise l’OPEP, en arguant qu’une baisse de sa production serait rapidement comblée par les producteurs de pétrole de schiste américain. Une économie algérienne où l’industrie ne représente que 5% du PIB et les hydrocarbures 96% des recettes des exportations et 60% des recettes budgétaires.

Ce qui est différent est que la dette extérieure est pour le moment insignifiante et les réserves de change – 150 milliards de dollars – permettent de couvrir les importations pour deux ou trois ans.

Jusqu’à quand? Cela dépendra du… pétrole.

 

(*) Cet article a été initialement publié sur le Huffington Post Algérie.

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