Le recule des investissements dans le pétrole conventionnel et sa raréfaction, ainsi que la non rentabilité du pétrole de schiste pousseraient vers un prix du baril à 200 dollars, selon Amor Khelif, enseignant universitaire, spécialiste des questions énergétiques.
L’annonce du décès du roi de l’Arabie Saoudite, le 23 janvier dernier, a initié une reprise graduelle du prix du baril de pétrole qui est passé de 49,53 le baril de Brent à Londres et 47,30 le WTI de New York, à 56,02 pour le Brent et 50,77 le WTI le 03 février, avant de régresser, deux jours plus tard, à 54.16 $ pour le Brent et 48.45 $ le WTI. Dépasser à nouveau la barre des 50 dollars n’était annoncé par aucune des différentes prévisions qui le donnaient même à 40 dollars pour ce début de mois de février. L’annonce de grandes firmes pétro-gazières internationales, comme Shell, BP, British Gas et Total, de réduire leurs investissements en 2015, ainsi que la grève des raffineries aux États-Unis et la baisse du nombre de plateformes pétrolières en opération aux États-Unis, seraient les causes directes de ce rebond des prix du brut de la semaine dernière.
« Cette baisse des prix de pétrole de plus de 50% depuis le mois de juin dernier, commence à inquiéter et à gêner les producteurs et les grands investisseurs qui soutenaient au départ cette baisse des prix. Même les investisseurs des autres énergies renouvelables et propres revoient leurs projets d’investissement à la baisse, voire, l’annulation de ces derniers, étant donné que c’est le prix du pétrole qui détermine les prix de toutes les autres énergies sur le marché », estime Amor Khelif enseignant universitaire et spécialiste des questions énergétiques.
Les investissements dans le renouvelable freinés
Notre interlocuteur précise que cette baisse drastique des prix du brut « n’est en réalité que provisoire, une parenthèse orchestrée par des politiques géostratégiques exécutées par l’Arabie Saoudite dans le but d’affaiblir les investisseurs du schiste américain et certains pays comme l’Iran et la Russie ». Même si le Royaume Saoudien reste récalcitrant devant les demandes de suppression de 2 à 3 millions de barils par jour (bpj), responsable de la dégringolade des prix du pétrole du deuxième semestre de l’année écoulée, et en dépit du maintien de Ali Al Nouaimi à la tête du ministère du pétrole saoudien par le nouveau roi Salman Ben Abdelaziz, « L’Arabie Saoudite ne pourra continuer à ignorer les appels des pays voisins et des pays de l’OPEP fortement affaiblis par cette chute des prix », ajoute notre expert en questions énergétiques.
Le Ministre Irakien du pétrole, Adel Abdelmahdi, a dit cette semaine que des éléments feront en sorte que les prix du pétrole soient revus à la hausse, et pourrait avoisiner les 60 dollars le baril d’ici la moitié de l’année. Une prévision émise également par le géant français Total, qui le donne à une moyenne de 60 dollars le baril d’ici la mi-2015. Amor Khelif soutient également ces prévisions en estimant que tous « les éléments sont là pour une reprise compte tenu du contexte global et de la raréfaction du pétrole conventionnel dans le marché. Le pétrole de schiste, dont les couts de productions sont exorbitants, n’a pas montré sa rentabilité, et sa durée de vie est de 5 à 6 ans. On sera obligé de revenir au pétrole conventionnel », dit-il.
Le Secrétaire Général de l’OPEP, Abdallah Al Badri, a prévu le 26 janvier dernier un rebond du prix du pétrole à 200 dollars le baril en cas de véritable pénurie de l’offre par manque d’investissement. Une hypothèse très plausible, selon M. Khelif, qui considère que « ce seuil de 200 dollars le baril pourrait être atteint à moyen terme ».