Larbi Mehdi, politologue : « Le discours de Bouteflika n’a pas désigné les ennemis réels de l’Algérie » - Maghreb Emergent

Larbi Mehdi, politologue : « Le discours de Bouteflika n’a pas désigné les ennemis réels de l’Algérie »

Facebook
Twitter

Au lieu de désigner les vrais ennemis de l’Algérie, le président  « n’a fait que reproduire un contenu démagogique qui  ne sert aujourd’hui à rien», estime l’universitaire Larbi Mehdi.  Selon lui, « l’Algérien a perdu toute confiance en cet Etat qui ne cesse de protéger  les ennemis réels de l’Algérie ».

 

Le président de la République a-t-il tout dit dans son dernier message à l’occasion de la journée nationale du Chahid ? En s’en prenant aux  adversaires, occultes et déclarés, exploitant une situation préjudiciable pour tenter d’imposer la thèse du conflit interne au sein de l’Armée nationale populaire, Bouteflika a-t-il désigné les vrais coupables ? Non, selon le sociologue et politologue Larbi Mehdi. Cet enseignant à l’université d’Oran estime, dans une déclaration à Maghreb Emergent,  que le contenu du discours « ne vise aucune personne ».  

Aux yeux de M. Larbi, il (le discours)  «explique en réalité  l’existence de clans  puissants (au sommet de l’Etat) et  les conflits médiatisés ne sont pas la conséquence d’une absence de consensus  autour des idées et des  projets sociétaux mais, paradoxalement, ces conflits  ont pour cause  la collusion  des intérêts personnels qui ne  finissent pas d’essouffler  les espoirs  de voir une Algérie prospère et vivace ».

Le discours de Bouteflika  suscite  un sentiment de malaise et de désespoir

Auteur de plusieurs contributions sur la situation politique en Algérie,  Mehdi Larbi pense que le discours de Bouteflika,   « suscite  un sentiment de malaise et de désespoir », car  son contenu « n’a cessé de relater des incidences  graves,  commises  par  des personnes  mises à la tête des structures politiques par des forces occultes, ennemis réels de l’Algérie ». Et d’ajouter : «Nous avons toutes et tous lu et écouté des déclarations qui expliquent  à peu près la nature du pouvoir  en Algérie ».  

Pour lui, ce pouvoir demeure construit sur les liens de sang et de région et il n’a cessé de fonctionner  avec un esprit d’allégeances pour assujettir  les personnes libres,  qui « développent  avec véracité les contradictions du fonctionnement politique en Algérie ». En clair, le système actuel est le mal véritable que le discours d’Abdelaziz Bouteflika n’a identifié.

« Notre comportement et nos pratiques sont réellement une menace pour la consolidation du pays » et le pouvoir du clan qui caractérise le pouvoir en Algérie « n’a pas arrêté de nuire au développement  des forces et des structures dont l’Algérie à temps besoin pour se prémunir de l’ennemi intérieur avant tout pour affronter ensuite, les menaces que peuvent venir de l’extérieur ».  En somme, le discours présidentiel, loin d’avoir répondu aux nombreux questionnements, sert essentiellement à se préparer pour les élections, conclut Larbi Mehdi. 

Facebook
Twitter