Björn Rother, qui a dirigé l’équipe du FMI estime que « la maîtrise de la masse salariale, qui à 14,1 % du PIB l’an dernier était l’une des plus élevées au monde, revêt une importance cruciale ».
« Il sera primordial d’éviter toute autre détérioration du déficit budgétaire durant l’exercice actuel et de préparer une loi de finances juste et viable pour 2018 ». C’est ce que recommande la mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné en Tunisie, du 26 juillet au 3 août, pour examiner, avec les autorités tunisiennes, les perspectives économiques et les politiques à mettre en œuvre dans le cadre du programme de réformes économiques appuyé par un accord quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016.
Björn Rother, qui a dirigé l’équipe du FMI, estime aussi, dans la déclaration finale de l’équipe rendu publique jeudi, que « la maîtrise de la masse salariale, qui à 14,1 % du PIB l’an dernier était l’une des plus élevées au monde, revêt une importance cruciale ». « Des ajustements importants sont nécessaires cette année et l’année prochaine pour compenser les dérapages et remettre la masse salariale sur une trajectoire lui permettant d’atteindre l’objectif de 12 % du PIB en 2020 », recommande-t-il. Selon lui, une poursuite du resserrement de la politique monétaire et de l’assouplissement du taux de change seront également essentiels pour la réduction des déséquilibres macroéconomiques persistants.
Pour le FMI, des réformes structurelles ambitieuses seront encore déterminantes dans les efforts que déploie la Tunisie pour assurer une croissance inclusive et un relèvement des niveaux de vie pour l’ensemble de la population. La modernisation de la fonction publique, la viabilité du régime de retraite et l’élargissement de l’accès au crédit seront de nature à doper la croissance, à réduire les déséquilibres et à dégager des ressources pour financer les investissements prioritaires dans les infrastructures, l’éducation et la santé. La mise en place d’une instance anti-corruption efficace permettra d’élargir l’éventail d’instruments à la disposition du gouvernement dans sa lutte contre la corruption et les pratiques commerciales illicites, a-t-on jouté.
Des défis subsistent
Sur les perspectives de l’économie tunisienne, le FMI juge qu’elles s’améliorent lentement, « mais les défis subsistent ». » « La croissance est en voie d’atteindre les 2.3 pour cent en 2017, soutenue par la reprise dans les phosphates, l’agriculture et le tourisme. Cependant, les entraves structurelles de l’économie continuent de peser sur les exportations », explique-t-on. Et de constater que la vigueur de la consommation, impulsée par les augmentations salariales, a des conséquences inflationnistes (l’inflation sous-jacente a grimpé à 5,5 % en juin) et entraîne un creusement des déficits budgétaire et extérieur au demeurant déjà élevés. « Cette dynamique exerce des pressions à la baisse sur le dinar. La dette publique et la dette extérieure se sont hissées à 65 % du PIB et 73 % du PIB, respectivement, en juin. La lenteur de la création de nouveaux emplois et les débouchés économiques limités continuent d’affecter la population tunisienne ».
La mission du FMI estime en outre que les autorités tunisiennes ont déjà accéléré leur réaction aux tensions économiques. Elle s’est réjouit que le gouvernement ait augmenté les prix administrés des carburants en juillet, « réduisant ainsi les subventions énergétiques inefficientes ». de même pour la récente « intensification de la lutte du gouvernement contre la corruption (qui) a mobilisé un vaste soutien public » ainsi que la participation de la Tunisie au Compact with Africa, initiative du G20, qui a « aidé le pays à démontrer son potentiel considérable en matière d’investissement ».
« La Banque centrale de Tunisie s’est orientée vers une plus grande flexibilité du taux de change pour aider à aligner le dinar sur ses fondamentaux et maintenir les réserves à un niveau adéquat. Un resserrement de la politique monétaire, avec deux augmentations du taux directeur pour le porter à 5 % et de nouvelles limites macroprudentielles, a contribué à modérer l’inflation et à soutenir le dinar », a encore constaté la mission du FMI.