CIH Bank a noué un partenariat avec Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa avec le groupe à capitaux saoudiens et bahreïnis Dalla Al-Baraka, la Banque centrale populaire avec le groupe saoudien Guidance, le Crédit agricole du Maroc avec ICD, une filiale de la Banque islamique de développement basée à Djeddah.
Lundi, Bank Al-Maghrib (BKAM) a annoncé, dans un communiqué, avoir donné son agrément à cinq banques marocaines pour exercer « l’activité bancaire participative », formulation officielle pour désigner l’activité des banques islamiques au Maroc.
Après avoir analysé « l’actionnariat, la valeur ajoutée au marché marocain, la gouvernance et des risques », le comité des établissements de crédit présidé par le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a validé la création de cinq nouveaux établissements entièrement conformes à la charia, la loi islamique prohibant la stipulation d’intérêts et la spéculation.
Pour la plupart, il s’agit de coentreprises entre des banques marocaines conventionnelles et des institutions financières du Golfe, expérimentées dans ce domaine.
Capitaux du Golfe
CIH Bank a ainsi noué un partenariat avec Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa avec le groupe à capitaux saoudiens et bahreïnis Dalla Al-Baraka, la Banque centrale populaire avec le groupe saoudien Guidance, le Crédit agricole du Maroc avec ICD, une filiale de la Banque islamique de développement basée à Djeddah.
De son côté, Attijariwafa Bank est « toujours en discussion pour un futur partenariat », précise le communiqué de la Banque centrale marocaine. La première banque marocaine est contrôlée à 48 % par la Société nationale d’investissement, le holding de participations de la famille royale. Attijariwafa avait été la première banque à proposer, dès 2010, des produits financiers « halal », via sa filiale Dar Assafaa. Mais l’expérience n’a pas été concluante, à cause d’une fiscalité désavantageuse pour les produits conformes à la charia.
Fin juin 2016, la BAM avait reçu sept demandes d’agrément pour des banques dites « participatives » et trois pour des départements dédiés à la finance islamique au sein d’établissements bancaires classiques.
Pour l’heure, la Banque centrale n’a pas accordé son agrément à deux établissements étrangers qui souhaitaient ouvrir des banques islamiques sans passer par un partenaire marocain. Il s’agit de l’émiratie NBD et de la Qatarie Al-Rayan. En revanche, trois filiales de banques françaises (Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole) sont autorisées à proposer des produits « islamiques » sans créer de filiale.
Le royaume est le dernier pays à majorité musulmane à autoriser des banques islamiques. Une réticence qui s’explique par le souci de ne pas bousculer l’équilibre concurrentiel et la stabilité des banques conventionnelles. Pour certains, le choix de la dénomination « participative », plus neutre, découle de la même logique.
Ces nouvelles banques seront par ailleurs soumises au contrôle du Conseil supérieur des oulémas, seule entité habilitée à autoriser les produits « halal » à laquelle elles devront adresser annuellement un rapport d’évaluation
10 à 20% du système bancaire marocain ?
Selon l’agence américaine de notation Standard & Poor’s, la finance islamique pourrait représenter entre 10 et 20% du système bancaire du Maroc.
En outre, le comité a également donné un avis favorable pour autoriser trois établissements bancaires conventionnels (la Banque Marocaine du Commerce et de l’Industrie, le Crédit du Maroc et la Société Générale) à mettre en place des « fenêtres », autrement dit des départements dédiés à la finance islamique.