« Le schiste américain va être la variable d’ajustement du marché pétrolier mondial durant deux ans », estime l’expert.
« Les prix du pétrole vont terminer l’année autour de 58 dollars US », a déclaré lundi, le professeur Mourad Preure lors de son passage à l’émission « L’Invité du Direct » de Radio M.
L’expert en énergie considère qu’en réalité, les anticipations sur les prix du pétrole « sont fondées sur une observation stricte de l’actualité et les jeux d’acteurs ». Il se base pour étayer ses prévisions sur la baisse du montant des investissements dans le secteur pétrolier au cours de ces dernières années.
Il explique le choc pétrolier attendu entre 2020 et 2025 par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), par l’augmentation de la demande sur les énergies fossiles ajoutant que cet organisme international a réévalué la demande pétrolière pour 2017 à 98 millions de barils par jour et à 99,4 millions de barils par jour en 2018.
Le professeur Preure a souligné, d’autre part, que les pétroliers savent que les ressources fossiles du monde entier ne peuvent pas produire plus que 100 millions de barils par jour, ajoutant que selon d’autres données internationales, la production mondiale peut atteindre les 115 millions barils par jour d’ici 2030.
Par ailleurs, l’invité de Radio M a indiqué que « le schiste américain va être la variable d’ajustement du marché pétrolier mondial durant deux ans (2018 et 2019), ensuite il sera intégré aux marchés ». Cette crise des prix du pétrole « est un des éléments de la recomposition géopolitique, actuellement en cours. C’est aussi un argument de négociation pour les différentes puissances », a insisté le professeur Preure.
L’effet Saudi Aramco
L’effet de la chute des prix du pétrole n’a pas épargné les plus grands. L’Arabie Saoudite, plus important membre de l’Opep en termes de production, se retrouve en difficultés financières avec un déficit budgétaire important durant les trois dernières années. Mourad Preure a déclaré qu’il avait déjà prévu que ce pays « va ouvrir le capital de sa plus grande compagnie pétrolière aux investisseurs étranger à hauteur de 5%, parce que sa capitalisation boursière dépend des prix des réserves ».
Cela veut dire que « si le prix du pétrole baisse, les prix des réserves Saoudiennes baisseront, et que les actions de l’Aramco ne coûteront pas cher ». Cet effet va pousser les autorités saoudiennes à « s’orienter vers une politique de défense des prix et non pas de défense des parts de marché ». Et d’ajouter: « Toutes les guerres des prix que l’Arabie Saoudite a menées se sont terminé par des échecs ».