Des rendements plus élevés et des produits de meilleure qualité ont entraîné un afflux d’investissements dans le secteur agricole au Maroc ; le royaume espère doper les bénéfices générés par la production agricole et accroître les exportations.
Lors de la 13ème édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM) qui s’est tenu fin avril, le Ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch a déclaré à la presse locale qu’on attendait pour la saison 2017/2018 une production céréalière de 9,8 millions de tonnes, soit bien plus que les prévisions antérieures qui estimaient la récolte à 8 millions de tonnes, et une hausse de 3% par rapport aux chiffres de l’année précédente.
Cette hausse est d’autant plus remarquable tenant compte que la superficie semée en céréales a diminué, passant de 5,4 millions d’hectares en 2016/2017 à 4,5 millions d’hectares ; le rendement par hectare a donc augmenté de 23% en glissement annuel.
Le gouvernement a ensuite annoncé que les droits de douane sur les importations de blé tendre allaient passer de 30% à 135%, une stratégie destinée à soutenir les prix du blé tendre produit au Maroc et à réduire la demande en céréales importées.
Rendements et exportations à la hausse grâce au Plan Maroc Vert
Le Maroc a enregistré des récoltes plus importantes de blé, d’orge et d’autres céréales cette saison, et ce malgré les faibles précipitations du début de la saison agricole, traduisant la capacité de résistance fraîchement acquise du secteur, que l’on doit principalement au programme de développement agricole à long terme du pays lancé en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV).
Le PMV vise à améliorer l’accès à l’eau et aux systèmes d’irrigation, à moderniser les techniques agricoles et à promouvoir les modèles d’agrégation ainsi que la coopération entre les petits exploitants afin de développer les économies d’échelle.
Selon des données publiées fin avril par le Ministère de l’Agriculture, le volume des exportations agricoles a augmenté de 65% au cours des dix dernières années et 125 000 emplois ont été créés au cours des deux dernières dans les segments de la production primaire et de la transformation grâce au PMV.
Optimiser la chaîne logistique, un enjeu clé pour la création de valeur ajoutée
Si le secteur agricole contribue au PIB marocain à hauteur de 19%, 4% seulement de cette participation est générée par la transformation agro-industrielle et des produits à valeur ajoutée. Le succès du PMV montre bien que des investissements accrus peuvent entraîner des hausses de production conséquentes.
De la même façon, le Maroc doit développer ses capacités de logistique et de transformation en aval et c’est vers ces secteurs que doivent désormais être orientés les investissements, selon Kacem Bennani Smires, PDG du groupe de production et d’exportation agricole Delassus.« Il s’agit désormais d’être capable de traiter, de vendre et d’exporter cette production importante, » a déclaré M. Smires à OBG. « Développer les capacités logistiques dans ce sens revêt une importance croissante. »
Premier hub maritime du pays, le port de Tanger-Med constitue un élément clé du secteur logistique marocain. Situé à l’entrée de la Mer Méditerranée sur le détroit de Gibraltar, le port a été mis en service en 2007 et est depuis devenu l’un des plus importants ports à conteneurs d’Afrique.
Tanger-Med atteint à l’heure actuelle quasiment sa capacité maximale ; le traitement des conteneurs affichait une hausse de 3% en glissement annuel au premier trimestre de cette année, avec un trafic de 790 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), tandis que la circulation des camions a augmenté de 12% en glissement annuel, le port ayant traité 90 000 camions TIR. La hausse de la demande a entraîné une expansion du hub et le terminal Tanger Med II est actuellement en cours d’aménagement afin d’accroître la capacité de traitement des marchandises.
Avec une mise en service prévue pour 2019, Tanger Med II, dont le chantier a compris la construction de nouveaux quais, l’approfondissement du bassin principal et du chenal d’accès au port et la construction d’un mur de quai, ainsi que des travaux routiers et l’augmentation des capacités de stockage, va voir la capacité de traitement du port multipliée par trois, cette dernière passant à 8 millions de conteneurs et à 2 millions de véhicules par an.
Cette expansion devrait aider le Maroc à atteindre son objectif de devenir un hub logistique clé pour l’Afrique et l’Europe.
Développer les réseaux de transport qui desservent Tanger-Med
Les liaisons de Tanger-Med avec les ports secondaires marocains tel que celui d’Agadir devront toutefois être renforcées pour que le port devient un hub majeur. « Tanger-Med relie le royaume à 74 pays mais les entreprises spécialisées dans des cultures générant un chiffre d’affaires moins élevé n’y ont pas accès en raison de son coût, qui reste trop important, » a expliqué M. Smires à OBG. « Il nous faut trouver une solution pour réduire les coûts du cabotage maritime d’Agadir à Tanger-Med. »
Les améliorations de la chaîne logistique –telles que davantage d’espace d’entreposage sec et frigorifique, ainsi qu’une meilleure accessibilité pour les producteurs – ne permettraient pas seulement aux produits d’arriver plus vite sur le marché mais réduiraient également les pertes dues à la détérioration des denrées et doperaient les recettes.
Si une amélioration est possible dans ces domaines, le Maroc a déjà prouvé son potentiel en tant que pays exportateur. Dans son rapport intitulé « Enabling the Business of Agriculture 2017 », la Banque Mondiale a attribué une bonne note au Maroc pour ses efforts d’amélioration du transport routier, classant le pays au 8ème rang mondial en raison de la réglementation régissant le secteur du transport routier, jugée favorable.
Le rapport souligne en particulier la facilité d’obtention d’un agrément de transport international routier et le bas coût de ce dernier. C’est grâce à cela et à d’autres résultats positifs, notamment la réglementation stricte en matière d’utilisation et de distribution d’engrais et d’eau, que la Banque Mondiale a classé le Maroc à la 18ème place mondiale pour ce qui est de la facilité de faire des affaires dans le secteur agricole.