Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) effectue une mission en Tunisie en vue d’évaluer les progrès économiques et discuter avec les autorités tunisiennes de l’état d’avancement des réformes engagées pour dynamiser l’économie tunisienne.
L’un des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie, le FMI, laisse penser, dans son dernier rapport pays réservé à la Tunisie, publié le 10 juillet 2017 sur son site web, que l’économie ne suit pas le rythme de la transition démocratique en marche dans ce pays, perçu comme le seul survivant d’un printemps arabe à l’agonie.
Le Fonds recommande ainsi des mesures pour améliorer les résultats budgétaires, dont un développement de l’administration fiscale, une réduction volontaire de l’effectif dans la fonction publique, une réforme globale des retraites pour limiter les transferts à la sécurité sociale à 0,5% du PIB en 2018, un renforcement de la performance des entreprises publiques et une réforme des subventions.
A moyen terme, les autorités tunisiennes ont convenu avec la mission (du FMI) d’améliorer les opérations de politique monétaire pour assurer une meilleure transmission de la politique monétaire à l’économie réelle.
Transition politique vs fragilité économie
Selon le rapport du FMI, la transition politique de la Tunisie a avancé, mais le mécontentement et les tensions sociales restent élevés et l’économie reste fragile dans un environnement sociopolitique complexe.
Des difficultés structurelles, un taux de change réel surévalué et une confiance faible après les attaques de 2015 continuent de peser sur les investissements, note le rapport, rappelant que les chocs exogènes et les dérapages des politiques ont contribué à élargir le déficit du compte courant de plus de 10% du PIB au premier trimestre de 2017.
Les autorités tunisiennes et la mission du FMI ont convenu, ainsi, que la transition économique de la Tunisie nécessite une migration du secteur public vers un secteur privé compétitif en tant que moteur principal de la croissance et de la création d’emplois.
Parallèlement, le pays est confronté à des déficits et des niveaux de dette élevés et croissants, ainsi qu’aux pressions inflationnistes qui affectent de manière disproportionnée les plus vulnérables.
Le FMI recommande une flexibilité de change
Une grande flexibilité du taux de change et un resserrement de la politique monétaire, sont recommandés par l’institution monétaire, pour améliorer le déficit du compte courant externe, atténuer les pressions inflationnistes et augmenter les réserves en devises.
Le FMI préconise aussi des mesures visant à renforcer la santé financière des caisses de sécurité sociale et à créer des filets de sécurité sociale mieux ciblés pour maintenir une protection sociale adéquate et aussi des progrès accélérés avec des réformes structurelles complètes en vue de soutenir une croissance plus élevée et plus inclusive.
Un effort d’ajustement plus fort et davantage de financement seront nécessaires selon le FMI. Compte tenu d’une croissance plus faible et des déficits plus élevés, l’effort d’ajustement jusqu’en 2020 devra être plus ambitieux pour maintenir la stabilité macroéconomique.
Les résultats budgétaires par rapport au mois de mars indiquent que les cibles restent réalistes. En outre, les autorités ont identifié des mesures d’urgence, y compris une réduction des dépenses de 0,4% du PIB, au cas où des transferts plus importants que prévus à la pension des fonds sont nécessaires.
Il est nécessaire, selon le FMI de démarrer une réduction durable du déficit en 2018. “Une importante batterie de mesures réduirait le déficit global à 5,4% du PIB de 5,9% en 2017, et le sous-jacent déficit structurel à 4,3% du PIB de 6,1% en 2017 “.
Des mesures sont aussi nécessaires pour améliorer l’équité en élargissant l’assiette fiscale, en augmentant les taux de TVA sur les services des professions libérales et l’augmentation des assises sur les biens et les services consommés de manière prédominante par les ménages à hauts revenus.
La mission du FMI a souligné la nécessité de cibler les bénéfices financiers, plutôt que les transactions et éviter un impact négatif des impôts des activités financières sur le développement financier.
Une transition économique retardée
Selon le rapport du FMI, la démocratie tunisienne a connu de nombreux défis, mais la transition économique est retardée. L’accroissement durable de l’emploi et du niveau de vie de la jeune population tunisienne ne sera possible qu’en transformant le modèle économique du pays, qui repose sur des niveaux élevés de consommation publique, une charge salariale insoutenables et des subventions à réviser.
Les objectifs assignés pour la Tunisie, dont la garantie de la viabilité des retraites, la protection des ménages vulnérables, tout en accélérant les réformes destinées à améliorer la gouvernance et la promotion d’une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur, ne seraient réalisables sans des systèmes juridiques et réglementaires efficaces qui ne limitent pas la concurrence et ne découragent pas l’activité formelle du secteur privé, estime le FMI.
Selon le rapport de l’Institution internationale, les autorités ont déjà agi pour contenir, bien qu’à un niveau élevé, le déficit budgétaire en 2016 et arrêter sa croissance en 2017.