Les abattoirs d’Alger, bâtiments historiques situés dans le quartier d’Hussein Dey en voie de cessation d’activité, sont en instance d’être classés au patrimoine culturel national, selon un arrêté du ministère de la Culture publié au dernier Journal Officiel daté du 23 mars.
Publié jeudi l’arrêté d’ouverture d’instance de classement des abattoirs d’Alger, « monument historique témoin de la période industrielle de l’Algérie » concerne une superficie qui s’étend sur « 24.000m2 » avec une « zone de protection » de 200m « à partir des limites du bien culturel », définies par le texte législatif. Il interdit toute « construction ou intervention sur et dans les abords immédiats » du site ainsi que tout « autre type d’aménagement » ou de « nouvelle construction » dans la zone de protection, afin de « ne pas gêner la visibilité du monument ». Toute entorse aux dispositions de l’arrêté soumet leurs auteurs aux « sanctions » prévues par la loi n°98-041 du 15 juin 1998 relative à la protection du bien culturel, ajoute-t-on. Datant de l’époque coloniale, le centre d’abattage du Ruisseau compte trois salles d’abattage de 3.250 m² ainsi que des écuries aménagées de 3.764 m² mais qui ne répondent plus aux normes actuelles. Sa fermeture annoncée par les pouvoirs publics avait été reportée dans l’attente de la construction d’une infrastructure similaire en dehors du centre de la capitale.
Un espace dédié à l’art et la culture ?
En septembre 2013, des plasticiens algériens avaient lancé un appel via Internet demandant aux autorités publiques de permettre la création d’un espace dédié à l’art et à la culture en lieu et place des actuels abattoirs d’Alger. Ils souhaitaient, à travers ce réaménagement des abattoirs, créer un « pôle de vie qui valorise les artistes et l’art », et qui offrirait à l’Algérien un espace pour « accéder à la production de ses artistes ». Cet appel qui avait recueilli plus de 700 signatures, visait principalement à faire sortir les arts visuels de la « léthargie » dont ils souffrent dans la capitale, selon ses initiateurs. Cette demande s’inspire d’expériences relevées dans de nombreux autres pays, comme les anciens abattoirs du Testaccio à Rome (Italie) abritant aujourd’hui le Musée d’art contemporain de Rome ou encore le 798 de Pékin (Chine) une ancienne usine d’équipements électriques, réaménagée en village d’artistes tout en gardant sa structure originelle. Outre leur architecture particulière qui semble convenir aux activités artistiques, les abattoirs d’Alger sont proches de plusieurs infrastructures culturelles (Musée des Beaux-arts, Bibliothèque nationale, Palais de la culture, Centre des arts, Jardin d’essai…) et sont desservis par un véritable système multimodal de transport qui les rend facilement accessibles aux visiteurs.