Une autorité militaire locale avait interdit de manière intempestive les sorties bivouac pendant le mois sacré.
Une décision surprenante 48 h avant le début du mois de Ramadan, a failli mettre par terre plusieurs agences de voyage à Djanet, engagées avec des centaines de touristes étrangers pour des circuits dans le Parc national du Tassili. La saison touristique du Sahara bat son plein en avril avant les chaleurs estivales. Elle couvre cette année, et les prochaines, le mois du Ramadan pendant lequel les touristes nationaux cessent de voyager, mais pas les étrangers. Un officier de l’ANP, basée au secteur militaire, en charge de la sécurité des touristes dans les différents circuits dans le Tassili a fait savoir à l’association des voyagistes de Djanet que les sorties devaient cesser durant le mois de Ramadan car la sécurité ne serait pas assurée durant cette période. Les professionnels du tourisme de la wilaya de Djanet se sont alors mobilisés, alertant les élus locaux et les autorités centrales sur les conséquences funestes pour le tourisme, si on devait empêcher les groupes de touristes étrangers de sortir de Djanet durant un séjour déjà acheté. Le wali de Djanet avait signé favorablement pour l’obtention des visas de ces groupes pour cette période, selon une procédure d’une complexité bureaucratique hostile à la découverte de l’Algérie. Mais les professionnels du tourisme à Djanet ont déploré son manque de solidarité et de cohérence dans ce bras de fer qui les a opposé à la décision des sécuritaires.
Les agences réagissent
L’enjeu est que plusieurs points du Tassili, au sud et au nord de Djanet, sont sécurisés par des détachements de l’ANP. Les campements de militaires sont installés pour les saisons touristiques. La décision de dernière minute de suspendre ce dispositif obéissait à des considérations de convenances internes à l’armée face aux contraintes du mois de Ramadan. Elle ne tenait pas compte des engagements des agences de tourisme, et de l’Algérie pour faire visiter le Tassili à ces centaines de touristes étrangers qui ont fait le choix de cette destination dans une compétition mondiale acharnée. Les agences de tourisme de Djanet ont fait savoir qu’elles allaient respecter leur agenda de circuits contracté avec leurs clients même sans la sécurité retirée par l’armée, affirmant pouvoir assurer leur sécurité par elles-mêmes dans le périmètre de la wilaya de Djanet.
Le plateau fermé aux étrangers
L’affaire a finalement connu une issue raisonnable après l’intervention de la quatrième région militaire (Ouargla) qui a annulé la décision sécuritaire locale et maintenu le dispositif des campements militaires essaimés sur les parcours touristiques vers le sud (Tadrart) et vers le nord (Issendilene, Tikoubaouine). Le plateau du Tassili (Jabaren, Tamrit, Seffar), lui, est toujours interdit aux touristes étrangers, car non accessibles aux véhicules pour venir y installer des campements militaires. Les voyagistes à Djanet revendiquent la réouverture du plateau, fréquenté sans problème par les nationaux, aux trekkings pour les touristes étrangers, le risque sécuritaire y étant quasiment nul. La saison du printemps aurait pu être compromise pendant le Ramadan. Elle a finalement été sauvée grâce à la combativité des professionnels du tourisme à Djanet et au retour du bon sens chez les responsables sécuritaires. Les voyagistes de Djanet sont mieux lotis que ceux de Tamanrasset. Les autorités interdisent toujours les circuits de bivouacs dans l’immense région du Hoggar, Ramadan ou pas Ramadan.
Samy Injar