Noureddine Bouterfa, PDG de Sonelgaz, demande une augmentation du prix de l’électricité. Il va à l’encontre de la politique de subventions tous azimuts décidée par le président Bouteflika et maintenue par le premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi.
Noureddine Bouterfa se rebiffe. Alors que le gouvernement algérien exclut une révision des prix de l’électricité, le PDG de Sonelgaz a publiquement demandé, mardi, une révision des tarifs, estimant que son entreprise ne peut plus supporter la situation actuelle. « Ce n’est pas possible » de continuer avec les prix actuels, fortement subventionnés, a déclaré M. Bouterfa au cours d’une émission de radio.
« Il faut revoir la tarification actuelle », a déclaré M. Bouterfa, qui appelle à « libérer les prix ». Selon lui, il faut « avancer ce rendez-vous » au terme duquel l’Algérie sera amenée à réviser les prix de l’électricité. « Je demande une augmentation des tarifs », car il y a « des logiques à mettre en place ». Il a appelé les autorités à « se déterminer », en versant une subvention d’exploitation ou en augmentant les tarifs.
Sonelgaz fait face à un déficit de 80 milliards de dinars (800 millions de dollars) par an à cause des prix, qu’elle est obligée de combler grâce à des emprunts. En plus de cet effort, l’entreprise fait face à un pic d’investissement, qui se poursuivra jusqu’en 2017 pour combler le retard. L’entreprise investit 20 milliards de dollars en cinq ans, pour doubler ses capacités et répondre à la demande. C’est un effort « unique » dans le monde se poursuivra jusqu’à 2017. Au-delà, le niveau d’investissement reviendra « à la normale », a-t-il dit.
La qualité de service a un prix
M. Bouterfa justifie les investissements massifs de la période 2012-2017. « L’Algérie a pris la bonne décision », a-t-il déclaré, ajoutant qu’en tout état de cause, le marché algérien représente 1.000 à 1.500 mégawatts supplémentaires par an. Cela justifie certains investissements pour produire les équipements, a-t-il dit.
Mais Sonelgaz « n’a pas la réserve » financière pour répondre à ces objectifs, notamment à cause de la politique des prix. Le coût de revient du kilowatt/heure est de trois dinars hors taxe. Sonelgaz le vend à 2.20 dinars, a indiqué M. Bouterfa. « Ce n’est pas possible de continuer ainsi ». Autre argument pour défendre une augmentation des prix, « la qualité de service a un prix », a-t-il déclaré.
Sans aller dans le détail, il a admis que l’Etat peut avoir une politique sociale en vue d’aider les ménages. Mais une augmentation peut, dans un premier temps, être imposée aux autres clients, qui représentent 20% de la consommation.
Le renouvelable, « ce n’est pas ma priorité »
D’autre part, M. Bouterfa s’est montré très réservé sur les énergies renouvelables, affirmant que les investissements prévus dans ce secteur ne sont pas du ressort de Sonelgaz. « ce n’est pas ma priorité », a-t-il déclaré, affirmant qu’il se préoccupe plus des investissements nécessaires pour répondre aux besoins du marché algérien. Des investissements massifs ont été décidés dès 2012. Cela a déjà permis de franchir le pic de la demande de 12.200 mégawatts cet hiver. Mais il faut aller encore plus loin, pour disposer d’une marge de 20%, ce qui n’est pas encore le cas, a-t-il indiqué.
Sonelgaz se lance aussi dans un vaste projet pour fabriquer ses propres équipements, notamment avec des projets structurants pour fabriquer des turbines. Sonelgaz importe 80% de ses équipements, alors que 20% seulement sont produits localement. Il faut inverser ces chiffres, a-t-il dit.