Le café presse présidentiel, le CPP, ce talk de journalistes qui dévore l’actualité politique de la présidentielle tous les jeudis matins sur Radio M va s’installer dans le temps politique. Née dans une cuisine, il aspire à en sortir les semaines prochaines. Avec la même recette qui lui a fait rencontrer un public.
Les auditeurs directs de Radio M ou ceux qui vont sur ses podcasts à travers Maghreb Emergent sont de plus en plus nombreux à apprécier le café presse présidentiel, CPP, leur rendez-vous passionné de l’actualité politique du jeudi matin. L’idée du Café Presse Présidentiel est née dans une cuisine. Autour d’un café. Le concept était juste là. Des journalistes qui parlent en toute spontanéité de leur compréhension de l’actualité politique. « Et si ce que nous disons peut intéresser un public ? ». Le fil méritait d’être déroulé. Radio M produit, avec l’invité du direct, une émission d’entretien hebdomadaire qui a planté un repère sur la grille. Un bulletin météo, une revue de la presse. Manquait un format politique. Aux journalistes donc de le faire dans le langage qui est souvent le leur dans les réunions de rédaction ou s’affrontent les points de vue et les lectures. Autour des animateurs de la rédaction, Saïd Djaafer, Ihsane El Kadi, les fidèles consultants de Radio M et de Maghreb Emergent, Abed Charef et Faycal Metaoui. Mais très vite des plus jeunes toutes feu toutes flammes, Adlène Meddi, des observateurs assidus de la scène politique, Abdelkrim Ghezali, des intermittents aux sonorités fraiches et nouvelles, Leila Berrato, Cherif El Ouzzani (Jeune Afrique) ou encore tout récemment Khaled Drareni (Dzair TV). Pour mettre en musique ce colossal risque de cacophonie de café du commerce, il fallait une baguette aérienne. Souhila Benali, Driffa a ses débuts de scène, est donc la prêtresse radiophonique sans laquelle le fil de « la cérémonie » serait vite rompu entre autant « d’égos professionnels » ébouriffés par une actualité souvent frustrante.
La « déconstruction » de l’actualité a trouvé un public
Le CPP a trouvé son ton dès le premier jour. Celui du lourd – léger. Une conversation débridée dans une cuisine à propos d’évènements graves. Débridée et finalement utile. Autour de nous la demande de décryptage de ce qui se tramait en Algérie est réelle. Peut-être insondable. Et le nom de domaine DRS, réservé à des initiés, qui tombe dans le débat public ! Quatre premiers numéros à partir du 30 janvier 2014, avec une grande question dans les casques. « Va-t-il y aller ou pas ? ». Et dans chacun des cas pour obéir à quelle logique ? L’ADN du CPP est déjà là. Les faits, leurs interprétations, les projections possibles. Mixés dans la « soft confrontation » des approches. Aiguisée ou apaisée, selon le tempo, par les interpellations, les rappels de contexte, de Souhila Benali. Le « déconstruction » de l’actualité de la semaine, chaque jeudi matin depuis deux mois a commencé à rencontrer un public. Le partenariat avec El Watan 2014, très près des faits dans cette campagne électorale, a ajouté à la visibilité du CPP et de Radio M. Même si, en cours de route, les enjeux du débat ont changé. Bouteflika 4 est en route. Et sa contestation apporte un nouveau carburant au talk. Le cumul des accès aux podcasts des émissions, les connexions au direct le jeudi matin, les hits sur les articles audio qui rendent compte du CPP ont dépassé les 50 000 « visites » à fin mars. Sur une webradio naissante, cela fait sens.
Le politique de retour ? Le CPP grandira !
Barakat, coordination pour le boycott, appels à une transition négociée : le logos du politique entame donc son retour. Il est servi par une mauvaise cause : l’humiliation de la candidature d’un vieux président malade, absent, et sans beaucoup de considérations pour l’image de son pays. Ce retour résistera-t-il à la dépression des résultats du 18 avril ? Dans la cuisine, autour du café, le pronostic est plutôt que oui. Le CPP va donc se poursuivre. Il va même finir par abandonner cette cuisine des origines ou une équipe de TF1 a eu du mal à cadrer le talk, et ou le brillant documentariste algérien Malek Bensmail va à son tour s’échiner à trouver des plans cinématographiques ce jeudi. L’idée de la conspiration par la parole d’un petit groupe de journalistes informés et bavards convient à l’imaginaire du web. C’est l’étape « refuznik » du talk. Elle se retrouve un peu à l’étroit entre le frigidaire et l’évier. Le CPP va devoir donc détourer son confinement pour aller vers d’autres lieux, d’autres paroles. Pour ajouter des images à ses voix. En vérité pour s’installer dans le temps politique et accompagner un résistible et sourd mouvement qui monte du pays et qui murmure comme un nouveau jour qui se lève.