Les limogeages dans les postes de hauts fonctionnaires de l’Etat est devenu monnaie courante. Tout l’entourage du président Tebboune semble s’assoir sur des sièges éjectables. A la moindre erreur, une décision de mise à la porte est vite prise.
Depuis qu’Abdelmadjid Tebboune a pris les rênes du palais du Mouradia, les sanctions n’ont pas cessé de tomber sur la tête des hauts fonctionnaires de l’Etat. Que ce soit les ministres, les Walis, les P-DG de grandes entreprises ou de simple cadre moyen, les décisions de limogeages n’épargnent personne. Si les raisons sont, dans la plupart des cas, non évoquées, ils sont par contre souvent liées à un manquement aux « instructions du président » ou à « des erreurs graves ».
La dernière décision de limogeage présidentielle en date, revient à mardi dernier, au cours de laquelle Tebboune a mis fin aux fonctions du ministre de l’Agriculture Abdelhafid Heni. Même si la présidence n’a pas évoqué les raisons de ce limogeage dans son communiqué, il est clair que le contexte actuel qui prévaut dans le secteur stratégique des produits de large consommation, avec la flambée des prix, la spéculation et la rareté de quelques produits, constitue une bonne raison de la mise à l’arrêt du ministre.
Mais cette sanction du ministre Heni était déjà précédée par une autre plus importante qui avait concerné le Premier ministre lui-même, Aymen Benabderrahmane. Au début de ce mois, le Tebboune a mis fin aux fonctions du Premier ministre et a nommé son chef de cabinet, Nadir Larbaoui, à la tête de la formation gouvernementale, qui poursuit toujours son travail, à l’exception des changements survenus dernièrement et qui ont touché trois secteurs ministériels.
Lors du dernier conseil des ministres, Tebboune avait affirmé clairement que les promesses non tenues et les dépenses excessives, sont à l’origine de changement brutal à la tête de l’exécutif.
Cette décision intervient quelques jours seulement après que Tebboune a ordonné à son ministre de l’Intérieur de limoger le wali de Relizane et son chef de daïra ainsi que 3 responsables locaux du secteur éducatif dans le même wilaya. Les raisons de cette décision, selon le communiqué de la présidence, est le « non-application avérée de la loi et des instructions du Président de la République et la découverte de ce qui confirme l’existence de faux rapports qui dissimulent les faits dans la mise en œuvre des programmes de développement ».
Dans cette même série de décisions de limogeage, deux semaines auparavant, le président Tebboune avait signé un décret mettant fin aux fonctions du chef de daira d’Annaba et celle d’El Farrara dans la wilaya de Ghardaïa. Une décision prise à la suite d’une « négligence dans l’exercice de leurs fonctions ». Les tâches qui leur sont assignées et la violation du devoir de réserve », selon un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Des sanctions prises même tard dans la nuit
Outre ces limogeages en série, qui sont devenus presque fréquentes, la plus spectaculaire et celle qui a mis fin aux fonctions de l’ex-ministre de la Communication l’été dernier. Tebboune avait mis fin tard dans la nuit, aux fonctions de Mohamed Bouslemani, qui était à la tête du département de la communication du gouvernement. Une décision qui était en rapport à une fausse information diffusée par la chaine Ennahar et qui concernait une fake News liée à l’ambassade des Émirats-Arabes en Algérie.
Bien avant le ministre de la Communication, le président avait eu recours au limogeage d’un membre de son premier gouvernement, lorsqu’il avait mis fin aux fonctions du ministre des Transports, Aissa Bekkai, en expliquant seulement, dans le communiqué de la présidence, que le ministre mis à la porte, « avait commis une erreur grave ». Personne, à ce jour n’a pu savoir de quelle erreur, s’agit-il.
Mais bien avant Bekkai, une vague de limogeage de ministre avait touché plusieurs d’entre eux, même certain qui n’avait que quelques mois d’installation. Il s’agit du limogeage de l’ancien ministre du Tourisme Hassan Marmouri et de l’ancien ministre des Transports Hani Lazhar, et avant eux du ministre du Travail Ahmed Chaouki Achek, durement limogé après seulement 6 mois à la tête de son ministère.
Ces dures décisions qui ne précèdent aucune mise en garde, avertissement ou ré-encadrement de la part de la Présidence, mettent l’entourage du président sous énorme pression, fragilisant ainsi la coordination des membres du gouvernement et la liberté des prises de décisions par les hauts cadres de l’Etat. Avec ce rythme de mise en fin de fonctions, on pourrait voir tous les cadres dirigeants, ex-ministres, anciens haut fonctionnaires de l’Etat, défiler à la barre du gouvernement. Affaire à suivre.