Le manque de visibilité politique et économique en Algérie fait fuir les fonds d’investissement au moment où le pays a tant besoin dans le contexte de la chute des revenus pétroliers et la raréfaction des ressources financières pour l’impulsion de la machine économique.
L’ancien manager de fonds d’investissement à la City de Londres, Kamel Benkoussa, révèle que des fonds d’investissements ont gelé leurs projets ces derniers mois en Algérie. « Le risque politique en Algérie fait fuir les fonds d’investissements », a-t-il affirmé ce mardi au cours de l’émission l’ « Invité du Direct » de la webradio RadioM, estimant que cette perception « récente » des fonds d’investissement est corrélée à la baisse des prix de pétrole, l’état de santé de Bouteflika et des indicateurs économique qui sont dans le rouge, entre autres.
La manière avec laquelle le gouvernement a fait face à la crise du marché pétrolier mondial-en déroute-, avec quelques mesures de la loi de finances 2016, rebute également ces investisseurs. En cette période de raréfaction des ressources financières, le gouvernement a choisi de moins de investir mettant en péril l’économie du pays encore dépendante de la dépense publique.
« Il ne s’agit pas de dépenser plus ou moins, mais de savoir où dépenser et trouver les mesures à mettre en place pour qu’un dollar dépensé puisse ramener 5 à 10 dollars. C’est ça la question », a-t-il suggéré, avant de pointer le manque de prospective du gouvernement qui a installé le pays dans la « deuxième phase de l’impasse » qui est celle de l’endettement.
Sur ce sujet, l’ancien manager des fonds d’investissement à la City estime que la solution du recours au financement des Chinois pour la réalisation des projets d’infrastructure est périlleuse. Il en veut pour preuve l’expérience de certains pays africains dans ce domaine.
Utiliser l’effet de levier des réserves de changes placées en T-Bonds
Il affirme que la contrepartie des Chinois dans de tels partenariats fait multiplier le projet jusqu’à 10 fois son coût initial. « C’est une pratique reconnue des Chinois et c’est de bon guerre », juge-t-il. Et de proposer une solution moins onéreuse sur l’effet de levier que peut offrir une partie des réserves de changes de l’Algérie, à déposer en Bonds de Trésor américain.
Selon lui l’Algérie peut placer 20 milliards de dollars de ses réserves de changes- estimées à 150 milliards -en Bonds de Trésor avec un taux de rendement 3% sur 30 ans et avec lesquels, elle peut obtenir des financements de plusieurs banques internationales de 4 à 6 fois le niveau du placement, pour financer les projets d’infrastructures.
Pour M. Benkoussa, le gouvernement doit prendre des mesures audacieuses et ne plus braquer les regards sur le niveau des prix du pétrole qui ne vont pas décoller de sitôt. « Espérer avoir un baril du pétrole à 80 dollars, c’est de l’illusion », a-t-il dit. Selon ses projections, le cours du baril va se stabiliser dans le 40 à 45 dollars sans pour autant s’installer durablement dans les 20 dollars « parce qu’économiquement le baril de pétrole est indexé à l’inflation qui est au plus bas historique ».
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