L’inflation a dépassé les 6% en novembre, sous l’effet de hausses significatives des prix des produits alimentaires.
Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) et les autorités tunisiennes sont parvenues à un accord sur les politiques économiques nécessaires pour achever la deuxième revue du programme de la Tunisie appuyé par le mécanisme élargi de crédit (MEDC), souligne un communiqué de FMI publié, mercredi.
La délégation du FMI, dirigée par Björn Rother, a séjourné à Tunis, du 30 novembre au 13 décembre, pour achever les consultations de 2017 au titre de l’article IV et mener à bien la deuxième revue du programme économique de la Tunisie appuyé par un accord quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016, précise la même source.
«Le principal défi pour les mois à venir sera de rattraper les retards significatifs accusés dans l’effort d’éliminer les obstacles à la croissance et dans la maitrise des déficits budgétaires et extérieurs importants », a souligné Rother au terme de la visite.
« Tirant profit de l’adoption d’une loi de finance ambitieuse pour 2018, les autorités tunisiennes ont exprimé leur engagement à entreprendre des actions décisives avant l’examen de la deuxième revue par le Conseil d’administration du FMI », a encore fait savoir le responsable, précisant que l’achèvement de la revue mettrait à la disposition de la Tunisie 227,3 millions de DTS (environ 320 millions de dollars, soit 227,3 millions de dinars tunisiens), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 1 milliard de dollars.
Selon le responsable, les autorités tunisiennes ont déjà franchi une étape importante en adoptant une loi de finances audacieuse pour 2018 qui vise à réduire le déficit budgétaire à moins de 5% du PIB.
« Pour atteindre cet objectif budgétaire ambitieux, il faudra mettre en œuvre la stratégie fiscale du gouvernement et mettre en œuvre la stratégie globale de réforme de la fonction publique. La réduction des subventions de l’énergie, qui profite de manière disproportionnée aux ménages aisés et la poursuite de la réforme du système de sécurité sociale sont d’importantes étapes sur le chemin de la stabilisation des déficits et de la dette », souligne encore Björn Rother.
« Pour que l’économie tunisienne réponde aux espoirs du peuple tunisien, accélérer la mise en œuvre des réformes programmés de longue date est indispensable. La refonte du cadre réglementaire pour la résolution des créances accrochées et pour la gouvernance des banques publiques aidera les petites et moyennes entreprises (PME) à accéder davantage aux financements bancaires », a-t-il encore fait savoir.
« En rendant l’ensemble du secteur bancaire plus efficace, la réforme des banques publiques impactera directement l’un des principaux obstacles à la croissance et à l’emploi en Tunisie. La nomination imminente des membres du conseil exécutif de l’Instance Constitutionnelle Indépendante pour la Bonne Gouvernance et la Lutte Contre la Corruption sera un jalon important dans la lutte du gouvernement contre la corruption ».
Pour le responsable du FMI, « deux tendances opposées caractérisent l’économie tunisienne à la fin de cette année. La croissance s’est raffermie pour atteindre environ 2% en raison des améliorations significatifs du climat sécuritaire. Les arrivées de touristes ont connu une hausse de 30%, la production de phosphates a fortement rebondi et les investissements (étrangers et nationaux) montrent des signes précoces de reprise ».
Pour le responsable, les vulnérabilités macroéconomiques se sont accentuées et nécessitent une action urgente. « La dette publique atteindra 70% du PIB d’ici la fin de l’année, le déficit record du compte courant sera à deux chiffres, et les réserves internationales de la Banque Centrale de Tunisie ont chuté », a-t-il encore précisé. Et d’ajouter que « la reprise économique ouvre la possibilité de prendre des mesures décisives.
« Les pressions inflationnistes croissantes exigent une réponse forte. L’inflation a dépassé les 6% en novembre, sous l’effet de hausses significatives des prix des produits alimentaires. A ce niveau, l’inflation affecte le revenu disponible et les investissements à long terme. La poursuite de la stratégie de resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie, y compris en limitant le refinancement des banques, contribuera à ancrer les anticipations d’inflation et à soutenir le dinar sur le marché des changes. La flexibilité du taux de change continuera de contribuer à rendre l’économie tunisienne plus compétitive », indique le responsable.
Sur un autre plan Björn Rother a rappelé que la délégation du FMI a rencontré le Chef du Gouvernement, Youssef Chahed, le Ministre des Finances Ridha Chalghoum, le Ministre de l’Investissement Zied Laâdhari, le Ministre des Réformes Majeures Taoufik Rajhi et le Gouverneur de la Banque Centrale Chedly Ayari.
« La délégation a également eu des discussions avec des représentants du secteur privé et de la société civile; et coordonné étroitement avec la Banque Mondiale et d’autres partenaires extérieurs de la Tunisie », a-t-il encore indiqué.